Vie chère au Mali : Le prix du gaz butane n’a pas dit son dernier mot

6

Le ministre de l’industrie et du commerce du Mali Abdoul Karim Konaté doit sortir de son silence pour éclairer la lanterne des consommateurs. Le prix du gaz  butane qui a connu au mois de septembre 2012 une hausse vertigineuse de 40%, n’a pas fini d’inquiéter les Maliens. Au regard de la situation très tendue entre les fournisseurs de gaz et l’Etat, tout porte croire qu’une nouvelle hausse  n’est pas toutefois exclue. En ce début d’année, trois semaines durant, les fournisseurs de gaz ont préféré garder leurs bouteilles dans leurs magasins que de ravitailler la clientèle,  au motif  que l’Etat n’aurait pas honoré ses engagements.

Le prix du gaz butane  vaut son pesant d’or au Mali. En effet, le consommateur observe année après année une augmentation du prix. En moins d’une décennie, le prix pour recharger la bouteille de 6 kilos est passé de 2000 à 2500 FCFA d’abord et  à 3500FCFA ensuite. Et le bout du tunnel n’est pas pour demain.

La récente hausse intervenue le 1er septembre 2012, s’est avérée la plus vertigineuse et plus salée comme le poisson de mer. Elle était de 40% pour tout dire. Depuis quatre longs mois, le consommateur malien est confronté à cette dure et pénible réalité. En clair, il faut donc  dépenser 1000 Francs de plus pour recharger la bonbonne de 6 kilos d’où l’inquiétude des pauvres ménagères et surtout des chefs de familles qui sont les premiers concernés. La solution pour certains d’entre eux est de ranger la bouteille au fond du magasin. C’est justement sans tenir compte du prix du charbon de bois qui grimpe et grimpe.

Toujours au mois de septembre dernier, l’on se souvient encore que le REDECOMA qui regroupe plusieurs associations de consommateurs avait attiré à l’époque l’attention du gouvernement sur la flambée du prix du gaz et l’avait tenu, sans la moindre hésitation, responsable de la dégradation de l’environnement  par l’exploitation excessive des ressources forestières. Mieux, les associations de consommateurs avaient martelé que rien ne justifiait l’augmentation du prix du gaz de 40 %.

Le ras le bol des fournisseurs

L’augmentation du prix du gaz n’a pas dit encore son dernier mot au regard du bras de fer qui oppose les   autorités en charge de la question et les fournisseurs de gaz au Mali. En effet, durant ce mois de janvier 2013, les fournisseurs ont eu à manifester leur ras-le bol pendant trois longues semaines face au département de tutelle qui n’est autre que le ministère de  l’Industrie et du Commerce que dirige Abdoul Karim Konaté alias EMPE. Ainsi, la conséquence logique aura été que le gaz butane était devenu rare à Bamako à l’exception de quelques points de vente. Et ce n’est qu’à partir du 22 janvier que les fournisseurs ont renoué avec le travail. Suite à une promesse de la part de l’Etat ? Les fournisseurs de la Société  Bama Gaz  que nous avons approchés n’ont pas voulu éclairer notre lanterne sur cette question.

 L’inquiétude des consommateurs

Vu ces mouvements d’humeur des fournisseurs  ayant entrainé une pénurie du gaz à Bamako au cours du mois de janvier, les consommateurs craignent encore une nouvelle augmentation qui pourrait être plus salée. Même si cela est loin d’être souhaitable. La peur bleue est là et  trouve sa justification avec l’augmentation sur le prix de la bouteille au revendeur. En effet, la bouteille de 6 kilos qui était livrée au revendeur du quartier  à 3000 FCFA pour un bénéfice de 500Fest désormais livrée au prix de 3200F CFA. C’est dire  que la marge du bénéfice se rétrécie et le revendeur n’aura d’autres chats à fouetter que de procéder à une nouvelle hausse. Les jours prochains nous diront un peu  plus.

Le vol des sociétés gazières

Par ailleurs, les clients sont très remontés contre les fournisseurs qui  ont pris la mauvaise habitude de livrer plusieurs bonbonnes quasiment vides. Que c’est malheureux ! Il ne s’agit point d’un oubli, mais d’une volonté manifeste d’une  fraude bien planifiée. Une petite histoire en guise d’illustration : Monsieur Camara est un chef de famille qui habite le quartier de sébénicoro en Commune IV du district de Bamako est revenu chez son commerçant, trois jours plus tard, avec 2 bouteilles vides de Coumba et de BAMA gaz. C’est inadmissible. Si  le prix du gaz augmente, il y a lieu au moins de bien remplir les bouteilles.

Le chaud sur le prix du gaz n’est ni plus ni moins qu’une bombe à retardement. Il faut agir pendant qu’il est encore temps. Car l’équation pour les Maliens n’est toujours pas facile à équilibrer à cause de la crise qui frappe de plein fouet et les exigences de la guerre.

Devant des factures salées à la fin de chaque mois, il y a lieu de changer d’habitudes. Mieux encore, dans un pays comme le Mali où la lutte contre la déforestation revêt tout son sens, il est donc impératif de tout mettre en œuvre pour que le prix du gaz échappe à l’école de la vaine spéculation.  Si avec la crise l’Etat aura perdu  plus 900 milliards, les pertes atteindront des proportions  inquiétantes avec la souffrance des populations.

Moussa WELE  DIALLO

Commentaires via Facebook :

6 COMMENTAIRES

Comments are closed.