L’Économie malienne, a été fortement ébranlée en 2014. Cela, à cause de la suspension de la coopération financière six mois durant sur les 12 que compte l’année, avec le FMI et les partenaires techniques et financiers, consécutive à des malversations dans l’achat de l’avion présidentiel et des équipements et matériels militaires. Mettant ainsi à nu les vœux du Chef de l’Etat de faire de l’année 2014, année de la lutte contre la corruption.
En effet, dans ses vœux de Nouvel An 2014 au Peuple malien, le Président de la République SE El Hadj Ibrahim Boubacar Keïta, a décrété l’année 2014, année de lutte contre la corruption en déclarant que «nul ne s’enrichira plus illégalement et impunément sous notre mandat, Inchallah». Mais hélas ! L’année 2014 aura été marquée par le scandale du contrat d’acquisition de l’aéronef présidentiel et des équipements et matériels militaires. Les bailleurs de fonds et les partenaires techniques et financiers comme le Fond Monétaire International, la Banque Mondiale et l’Union Européenne avaient suspendu leur coopération avec le Mali pour cause de mauvaise gouvernance due à ce contrat.
Rapport de la Cour Suprême
Ainsi, à la demande des autorités, la Section des Comptes de la Cour Suprême, a dans un rapport de 27 pages, produit en septembre dernier et sans complaisance dénoncé les conditions dans lesquelles le contrat a été exécuté. Pour la Section des Comptes de la Cour Suprême, l’avion présidentiel et les équipements et matériels militaires ont été acquis en violations de toutes les règles comptables en vigueur en République du Mali. En clair, selon le rapport, même si c’est un pôle bancaire qui mobilise les fonds, l’État malien apporte une caution avec une garantie bancaire de 100 milliards de francs CFA. Le rapport a demandé en son temps l’annulation immédiate de cette garantie avant de constater que là aussi, toute l’orthodoxie financière n’a pas été respectée. En somme, sur les deux dossiers, la Cour suprême du Mali demande au gouvernement malien de mettre de l’ordre dans ses affaires.
Rapport du VEGAL
Quant au Bureau du Vérificateur Général, il a, à son tour dans un rapport publié en octobre 2014 et de plus de 200 pages, décelé de graves violations à l’orthodoxie financière. Ainsi, des engagements ont été faits sans crédits budgétaires, comme en témoigne ce passage du rapport qui stipule que ni le protocole d’accord, ni le contrat d’acquisition de l’aéronef ne comportent d’indication budgétaire prouvant la disponibilité de crédit avant leur conclusion.
L’autre hic est que l’avion présidentiel, acquis au frais du contribuable malien n’a pas été immatriculé au nom de l’Etat du Mali mais d’une société privée créée de toutes pièces. Vu ces constats, le FMI et ses partenaires, ont après la suspension de leur coopération financière avec le Mali, demandé que des sanctions soient prises à l’encontre des coupables. Hélas, jusque là rien ! Espérons qu’en 2015 tous les coupables dans cette affaire de la surfacturation paieront pour leurs fautes. A retenir que ici que les renseignements généraux sur le contrat d’acquisition de l’avion donnent les points suivants : Cout Total: 41.250.000 USD dont, 36.750.000,00 dollars US pour l’achat de l’avion, Sky Color: 3.000.000. USD et Compte séquestre : 1.500.000 USD.
Les Institutions de Breton Woods
Pour le Fonds monétaire international qui a achevé le 25 septembre dernier sa mission d’évaluation au Mali, l’intermédiaire utilisé dans le contrat d’équipement de la Défense n’avait aucune raison d’être, si ce n’est de se livrer à des malversations notoires en facturant par exemple 10 000 francs CFA, 15 euros, la chaussette de soldat. Le FMI a aussi découvert que d’autres contrats militaires ont encore été passés pour un montant total : 134 milliards de francs CFA, alors que seuls 34 milliards sont prévus dans le budget malien.
Selon la Ministre des Finances, les coupables seront poursuivis
Avec l’insistance de l’institution financière qui a tapé du poing sur la table, le Conseil des ministres a modifié la fameuse disposition légale qui a permis les malversations. Le FMI a exigé également du gouvernement qu’il annule certains marchés et ne paie pas les montants surfacturés. «Tout cet exercice d’annulation de tous les contrats qui n’étaient pas encore lancés, de limiter les contrats existants à ce qui était livré et annuler tout le reste, de revoir à la baisse les prix des contrats qui sont surfacturés, ça a permis de ramener ce montant de 134 milliards à 57 milliards » a déclaré M. Christian Josz, le chef de la mission du FMI. Les 23 milliards de F cfa restant, plus les 7 milliards correspondant à des investissements d’infrastructures non prévus ont été intégré au budget de l’Etat après une nouvelle modification de la loi de finances après l’annulation de certaines dépenses. Madame Bouaré Fily Cissoko, ministre de l’Economie et des Finances a assuré à la délégation que les coupables seront poursuivis. Ainsi, la mission est parvenue à un accord qui permettra de proposer la conclusion des première et deuxième revues du programme Fec. La bonne nouvelle est tombée le 1er décembre 2014 depuis Washington, le siège du FMI. Dans une vidéoconférence, M. Christian Josz a laissé entendre que la brouille entre l’Institution financière et le Mali était terminée et que le FMI procédera aux décaissements des aides budgétaires suspendues après l’achat de l’avion présidentiel et d’équipements militaires dans des conditions controversées. « Je commence tout de suite par la bonne nouvelle : le FMI va débourser six milliards de francs CFA au titre de l’aide budgétaire pour le Mali» avait fait savoir M. Josz. A retenir qu’en mars 2015, une équipe du FMI reviendra à Bamako avec comme objectif de faire avec rigueur le point sur la situation.
