Tracasserie routière sur le corridor Bamako-Ségou-Koutiala-Bobo Dioulasso : Quand des policiers et des gendarmes rackettent à ciel ouvert !

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Quand des policiers et des gendarmes rackettent à ciel ouvert

Alerter par plusieurs voyageurs et transporteurs sur le corridor Bamako-Bobo-Dioulasso, en passant par Ségou et Koutiala jusqu’à la frontière à Faramana au Burkina-Faso, nous nous sommes alors donnés la peine d’aller voir à quoi ils reviennent quant ils parlent de pratiques malsaines de ces agents déployés sur ledit corridor. Nos revenons d’un voyage de 5 jours sur un trajet, pas comme les autres.

Pour rappel, il est important de noter que nos dirigeants n’ont manqué aucune occasion pour dire leur volonté de voir lever tous les obstacles à la libre circulation des personnes, des biens dans notre espace commun. Pas plus tard que le 14 mai 2018 à Sikasso les Premiers ministres du Burkina-Faso, Côte d’ivoire et Mali ont procédé au lancement de Zone Spéciale économique (SIKOBO) comme pour signifier leur détermination à réussir l’intégration économique de nos trois Etats. Et, c’est la même préoccupation qui prévaut au sein des Etats membres de l’UEMOA ou encore de la CEDEAO qui sont tous les deux des organisations pourtant citées en exemple en Afrique en matière d’intégration.

Mais à voir de plus près, la réalité sur le terrain est tout autre, rien qu’à observer ce qu’endurent les transporteurs et les passagers sur le corridor reliant les Etats du Mali et du Burkina.

Le trajet que nous avons choisi est Bamako-Bobo-Dioulasso, en passant par Ségou et Koutiala jusqu’à la frontière à Faramana au Burkina-Faso. Ce trajet qui est en train aujourd’hui de supplanter celui de Bko-Sikasso-Heremakono- Bobo Dioulasso pourtant bien connu.

Nous avons pu noter trois grandes compagnies de transports qui font régulièrement la liaison. La compagnie Diarra Transport effectue plus que cinq voyages par jour de Bamako jusqu’à Bobo-Dioulasso avec à bord des passagers Burkinabé travaillant dans les sites d’orpaillages du Mali, du Sénégal et de  la Guinée et aussi des commerçants maliens. Quant à la compagnie BANI, elle fait Bamako/ Accra en passant par Koutiala et traversant le Burkina- Faso transportant pour la plupart des étudiants Sénégalais et Guinéens avec trois départs par semaines (Mercredi, Samedi et Dimanche). Enfin la compagnie SONEF, avec un seul départ quotidien, elle passe par Koutiala et traverse le Burkina Faso jusqu’au Niger.

Pressions et menaces : payer, toujours payer et encore payer !

Le début du calvaire des usagers commence moins de trois heures de route seulement, précisément au poste de contrôle de sortie de la ville de Ségou, où les gendarmes et policiers font payer d’abord à des Maliens sans pièces d’identités 500 cfa. Et pour les étrangers c’est 1000 fcfa même quand ils ont leurs documents de voyages. Il faut payer sinon…. !

Nous continuons le voyage jusqu’à Koutiala, rien d’extraordinaire. Seulement, à chaque poste, l’apprenti ou le convoyeur est obligé de descendre pour remettre 1000 ou 2000 Fcfa aux gendarmes, policiers ou autres douaniers.

Mais le vrai calvaire commence à partir de Koutiala jusqu’à la frontière Burkinabé (Faramana) en passant par le village Koury et le poste de police de Sona (Mali). Dans chaque bus devant continuer la route sur le Burkina Faso, un responsable de la compagnie basé à Koutiala rentre dans le bus avec pour mission de faciliter la traversée.

Dans le bus où nous trouvions, le missionnaire demande à tous les étrangers de cotiser chacun 2000 Fcfa pour les gendarmes de Koury mais personnes ne réagit dans le bus. Arrivé au poste de contrôle de  Koury, des gendarmes encerclent aussitôt le bus, armes en bandoulière et le ton ferme : «descendez ! Vos pièces… ! », Les Maliens se verront remettre leurs pièces sur place et ceux qui n’ont pas de pièces se retrouveront avec les étrangers déjà en file indienne. Dès qu’on appelle votre nom, vous devriez donner soit 500 fcfa ou 2000 fcfa selon le cas ou souvent 1000 FCFA, ça dépend de leur humeur du jour. Les Maliens les plus chanceux se voient obliger de donner 500 Fcfa à 1000 fcfa.

