Les apprentis chauffeurs sont la cheville ouvrière du métier de transport des gros engins. Ils assurent le travail physique durant leurs trajets et veillent sur les véhicules pendant le stationnement et les réparations au garage. En apprenant le métier de chauffeur, ils subissent des difficultés qu’ils doivent surmonter avant de devenir chauffeur. La rédaction s’est intéressée aux épreuves que ces jeunes traversent avant d’avoir le sésame précieux « permis de conduire » afin de se lancer dans l’univers du transport.
Le Mali est un pays qui n’ a pas de débouchés sur la mer. Pour s’approvisionner en carburant et en produits divers, le transport devient nécessaire. Ainsi, de nombreux camions et gros porteurs sillonnent quelques pays voisins. Ce qui fait du Mali un pays de transport par excellence. Dans ce secteur, le vécu des apprentis chauffeurs a retenu notre attention. Majoritairement jeunes, ils jouent un très grand rôle dans le domaine des transports.
Assis au milieu de ses autres camarades de travail, Youssouf Traoré, apprenti chauffeur de remorque, a accepté de parler de leur quotidien. Pour lui, le passage d’apprenti est obligatoire. « Ce n’est pas possible de devenir chauffeur de dix tonnes, remorques ou citernes sans faire quelques jours d’apprentissage », a-t-il dit.
Apprendre dans ce milieu exige de la patience et de la persévérance. Il y a des apprentis qui tombent sur des chauffeurs soucieux de leur apprentissage. Par contre d’autres ont la malchance de croiser des chauffeurs qui n’ont aucune pitié pour eux.
Dans son récit, Youssouf Traoré a évoqué les difficiles conditions d’apprentissage. « Les apprentis font face au mauvais traitement du chauffeur et de l’obtention de la ration alimentaire qui varie de 500F à 1000Fcfa. L’apprenti n’est pas payé par mois et il souffre quand le véhicule ne fait pas assez de voyage. La durée d’apprentissage dépend de la conduite du chauffeur vis-à-vis de son apprenti », a-t-il expliqué.
Sur la question, Baba Guindo, ancien chauffeur à l’entreprise SOGEA SATOM, affirme que les difficultés de ce travail sont entre autres l’entretien du véhicule, les changements pneumatiques, la ration alimentaire. Il y a aussi les violences verbales, parfois physiques, de certains chauffeurs envers leurs apprentis. « L’apprentissage peut souvent durer jusqu’à quatre ans. Après, quand tu passes ton permis de conduire tu peux devenir chauffeur. C’est un métier passionnant qui nourrit son homme », s’est-il réjoui.
Les bonnes relations entre les chauffeurs et les apprentis sont bénéfiques pour chaque partie.
Le ressortissant de Ségou, Mamadou Bah, chauffeur de remorque, s’est exprimé sur les conditions des apprentis chauffeurs. Cet habitué de l’axe Bamako-Niono, transporte des produits divers. « Je m’entends bien avec mon apprenti et j’assure sa ration alimentaire de façon régulière en raison de 1000F et parfois plus. Son problème est qu’il n’apprend pas vite alors qu’il est plus âgé que moi. Il n’a pas de salaire en fin de mois », dit-il.
Le jeune routier, une appellation qu’ils utilisent dans leur milieu, nous a fait savoir que ce sont les sociétés de transports qui paient généralement leurs apprentis en raison de 30 000Fcfa par mois. « Les apprentis jouent un grand rôle dans notre travail et les propriétaires des véhicules doivent pouvoir changer leurs conditions de travail », a interpelé le jeune chauffeur.
Le secteur des transports peut, en effet, être considéré comme un catalyseur de la vie économique et assure les fonctions fondamentales de : surmonter les distances pour que fonctionne l’économie ; de développer l’espace économique ; de favoriser l’accès des populations aux services sociaux de base et d’innover l’organisation du transport.
Nouvellement recruté grâce aux bonnes relations de son ancien patron, Ousmane Diarra, chauffeur de remorque, a bien voulu s’exprimer sur son apprentissage. « J’ai fait mes débuts dans ce travail en 2016 et on transportait des marchandises vers le Sénégal. Il y avait une bonne entente entre moi et mon patron. Il était ouvert d’esprit et me donnait régulièrement le volant. C’est grâce à lui aujourd’hui que suis chauffeur et je lui serais reconnaissant », a-t-il rappelé.
De nombreux jeunes sont en train de s’investir dans le transport à l’intérieur et à l’extérieur. Cela leur permet d’apprendre le métier et être à l’abri de plusieurs phénomènes. Pour alléger leurs souffrances, les propriétaires de véhicules doivent augmenter les frais de transport qu’ils donnent au chauffeur. Ce dernier aussi devrait songer à l’apprenti en le mettant dans des conditions acceptables pour apprendre le métier.
En 2013, le document de la politique nationale des transports, des infrastructures de transport et du désenclavement indiquait que la contribution du secteur des transports au PIB national est passée de 3,61% en 2010 à un taux de 5% pour l’année 2013. Toujours dans le même document, le budget moyen alloué au secteur des transports était d’environ 110 milliards de FCFA par an et variait d’une année sur l’autre entre 10 et 15% du budget total de l’État. Toute chose qui montre l’importance qui lui est accordée par le Gouvernement du Mali. Malgré tout, évoque le document, ce budget reste insignifiant au regard des besoins de financement du secteur.
Sidiki Dembélé
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