Le bon point, le voyage de Tianjin en Chine
Heureusement, l’année 2014 n’a pas été que toute noire pour l’Economie malienne. A l’invitation du Forum économique mondial, le Président de la République Ibrahim Boubacar Keïta s’est rendu en Chine du 9 au 13 septembre 2014. EL Hadj IBK est rentré de ce pèlerinage les bras chargés de cadeaux, puisqu’en marge du Forum, la coopération sino-malienne a été renforcée, et plusieurs accords et conventions ont été signés. Au total 34 engagements signés pour plus de 5500 milliards de FCFA dans les domaines stratégiques des infrastructures, du bâtiment, du transport, de l’énergie, de l’investissement, des mines, de la technologie, du numérique etc. Ce voyage en Chine restera marqué d’une encre indélébile dans les annales de la coopération sino-malienne et pour cause : la Chine offre au Mali un don sans conditions de 18 milliards de FCFA et 8 milliards de FCFA, plus de 12 millions d’euros de prêts sans intérêts. Des projets ont également été lancés avec plusieurs consortiums d’entreprises chinoises, dans des domaines aussi variés que les infrastructures, l’énergie ou encore les mines. La République Populaire de Chine offre gracieusement à notre pays 600 bourses d’études sur une durée de 3 ans. Elle offre également à notre pays, à titre de don, un centre de formation aux métiers du bâtiment et un centre de formation agricole, la rénovation du Centre International de Conférences de Bamako et la réalisation d’une Centrale solaire de 2KW à Koulouba.
A noter, la réalisation d’une voix de chemin de fer reliant Bamako à Conakry, en Guinée, la construction d’un nouveau pont sur le fleuve Niger dans la ville de Ségou, de plusieurs routes qui permettront de désenclaver des villes, notamment dans le nord du pays, ou encore la construction de sept ports à sec, l’aménagement des berges du fleuve Niger à Bamako, pour un montant de 100 milliards de FCFA La réalisation de la route Bamako- Koulikoro en deux fois deux voies aller-retour et du pont sur le Kayo pour un montant de 52 milliards de FCFA etc. Comme quoi, la coopération entre la Chine, un géant mondial et le Mali se porte bien.
Perspectives pour 2015 : une croissance de 5,6%
En effet, en 2013, la croissance réelle du produit brut intérieur (PIB) s’est située à 5 % contre -1.2 % en 2012. En 2014, elle s’est située à 6,7. Et, selon des sources, elle sera de 5,6% en 2015. L’agriculture, aura en 2015 les 15% du budget national, conformément à la volonté du Président de la République, pour mettre en œuvre le programme d’aménagement de 100 000 hectares, opérationnaliser le fonds national d’appui à l’agriculture, et mettre en place les agropoles. Le secteur minier sera aussi stimulé pour générer des emplois à travers la mise en œuvre du plan de diversification de la production minière, l’adoption d’un nouveau code pétrolier, et la création de l’Ecole africaine des mines. Quant à l’industrie, outre la relance de certaines filières en difficulté, elle verra le démarrage de nombreux projets créateurs d’emplois, notamment la construction d’une cimenterie à Mayel (Nioro du Sahel), l’ouverture de celle de Dio (Groupe CIMAF), ainsi que la réalisation du projet sucrier de Markala, ou encore la mise en place des zones économiques spéciales. Selon un rapport du FMI, en 2015, les autorités maliennes doivent en priorité garantir la sûreté et la sécurité des opérations bancaires dans le nord du pays. En outre, elles doivent entre autres achever la privatisation de la banque du logement (BHM) d’ici fin 2015 préparer d’ici fin février 2015, un chronogramme de mesures afin de mettre en œuvre les recommandations d’une mission d’assistance technique de janvier 2014 du Département des marchés monétaires et de capitaux du FMI pour renforcer la stabilité du système et restaurer la confiance dans le secteur de la micro finance en élaborant un plan d’action détaillé pour la réforme de ce secteur.
Dieudonné Tembely