En réplique à des dénonciations contre la vente de tickets de transport et le prétendu détournement des fonds issus du droit de traversée routière (DTR), le président du Conseil malien des Transporteurs routiers (CMTR) a asséné sa part de vérité. Lui et des membres de son bureau étaient face à la presse hier, à leur siège à l’Hippodrome.
« Aucune loi n’interdit la vente de tickets de transport. Tout le contraire est de l’intox, des manœuvres dilatoires, du mensonge. Les tickets de transport résultent d’une délibération de l’Assemblée consulaire pour faire face aux dépenses de fonctionnement du bureau du CMTR ». A d’entrée de jeu expliqué Youssouf Traoré dit Youssouf Bani, le président du CMTR. Cette sortie est une réaction contre des propos jugés « calomnieux », lancés quelques jours plus tôt, au cours d’une conférence de presse par des anciens membres du bureau du CMTR, qui sont aujourd’hui dans l’opposition. Ceux-ci avaient jugé « illégale », la vente de tickets de transport routier et dénoncé des magouilles et détournements qui l’entourent. M. Traoré s’est par ailleurs inscrit en faux contre les accusations selon lesquelles, son bureau a détourné les fonds du DTR dont l’idée vient encore des transporteurs. Selon lui, le CMTR avait suggéré au ministère des Transports il y a quelques années, la création du DTR. Après quelques années, l’opération a été suspendue faute d’avoir fonctionné dans le sens souhaité. « L’Etat nous doit encore 25 % des fonds du DTR». Malgré tout, selon lui, ses adversaires disent qu’il a détourné cet argent. Le montant qui en est issu, est estimé par certains à 16 milliards et 25 milliards de F CFA par d’autres. « Plusieurs missions de vérifications sont passées nous voir. Rien n’a été décelé comme manquement», a-t-il indiqué.
Mauvais perdant
Youssouf Bani a aussi dénoncé les agissements calomnieux et tendancieux des auteurs de ces informations infondées. Selon lui, « celui qui est à la base de ces fausses nouvelles était membre de l’ancienne équipe où il occupait le poste de 2e vice-président. En plus il est l’initiateur des tickets de transports pour donner des ressources propres au bureau. Puisqu’il a perdu les qualités de membre de transporteur et d’éligibilité, il joue à l’opposant et n’écarte aucune méthode pour discréditer le bureau ». Il l’a qualifié de mauvais perdant et affirmé que le bureau qu’il présidé est issu d’un long contentieux judiciaire qui a connu son épilogue devant la Cour suprême.
Aly Bocoum, l’un des conférenciers et membre du bureau, a ajouté que les tickets de transport sont vendus avec des quittances du trésor public et l’argent est versé dans un compte. « Nous travaillons dans le cadre d’un bénévolat, aucun d’entre nous n’a de salaire ici et nous vivons de notre propre entreprise. Nous travaillons dans l’intérêt des transporteurs », a justifié M. Bocoum et d’indiquer que « ceux qui s’agitent ne sont même pas des transporteurs ». Pour son collègue délégué de la région de Sikasso, Souadou Sanogo, « le comportement des agitateurs s’explique par le fait qu’ils n’ont plus d’intérêt au CMTR pour en avoir été déchu. Ils agissent ainsi après chaque nouveau régime ou la nomination d’un nouveau gouvernement ou ministre ». Le vice-président Yaya Goïta, a de son côté, désapprouvé le comportement de l’ex-président de la commission des finances de l’ancien bureau du CMTR, un certain Malick Diallo, à l’origine des fakes news selon lui. Il a qualifié son agissement de celui d’un mécontent. Sidy Mahamane représentant de Tombouctou, a interpellé l’Etat de faire face à ses responsabilités. « Que l’Etat nous mette dans nos droits en nous payant notre argent (les fonds du DTR) bloqués au trésor », a-t-il.
Pendant près de deux heures, Youssouf Bani et plusieurs membres du bureau national du CMTR ont entretenu la presse sur le fonctionnement de leur organe. Celui-ci a été créé par la loi n°04-040 du 13 août 2004. Il est un établissement public, à caractère professionnel, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Selon son président, au terme de l’article 2 de la loi portant sa création, le CMTR a pour mission, « l’organisation et la représentation professionnelle des transporteurs routiers maliens. Il est chargé entre autres de : donner son avis à la demande des pouvoirs publics, ou formuler des suggestions, de sa propre initiative, sur toute question relative au transport routier, défendre les intérêts des transporteurs routiers, assurer la formation et l’information des transporteurs routiers ». Aux dires de son président, « le CMTR n’est ni une organisation professionnelle des transporteurs routiers, non moins un syndicat ou une faîtière de ceux-ci ».
Abdrahamane Dicko