A la fin du racket, nous avons été surpris de voir le gendarme remettre 4000fcfa au convoyeur qui, à son tour, devrait remettre plus loin l’argent à un certain Adama qui est celui qui devrait faciliter le reste du parcours.

Une vingtaine de minutes passée, nous voici enfin au dernier poste malien, c’est Sona. Là, des policiers très excités encerclèrent le bus afin que personne ne leur échappe. Nos pièces sont récupérées sans distinction de nationalités. Et la consigne est ferme : personne n’est autorisée à aluminer son portable. Tous les portables dans les sacs ou dans les poches sinon on se verra, a-t-il lancé. Alors, les étrangers, (Sénégalais, Guinéens et autres) payent entre 1500 et 3000 car à chaque jour son tarif. Les Burkinabé sont obligés de payer entre 5000 FCFA et 2000FCFA ou 1000fcfa mais après d’âpres négociations.

Des témoins sur place, très habitués aux lieux rapportent que par moment, il arrive que des passagers soient emmenés dans une salle soit bastonnés, soit dépouillés de leurs biens. Ce qui, toujours selon les témoins, arrivent souvent avec des Burkinabés de retour des sites d’orpaillage.

Le pire est que même les enfants et les élèves doivent impérativement payer. Au  poste de Sona, Dieu n’existe pas, seulement il faut payer. La séance aura duré plus d’une heure et demie.

Du principe de la réciprocité entre Maliens et Burkinabè

Notre bus prend la direction du Burkina Faso et nous arrivons à Faramana, la frontière, en territoire Burkinabé. Là au moins notre bus n’est pas encerclé, nous descendons pour marcher quelques mètres et atteindre les policiers burkinabé pour leurs remettre nos pièces d’identité. Ils nous invitent à aller s’assoir sous un hangar avant qu’ils procèdent à notre enregistrement. Ici les compatriotes Burkinabé passent sans vérification. Tour à tour, les Maliens et d’autres nationalités sont appelés individuellement à venir récupérer leurs documents de voyage dans un bureau. Certains ont été obligés de donner 1000fcfa pour converger vers les gendarmes Burkinabé postés plus loin et qu’eux aussi vont exiger 1000fcfa.

Quand ce fut notre tour, nous refusons de payer les 1000fcfa. Et ce fût une longue dispute entre moi et les policiers burkinabés. Je leurs fait savoir que les populations membres de l’espace UEMOA sont autorisées à voyager avec uniquement leurs pièces d’identité et ceux de l’espace de la CEDEAO avec le passeport et la carte de vaccination… Etonnés de voir que j’insiste le policier réplique : «Ici au Burkina nous appliquons le principe de la réciprocité. Au Mali, les Burkinabé payent donc ici au Burkina, les Maliens vont payer… Le jour où ils vont arrêter de faire payer les Burkinabé nous aussi nous mettrons fin à cela ici chez nous…. »

A notre grande surprise, le policiers Burkinabé nous montre sur son portable des images d’un jeune Burkinabé battu jusqu’ au sang par les policiers de Sona au Mali pour avoir refusé de payer 1000fcfa. De l’avis du policier burkinabé ce sont les Maliens qui ne respectent pas les textes et conventions de l’UEMOA et CEDEAO relatifs à la libre circulation des personnes et leurs biens.

Après la frontière burkinabé, nous continuons notre chemin jusqu’à Bobo-Dioulasso. Nous traversons quatre postes de contrôle de policiers et de gendarmes qui n’ont fait que vérifier les identités des passagers des bus sans rien demander.

Au retour c’est encore les mêmes pratiques que nous observons mais avec une prime au côté malien et surtout les excès des policiers du poste de Sona, comme à l’aller.

Enquête Réalisé par Bokoum Abdoul Momini  

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1 commentaire

  1. Pas étonnant ces pratiques de nos corps habillés. Ils savent qu’il n’y aura pas de sanctions alors c’est le laisser aller

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