Les tracasseries routières constituent un véritable frein au développement des échanges entre les pays de la sous-région. Malgré la volonté politique affichée de nos dirigeants, les nombreux postes de contrôle et les barrières non tarifaires érigés sur les routes entravent la libre circulation des personnes et des biens. Si le Togo reste le pays le moins tracassier, le Mali reste toujours le plus mauvais élève de gouvernance routière en Afrique de l’Ouest.
La mauvaise gouvernance routière en Afrique de l’ouest a été au centre d’un atelier national. Organisé par l’Observatoire des pratiques anormales (OPA) qui lutte contre cette situation, ce séminaire de restitution et de diffusion des résultats de son 24ème rapport s’est tenu les 9 et 10 juin à Bamako. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le ministre de l’Equipement, des Transports et du Désenclavement, Mamadou Hachim Koumaré, en présence du commissaire de l’UEMOA en charge du département du Développement humain, notre compatriote Seydou Cissouma, représentant son homologue en charge de l’Aménagement du territoire communautaire et des Transports. Ont pris part à l’atelier les agents des douanes, de la police, de la gendarmerie, des Eaux et Forêts, des services de santé et phytosanitaires, des représentants d’associations de transporteurs, de conducteurs et de la société civile.
Le 24ème rapport établit que, depuis un an, la tendance moyenne des tracasseries sur les corridors couverts par l’initiative connaît une légère amélioration. Le Togo reste le pays le moins tracassier alors que le Mali reste toujours le plus mauvais élève de gouvernance routière en Afrique de l’Ouest, indique le rapport.
Le Burkina Faso suit le Mali comme le pays faisant le plus de contrôle. Des efforts significatifs ont été faits par tous les corps au Sénégal, en particulier la Douane. Par contre, relève le document, en Côte d’Ivoire on observe une recrudescence des contrôles, en particulier de la part de la gendarmerie et de la police. La même tendance vaut pour le Togo.
S’agissant des prélèvements illicites, le 24è rapport de l’OPA note que pendant le 2ème trimestre 2013, le corridor Bamako-Ouagadougou a été celui où les perceptions illicites ont été les plus élevées surtout sur le territoire malien, et ce depuis maintenant plus d’un an. Quant aux corridors Lomé-Ouagadougou et Tema-Ouagadougou, l’ampleur des pots-de-vin y restent inchangés depuis le trimestre précédent.
C’est à Heremakono, à la frontière Mali-Burkina Faso, que les transporteurs paient le plus avec plus de 13 000 F Cfa de prélèvements illicites par camion et par voyage alors que la frontière de Paga au Ghana est la moins chère de la sous-région avec moins de 300 F Cfa par passage. Concernant le contrôle, les corridors Dakar-Bamako et Ouagadougou-Bamako accumulent les plus longs retards avec une moyenne de 5 heures d’arrêt cumulés. L’axe Bamako-Abidjan devient le plus rapide avec moins d’une heure d’attente aux postes de contrôle. La frontière Kidira-Diboli entre le Sénégal et Mali reste la plus longue à traverser avec plus de 2 heures et demie d’attente, et la plus rapide est Pogo-Zégoua entre la Côte d’Ivoire et le Mali, note le rapport qui souligne que les temps de contrôle demeurent toujours élevés au niveau de tous les corridors.
Le ministre Mamadou Hachim Koumaré a exprimé l’intérêt que le gouvernement accorde au travail de l’OPA. « Une route sur laquelle les transporteurs et les chauffeurs sont soumis à plusieurs tracasseries est un investissement perdu. En outre, les tracasseries obèrent les coûts de transport qui sont répercutés sur les consommateurs d’où une accentuation de la pauvreté », a analysé le ministre Koumaré. L’objectif affiché par les autorités compétentes du Mali est d’identifier, d’analyser et de publier sur une base régulière, neutre et impartiale les faits, les pratiques, les irrégularités et les abus constatés sur les axes routiers dans le cadre du transport inter-Etats de personnes et de marchandises », a rappelé le ministre de l’Equipement, des Transports et du Désenclavement. Les corridors étudiés sont Tema-Ouagadougou, Ouagadougou-Bamako via Koury, Ouagadougou-Bamako via Hérémakono, Lomé-Ouagadougou, Dakar-Bamako, Abidjan-Bamako et Cotonou-Niamey. L’observatoire entend bientôt intégrer également l’axe Bissau-Dakar.
Paul N’GUESSAN