Vers 09 heures du matin, en ce lundi 25 mars 2013, la population citadine de Bamako s’appretait à vaguer à ses activités habituelles. Même si, ces hommes, femmes et jeunes ont obligatoirement avalé la récente augmentation des frais de transport des taxis et des sotrama (moyen populaire de transport), ils ne sont pas parvenus à digérer cette brutale hausse. Surtout, quelques jours auparavant, les autorités avaient accepté l’augmentation des tarifs d’électricité et de l’eau. Cette montée rapide des prix dans l’ascenseur sociale a donné la nausée à cette population qui a décidé de les vomir sur toutes les grandes artères de Bamako.
Ces hommes et femmes fâchés, munis de gros bâtons et de cailloux, comme notre photo l’atteste, ont alors envahi les grandes rues. Ils arrêtaient les chauffeurs de taxis et sotrama et faisaient descendre obligatoirement leurs clients. Les quelques chauffeurs qui hésitaient ou refusaient de se soumettre à cette loi de la rue subissaient des bastonnades et saccages par les nouveaux patrons musclés de la circulation routière. Ils ne touchaient pas aux véhicules personnels mais perturbaient grandement la circulation par des embouteillages causés lors de leur opération improvisée. Ces gens fâchés agissaient ainsi en plein jour sous les yeux des policiers de la circulation routière qui ne les empêchaient pas de « travailler». Afin d’en savoir plus, pour bien vous informer sur cette circulation contrôlée par de nouveaux patrons intérimaires des artères d’une capitale d’un pays dirigé par un président intérimaire, Option leur a tendu le micro : « Si les autorités ne peuvent pas décider la cessation des augmentations, nous nous pouvons prendre la décision» a lancé cette phrase, un jeune homme costaud pressé de parler, avant l’activation de notre enregistreuse. Nous avons capté la suite de ses propos : « Nous agissons ainsi parce que nous sommes aussi des citoyens dont les droits doivent être défendus. Les prix de transport des sotrama ont été brusquement augmentés. De Sébénicoro à Kanaguiguila, c’est maintenant 175 francs. C’était d’abord 100 francs avant d’être élevé à 125 frans, il y a quelques temps. De Djicoroni para à Kanaguila, c’est entre 200 et 225 francs, il est difficile d’avoir de l’argent. On veut que l’ancien prix soit maintenu, mais ils n’acceptent pas ça. Comme les gens sont sortis et ont marché dans tous les autres quartiers pour interdire cette hausse, nous aussi faisons la même chose ici dans nos quartiers de la commune IV. Nous disons aux transporteurs de descendre leurs clients. S’ils le font, pas de problèmes. Ceux qui tentent de résister, nous confisquons les clés de leurs autos. Si nous laissons les choses ainsi, même si les prix des carburants baisseront, ils ne diminueront pas les frais de transport…Ainsi comment les parents pourront payer les transports des enfants qui vont à l’école», a-t-il expliqué et questionné. Un jeune élève rajoute : « Nous sommes des élèves sans revenu. Ces augmentations sont inacceptables. Il faut qu’ils reviennent à l’ancien prix si non nous montrerons des choses que tout le pays saura…Oui, les policiers étant compréhensifs nous laisse faire. Ils ne veulent pas seulement qu’on blesse les gens ou casse les autos. Mais ceux qui refusent de s’arrêter seront responsables de ce qui leur arrivera»
Lacine Diawara, Option