Transport en commun au Mali : A quand la fin de l’anarchie ?

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En général, ce volet névralgique, nonobstant la louable volonté desdites autorités, n’a malheureusement pas suffi à dissiper le stress des usagers du transport en commun. Les permanentes et interminables interpellations des différents acteurs impliqués l’attestent éloquemment.

Il n’est, à cet égard, pas rare que les usagers, après s’être acquittés de leur devoir tarifaire soient soumis à 1a rude épreuve d’un « laminage verbal » de la part des « chauffeurs » et des usagers non rompus aux véritables souffrances des populations les plus représentatives parce que véhémentement vulnérables.

Ainsi, un vieillard, une femme en grossesse, un éclopé physique, un aveugle et les déshérites de la nature et de l’iniquité sociale demeureront les victimes inamovibles de ces monstres paradoxalement façonnés par le viol juridique que conforte l’absence de toute volonté constructive de l’Etat et des usagers.

Les sièges réglementaires conçus pour douze passagers alignent systématiquement, avec la bénédiction des « apprentis » et l’œil indulgent, bienveillant et délibérément laxiste de leurs patrons, quinze, voire vingt personnes, toutes catégories d’âge confondues.

L’argumentaire généralement développé est d’assurer le pain quotidien.

Le scénario de cette femme en grossesse ou cette personne âgée entrain de s’insérer dans ce triangle rectangle ou autobus (pointu) savamment orchestré par ces apprentis qui juxaposent délibérément les bancs.

Il n’est pas rare qu’un passager soit obligé de mettre ses deux jambes, l’une et l’autre sur deux autres voyageurs qui, par solidarité, acceptent cet état de fait.

Et quand dans ces conditions la personne se voit dans l’impossibilité de mettre sa main dans la poche pour s’acquitter des frais de son transport, elle est sans cesse mise à parti par l’apprenti.

Ce phénomène typiquement malien se manifeste au vu et au su de notre police nationale dont la contribution est connue de tous les usagers.

Sous d’autres cieux, à Dakar par exemple, tout n’est pas rose pour les usagers qui ont cependant la possibilité de bien s’asseoir ou de rester débout. Car là-bas, ce ne sont pas des « pick up » marchandises (504 bâchées) qui transportent  les travailleurs, mais des Renault goélette, des « cars rapides » comme on les appellent là-bas.

Ces Renault, grâce à la disposition adéquate des sièges, ont assez d’espace pour mettre les travailleurs, à la fois, dans les conditions minimum de confort et réaliser de profits nécessaires pour la continuité des services.

Bien qu’ayant les mêmes réflexes que ceux de Bamako consistant à ôter des sièges d’origine pour les remplacer par des sièges « made in Dakar », les chauffeurs sénégalais, en portant leur choix sur des Renault disposent assez d’espace que leurs homologues maliens.

Les chauffeurs de « cars rapides », disposant leurs sièges alignées ou en parallèle dans un rectangle ouvert, donnent la possibilité aux usagers d’être bien assis ou de rester débout si le voyageur pressé le désire.

Ici chez nous, on enlève les sièges d’origine et ont les remplace par des bancs disposés dans un rectangle ou losange ouvert, visant à bien concentrer les voyageurs pour beaucoup de gains rapides.

Une éminente tare sociale s’installe en Afrique

Ici ou ailleurs une tare sociale s’installe. Et il est étonnant à l’heure où le slogan « intégration régionale africaine » reste le maître mot d’ordre, que les travailleurs des pays membres de l’UEMOA, garante de la politique de l’intégration sous-régionale, et à ce titre, susceptible de favoriser l’uniformisation de la réglementation des transports dans les pays membres, n’en aient pas saisi l’institution.

Qu’il s’agisse de Bamako ou de toute autre capitale africaine de l’UEMOA, le transport reste le cauchemar des travailleurs.

Les déplacements massifs des travailleurs vers les capitales africaines le matin, pour reprendre le sens inverse le soir, créent durant ces deux moments de la journée de véritables « bouchons ».

Outre l’insuffisance de l’offre de services dans ce domaine, les chauffeurs des cars et « Sotrama »assurant la liaison essaient de tirer le maximum de profit de la situation.

Quelle solution ?

Il est dommage que le projet sectoriel des transports piloté par le FMI et la Banque Mondiale, appelé encore « projet d’ajustement du secteur des transports (PAST) », dont un des volets vise à restructurer les organismes parapublics de transport et qui a vu la privatisation de Air Mali, n’ait pas pris en compte la spécificité du cas malien en matière des transports en commun et urbain.

Si les deux sociétés privées comme Diarra, Djema, Bani transport bénéficiaient des crédits d’investissement, elles pourraient accroître leurs parcs automobiles et constituer des offres supplémentaires.

Ce qui forcerait les chauffeurs des Sotramas et des « duruni » à améliorer leurs prestations de service.

L’accroissement d’investissement cofinancé par des institutions financières internationales et les banques nationales sous forme de prêts privés à ces sociétés s’avère une nécessité à nos yeux.

Car il peut relever de ce nous appelons « la dimension sociale de l’ajustement structurel ».

Mais disons que la recherche de l’efficacité tant recherchée passe par ce volet d’investissement. Car, comment une économie ou des entreprises peuvent-elles être compétitives et efficaces quand leurs travailleurs arrivent en retard et malades dans des usines ?

 

L.C.

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