Vers la désagrégation de l’ANAC – Mali : La passivité coupable du ministre Koumaré

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L’Agence nationale de l’Aviation civile (ANAC) vient de tenir son Conseil d’Administration avec une enveloppe financière estimée à plus de 3 milliards de FCFA, pour l’année 2014, de quoi rêver bon nombre de Maliens pour cette entreprise dédiée à la sécurité des passagers nationaux et étrangers et des aéronefs en destination ou de passage au Mali. Mais l’arbre cache la forêt. Nonobstant cette embellie financière pour la nouvelle année, l’ANAC – Mali vit mal avec un directeur passif, fermant les yeux sur les errements de son directeur administratif et financier Seydou Cissé. C’est le constat accablant fait par un membre du Conseil d’administration.

 

 

Il ressort de son analyse qu’un climat de suspicion règne à l’Agence et qui cache les incompétences et l’amateurisme d’un DAF « maladroit dans la gestion des dossiers ». Pire, la stupéfaction vient du Directeur général, selon un cadre, qui s’abrite derrière le DAF pour « lécher sa babine », avec en toile de fond, l’exclusion et un personnel divisé, laissé pour compte, le tout emprunt d’une atmosphère délétère et de chasse aux sorcières.

 

 

A l’Agence nationale de l’aviation civile, la situation est plus explosive qu’il n’y parait et un doigt accusateur est pointé sur le ministre Abdoulaye Koumaré de fermer volontairement les yeux sur certaines pratiques qui y ont pris corps. Paradoxalement, au département de tutelle (ministère de l’Equipement et des transports), c’est plutôt le Directeur général de l’ANAC qui est soupçonneux d’entretenir des relations fascinatoires avec son DAF à telle enseigne qu’il est indexé de laxisme et de ne pas avoir un droit de regard sur les faits et gestes de ce dernier. Certains vont jusqu’à dire qu’il a été envouté par monsieur Cissé qui se plairait, selon nos sources, à dire que sa nomination ne fait pas l’unanimité et entend envoyer ses détracteurs au supplicier au détriment du travail d’équipe. Cette politique de victimisation aurait fini par embarquer son directeur qui, tel un mouton de panurge, et, au mépris de la bonne morale, le suivrait, selon des cadres.

 

 

Mais, pour comprendre la situation, il faut remonter au coup de force de mars 2012, où une nouvelle équipe a été mise en place. Les putschistes ont profité de la chienlit pour mettre en place des rançonneurs dans les postes juteux pour mieux extraire dans la vache laitière qu’est l’Etat. L’ANAC fait- elle exception à cette règle ?

 

Concubinage à l’interne

 

Preuve, selon des cadres, que le DG et le DAF font bon ménage, c’est l’offre, selon eux, « d’un véhicule de l’ANAC à un élément de l’ex-junte ». Si tel est le cas, l’ANAC est-elle donc devenue une Fondation de bienfaisance ? Sinon lors du dernier conseil d’administration, certains ont noté que l’actuel DAF et évasif et hésitant.

 

 

Sur la gestion des champs de la zone aéroportuaire, un dossier malveillant a été adressé à l’institution de l’aviation civile (nous y reviendrons).

 

 

Quant à l’achat de plusieurs véhicules neufs pour des fins inavoués avec un dossier d’appel d’offres attribué à des amis (les plus méritants ayant été écartés), des interrogations se posent. On a entendu un postulant parler de « mafia » pour qualifier l’appel d’offres.

 

 

Enfin, le diktat du DAF est souvent évoqué avec peu de considération pour ses collaborateurs qu’il confond avec ses ennemis avec la complicité du DG. Dans ces conditions, la collégialité dans le travail est mise à rude épreuve.

 

L’amateurisme du DAF

 

Mis à l’épreuve alors qu’il était intérimaire, le nouveau DAF Seydou Cissé a lancé un appel d’offres dans le quotidien national « l’Essor ». Interpellé par les erreurs graves commises dans l’attribution du marché, le directeur de l’ANAC ferma volontiers les yeux sur cette incartade en le confirmant malgré les interpellations de la direction nationale de la concurrence. Puisque le ridicule ne tue pas… Or, en matière de prise de décision, le droit administratif général est formel : l’agent n’a pas le droit de dire : « je ne savais pas », ce d’autant que la compétence ne se présume pas. Mais nous avons enquêté… La pratique en cours est contraire à l’option actuelle d’IBK qui prône « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ».

 

 

Cependant, au département de tutelle, on apprend que le ministre a voulu éviter l’immixtion dans les affaires de l’ANAC. Toutefois, nul ne sait s’il existe un lien entre l’acquisition d’un véhicule par l’ex-junte et la confirmation du DAF en question malgré les fautes commises. Les débats sont en cours…. Justement, au niveau du département de la tutelle, les langues se sont déliées pour dire que le DG est souvent laxiste face à certaines prises de décisions émanant de la direction financière et que l’attitude du ministre frôlerait aussi la complicité active. Dans l’entourage du ministre, on affirme qu’il est « inutile et indécent de tirer sur l’ambulance ». Alors, doit-on laisser l’ANAC gangrénée par des agissements sentimentaux au détriment de l’orthodoxie de gestion ?

 

 

Aux dernières informations, on apprend que « le directeur veut intervenir afin que l’ANAC retrouve son lustre d’antan ».

Quant au ministre, il veut se conformer à l’excellence prônée par le nouveau président de la République Ibrahim Boubacar Kéita, lui qui a comme vocation « de rendre à César ce qui appartient à César ». Il faut aujourd’hui avoir le courage de s’assumer. Voilà pourquoi le ministre Koumaré entend prendre des mesures salutaires et responsables afin qu’un climat de confiance règne à l’ANAC. Il y va de sa crédibilité.

 

Issiaka Sidibé

 

 

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