La visite au pas de charge mercredi dernier à Dakar du Directeur général de la jeune compagnie aérienne, Mauritania Airlines, Hassan Ould Ely, envoyé Spécial personnel du président Mohamed Ould Abdel Aziz auprès de son homologue sénégalais, Macky Sall commence à livrer ses secrets. Les Afriques livre les dessous du séjour express
Est-ce un début d’embellie dans le ciel sénégalo- mauritanien ? Ou un nouveau deal Aziz- Macky Sall pour corriger les dysfonctionnements de la politique aérienne entre Dakar et Nouakchott ? Beaucoup de nuages avaient brouillé l’axe Dakar -Nouakchott avant l’arrivée au pouvoir du président Macky Sall en mars 2012. Une parenthèse douloureuse à l’époque pour Nouakchott qui contestait le «protectionnisme excessif» des anciennes autorités aéroportuaires de Dakar sur la fixation de la structure des prix sur la desserte aller-retour entre les deux capitales. Le passager devrait débourser la bagatelle de 120 000 ouguiyas à bord de Mauritania Airlines pour un vol de 45 minutes pour se rendre à Dakar.
L’Etat sénégalais campait sur sa position et exigeait l’application de cette tarification pour toutes les compagnies atterrissant sous son pavillon. L’argument servi par les autorités du ministère des Transports aériens est que ce prélèvement était destiné exclusivement aux travaux de l’ouvrage aéroportuaire Blaise Diagne en cours. Après plusieurs mois de brouille, les dessertes avaient repris, au grand soulagement des voyageurs. Mais, le Sénégal continue d’appliquer cette tarification, en dépit de la convention de Yamoussoukoro. Fin décembre 2013, le président mauritanien, informé par l’establishment privé mauritanien, de la galère de ses concitoyens décident de changer la donne. Selon nos informations, l’homme fort de Nouakchott exaspéré de cette tarification câble son homologue Macky Sall pour trouver un nouveau agreement. En quelque sorte, un deal «mark up» dans l’air pour un ciel plus dégagé.
Nouakchott qui veut associer son voisin dans ce nouveau deal dépêche dare-dare à Dakar, Hassan Ould Ely, DG de la compagnie Mauritania Airlines. Reçu par le président Sall, au palais, mercredi 8 janvier 2014, Hassan Ould Ely, est venu vendre aux autorités sénégalaises la nouvelle feuille de route de Nouakchott. Dans le pipe du tête-à-tête, l’urgence de révision des accords du trafic aérien entre les deux capitales et le dossier de Senegal Airlines, remorqué depuis un an, par Mauritania Airlines, qui lui file ses appareils pour desservir la côtière ouest africaine. Le président Sall a pris bonne note. Les discussions devront être engagées incessamment par les experts sénégalais et mauritaniens sur ces points.
La facture salée de Mauritania Airlines :
Selon un document estampillé «Confidentiel», dont Les Afriques avait fait écho dans une de ses éditions, la compagnie Senegal Airlines croule sous le poids de plus d’une quinzaine de milliards f CFA de dettes et cumule des pertes sèches à hauteur de 19 milliards. Mauritania Airlines appelée à sa rescousse sous la forme d’un contrat-leasing à titre provisoire pour la desserte des vols réguliers sur l’axe Dakar-Bamako-Ouagadougou, Niamey, Lomé, Libreville n’est pas rentrée dans ses fonds. Une source proche du dossier avoue que Sénégal Airlines doit près de 2,8 milliards Fcfa à Mauritania Airlines. Jusqu’à présent, les accords du deal autour du contrat leasing liant les deux compagnies n’ont pas fait l’objet de publication. Mystère ?
Nous y reviendrons
PAR ISMAEL AIDARA ( www.lesafriques.com)