Si la nouvelle compagnie aérienne, Air Sénégal, a pour ambition d’être le leader du transport aérien ouest-africain, elle s’y prend pour le moment très mal. En effet, beaucoup de personnes se plaignent depuis des mois des retards accusés par ses vols, de la disparition de bagages et du manque de considération envers la clientèle. Tout le monde se rappelle d’ailleurs, au mois de juin dernier, le coup de gueule de l’ancien directeur régional d’Amnesty International et fondateur d’Afrikajom Center, Alioune Tine, sur le réseau social Twitter. A sa suite, il y a eu beaucoup de réactions, disons des récriminations de voyageurs. Ceux du vol Paris-Dakar de dimanche, 19 décembre 2021, ont vécu la pire des galères, comme pour dire que la situation va de Charybde en Scylla.
Dans son tweet, Alioune Tine déplorait les excuses servies par Air Sénégal aux voyageurs et le manque de considération notoire par rapport au fait que les passagers ne fussent informés qu’une fois sur place. Ainsi disait-il : “Air Sénégal doit absolument faire des efforts pour respecter les horaires qu’il fixe. C’est stressant, chaque fois qu’on prend la compagnie nationale avec des retards intolérables et des excuses au bout des lèvres. Prévu pour 15h35 le vol est reporté à 22h40”. Le pire, c’est qu’il n’a été informé de ce retard qu’à l’aéroport.
Il semble bien que, de l’amélioration, il n’y en a pas car les voyageurs du vol Air Sénégal ayant quitté l’aéroport de Paris Charles De Gaulle pour rallier l’aéroport Blaise Diagne du Sénégal ont vécu le pire : quatre heures de retard ! Sans aucune explication convaincante. Plus grave, c’est même le désordre à l’embarquement puisque les passagers ont dû changer au moins trois fois de porte d’embarquement.
Comme si cela ne suffisait pas, les passagers de ce vol qui devaient rejoindre Bamako par correspondance à partir de Dakar ne décolèrent pas contre Air Sénégal. Ils jurent d’éviter désormais au maximum, à l’avenir, de voyager avec cette compagnie à cause d’un manque notoire de considération envers la clientèle. En effet, après 4 heures de retard à Paris, l’avion a atterri à Dakar, sans un quelconque accueil organisé pour les passagers allant à Bamako, Conakry et Nouakchott, ayant raté leurs vols de correspondance à cause du retard depuis Paris. Ces passagers en transit, comme des âmes errantes, sont restés à l’aéroport de 21h à 0h30, abandonnés à leur triste sort. C’est après qu’on se décidât de les acheminer par bus vers un hôtel à Yoff. Mais ils n’étaient pas encore au bout de leur peine puisqu’il leur a fallu attendre jusqu’à 4 h du matin pour se voir attribuer une clé de chambre. “Tous les passagers, entre colère et désarroi, ont juré de ne plus jamais voyager par air Sénégal dont le personnel ne fournit aucun effort pour calmer les sinistrés”, confie une des victimes. Une fois à destination, à Bamako, c’est la prolongation de la galère avec la disparition des bagages. “Moi je suis arrivé finalement avec une valise de moins. Mais pour certains, sans rien du tout. Il fallait voir la queue interminable pour la réclamation interminable à l’aéroport de Bamako…”. Témoigne un autre passager.
Rappelons que la nouvelle compagnie aérienne Air Sénégal a comme ambition déclarée d’être le leader du transport aérien ouest-africain en s’appuyant sur le HUB régional Aéroport International Blaise Diagne (AIBD). Comme précisé sur son site web, “elle se fixe pour mission de desservir aussi bien des lignes intérieures que des lignes internationales”.
En plus, sur cette même page web, il est affirmé de façon péremptoire : “Air Sénégal est une entreprise dynamique imprégnée de la culture sénégalaise et de l’esprit Téranga. Ses principales préoccupations sont la sécurité, la fiabilité et la qualité de l’accueil. Des principes fondateurs mis au service des clients pour leur satisfaction”. A vrai dire, ce qui s’est passé avec le vol du dimanche 19 décembre 2021, un exemple parmi tant d’autres en ce qui concerne la galère des voyageurs d’Air Sénégal, divorce d’avec les déclarations, surtout qu’Air Sénégal affirme être “une compagnie aérienne d’envergure internationale, Air Sénégal se construit aux normes internationales les plus rigoureuses du transport aériens : sécurité, fiabilité et qualité.”
Rappelons que le Tweet d’Alioune Tine avait suscité, en son temps, beaucoup de commentaires sonnant comme une interpellation des plus hautes autorités du Sénégal. “Quand les nationaux vont ailleurs, tout le monde va dire qu’on ne participe pas au développement alors que le professionnalisme fait partie des créneaux de développement. Patienter de 15h à 22h alors qu’il y a les SMS, les mails et les réseaux…”. Disait un internaute.
Concernant la prestation d’Air Sénégal de plus en plus décriée, la presse sénégalaise s’y est elle-même mise avec ce titre assez évocateur d’un de nos confrères, lundi dernier : “Ça râle et vole très bas à Air Sénégal”.
Si, comme on le déclare, la nouvelle compagnie Air Sénégal est un maillon important dans la construction du “Sénégal émergent”, il est alors temps pour elle de changer de cap car tard vaut mieux que jamais.
Amadou Bamba NIANG