Sortie de piste de l’AIR Bus sénégalais: Les leçons d’un drame

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A l’Aéroport international Bamako-Sénou, il n’y a aucun système de gestion des crises. La sortie de piste de l’Air Bus A320 de Sénégal Airlines le lundi dernier nous l’a démontré.

Lundi, 11 juillet, il est environ 10 heures. Bamako baigne sous une fine pluie. L’Aéroport de Bamako-Sénou aussi. Mais ici, il n’y avait pas que la pluie, des avions aussi. Parmi eux, un de très particulier apparaît dans le ciel et soudain, amorce son atterrissage. C’était le vol BNOO3 de la toute nouvelle compagnie sénégalaise, «Sénégal Airlines». A bord, 110 passagers embarqués à Dakar. Tout était normal, du moins apparemment, avant que les trains d’atterrissage ne commencent à glisser sur la piste trempée. Le pilote a oublié de remettre les gaz lorsqu’il découvrit qu’il allait atterrir en milieu de piste. Le mastodonte, un Airbus 320 refuse d’obéir au commandement du pilote.

Passagers et équipage sont trainés à 200 mètres plus loin du bout de piste. L’avion s’essouffle et s’embourbe. Les réacteurs, gloutons, ont avalé toute la boue soulevée dans la trainée. Le spectacle commence à nouveau. Les acteurs ? Gendarmerie, personnel de la Direction des Aéroports, responsables de l’ANAC, ASAM et les passagers traumatisés appelant désespérément au secours. Tétanisés, les responsables de la compagnie s’ajoutent aux spectateurs. D’ailleurs, ils ne pouvaient presque rien.

Que s’est il passé dans la gestion de la crise ?
Juste après l’accident, la Brigade de la gendarmerie a été incapable de déterminer un périmètre de sécurité. Or, c’est le principe élémentaire en matière de sécurité en cas de crise. Les pompiers, quant à eux, ne disposent pas d’ambulance et les citernes ne pouvaient pas accéder au lieu à cause de la boue. Le pilote a évité de déclencher le toboggan et l’escalier est arrivé péniblement à l’avion pour évacuer les passagers prisonniers du têtu avion pendant plus de 30 minutes.

Pour enregistrer les passagers en détresse, la police a tout simplement perdu ses leçons. Acheminés dans une salle close, ces passagers traumatisés, ont reçu un psychologue étranger, la PDG des Aéroports du Mali, Mme Thiam en personne. Pour consoler ses «patients», elle trouve un remède : «Soyez rassurés, il n’arrivera rien à vos bagages  Dieu ! C’est tout ce qu’elle trouve à nous dire pendant que nous … pas possible !!! » La phrase de cette passagère rescapée se termine en sanglot.

Pendant ce temps, les familles des passagers n’ont aucune nouvelle de leurs frères, sœurs, pères ou mères. Numéro d’urgence ? Que dalle ! Numéro vert ? Aucune idée.

Heureusement que le pire a pu être évité. Pourtant les principes exigent en matière de transport aérien qu’un plan de gestion de crise soit élaboré et mis en pratique de manière à être opérationnel à tout moment.

Pour ce cas précis, il n’y avait qu’à l’ASAM où un Comité de crise qui est opérationnel et alerte. C’est pourquoi, malgré la boue, l’escalier a pu être mis en place. Et l’avion a été tracté jusqu’au parking où il «répondra» de ses actes de «désobéissance à pilote débutant» devant les ingénieurs avant de reprendre du service.

Par ailleurs, il est temps, grand temps que notre pays mette un peu d’ordre dans la sécurité du transport aérien. Les vrais terroristes sont aujourd’hui les responsables de l’ANAC et des Aéroports du Mali.

Les deux patronnes de ces structures seraient mieux au guichet d’une caisse d’épargne. Suivez mon regard !
Abdoulaye NIANGALY

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