Tracasseries routières en Afrique de l’Ouest : La Côte d’Ivoire et le Mali en tête du peloton

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Malgré la sensibilisation et l’implication des autorités compétentes, le Mali reste à la traine en matière de  gouvernance routière. C’est ce qu’indiquent les résultats des enquêtes du 2ème trimestre 2011  de  l’Observatoire des pratiques anormales (OPA) effectuées sur nos axes routiers où le racket au niveau des postes de contrôle est monnaie courante occasionnant des pertes énormes de temps et freine la libre circulation des personnes et leurs biens.
 
Le Grand Hôtel de Bamako a servi de cadre ce mercredi 23 novembre 2011 au lancement d’un guide du conducteur routier au Mali et à la publication du 16ème rapport sur la gouvernance routière en Afrique de l’ouest. C’était en faveur d’un atelier, qui était placé sous la présidence du colonel Mamoutou Keita, haut fonctionnaire de la défense auprès du Ministère de l’Equipement et des transports, représentant son ministre. On notait aussi la présence de Cheickna Traoré, point focal de l’OPA au Mali ; Christophe Bruyas de l’USAID West Africa Trade Hub ; des représentants des forces de l’ordre de sécurité (police, douane et gendarmerie) ; des syndicats des transporteurs et plusieurs autres acteurs venant  des quatre coins du pays.

 Ce rapport présente les informations sur les points de contrôle, les pots-de-vin et les temps de contrôle, recueillies du 1er avril au 30 juin 2011 sur les six corridors de transit suivis par le Trade Hub : Tema-Ouagadougou, Ouagadougou-Bamako, Lomé-Ouagadougou, Bamako-Dakar, Abidjan-Ouagadougou et Abidjan-Bamako. Les camions étudiés sont en bon état, et les chauffeurs et les marchandises en règle. Ce rapport, 16ème du genre depuis 2005, fait ressortir que le Mali occupe la seconde position, au niveau régional, en termes de niveau de pots-de-vin après la Cote d’Ivoire. De même, au niveau de la densité des contrôles et des pertes de temps, seul le Sénégal fait pire que le Mali. Par ailleurs, ce document fait des recommandations aux autorités du pays. Notamment de s’attaquer en priorité aux pertes de temps du contrôle à Kayes, Kati et aux postes de contrôle entre Bamako et les frontières Burkinabé.

Des efforts annihilés au Sénégal
  A l’exception du Sénégal et dans une moindre mesure du Mali, les indicateurs ont entamé au deuxième trimestre une baisse sensible dans tous les pays couverts par l’OPA, révèle le rapport. Toute chose qui donne une lueur d’espoir et est synonyme de changement de mentalité à tous les niveaux.

Selon les mêmes enquêtes, par rapport au trimestre précédent, dont les données sont publiées dans le 15ème rapport, les prélèvements illicites ont légèrement diminué de 6% alors que les baisses du nombre de contrôles et des retards sont plus nettes avec respectivement 27% et 22%. Les perceptions restent largement excessives : un camion en règle débourse ainsi illégalement plus de 42 000 F CFA en moyenne par voyage. Ainsi, le Sénégal perd des points alors que le Togo est en bonne voie. Alors que le Sénégal était dans une dynamique de progrès depuis un an, ce trimestre a vu tous ses indicateurs remonter. Ainsi, au Burkina Faso, l’OPA recommande de fluidifier le trafic à Dakola et de supprimer les postes de douanes entre Ouagadougou et les frontières togolaise et ghanéenne. Au Mali, il faut s’attaquer aux retards occasionnés à Kayes, Kati et aux postes de contrôle entre Bamako et les frontières burkinabè. Au Ghana, l’augmentation des temps de passage à Paga doit être arrêtée.
Au cours de cette cérémonie, un guide à l’intention des  conducteurs routier malien a été lancé dans le but d’instaurer un climat de confiance et de collaboration entre tous les acteurs impliqués dans le transport et le commerce en Afrique de l’ouest. Ce guide est un document d’une dizaine de pages où les bonnes pratiques en la matière sont mentionnées. A noter que    l’Observatoire des pratiques anormales sur les axes routiers est une initiative de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine) et de la CEDEAO (Communauté Economique Des Etats d’Afrique de l’Ouest). Il a été mis en place en 2005 avec l’appui technique et financier de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) à travers le projet West Africa Trade Hub. La publication du prochain rapport est prévue dans trois mois.
Aliou Badara Diarra

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