A l’approche de l’élection présidentielle, on monte de toute pièce des manœuvres dilatoires pour tromper, duper la vigilance des paisibles citoyens, dans l’espérance de dividendes électoraux. Année électorale oblige. Les Maliens vont élire en juillet prochain, leur 5ème président de la République depuis l’avènement de la démocratie dans notre pays. De ce fait, aucun moyen n’est de trop pour tenter de gagner les suffrages des populations riveraines des rails.
Il nous revient que le président IBK n’a rien fait pour que l’autorail reprenne service. Sa mise en circulation est l’œuvre des cheminots ouvriers de Korofina, conjuguée à la pression des populations riveraines à travers des revendications.
Le président IBK n’a jamais fait montre de volonté pour que le trafic voyageur reprenne. Le mérite revient donc aux bonnes volontés que nous avons nommées plus haut.
Le régime IBK a été insensible à la question ferroviaire sinon qu’il s’est montré incompétent, inactif à la résoudre. Le train qui a repris les rails lundi 12 février dernier, avec à son bord le ministre des Transports et du Désenclavement en direction de Kayes est l’une des deux rames qui a été peinte. Elle n’a pas expédié tous les bagages dans les collecteurs en raison de la présence de l’illustre passager. Ce n’est pas la cause des populations que l’on défend. Il n’est pas inutile de rappeler que les deux rames du train voyageur actuellement en activité ont été achetées du temps d’ATT pour un coût de près de 16 milliards de FCFA. Elles étaient restées immobilisées depuis septembre 2016 jusqu’au 21 décembre 2017. Les intempéries ont fait vieillir la rame, d’où une couche de peinture pour donner un semblant de jouvence. On ne peut pas faire du neuf avec du vieux. En réalité, ce sont de vieux wagons qui sont inadaptés à nos réalités. Les usagers au cours du voyage ressentent beaucoup d’inconfort. Le 21 décembre dernier, l’une des deux rames est sortie à destination de Kita pour un essai. Deux jours plus tard,l’autre rame a regagné Kayes pour son service de routine d’antan. Depuis lors, le train voyageur voyage même s’il y a eu un petit moment d’interruption. Selon nos différents recoupements effectués auprès des acteurs qui craignent d’être cités pour des représailles éventuelles, l’Etat malien n’a jas injecté 1franc symbolique dans la réparation de la rame. C’est une illusion que de croire que le président IBK a tenu ses promesses électorales. Du reste, celles-ci sont comme de la glace sous le soleil.Donc plus d’amalgame ni de récupération. Aucune nouvelle rame n’est venue pour reprendre l’activité ferroviaire. IBK a toujours manifesté son désintérêt par rapport au chemin de fer. La preuve, le train voyageur s’est immobilisé sous son régime depuis plus d’un an. C’est une première dans l’histoire du chemin de fer depuis le temps colonial. Il est inexact de dire que le retour du service voyageur est l’initiative du président de la République. Elle n’a rien à voir avec ce que l’on décrit comme des chantiers du programme d’urgence sociale du président qui ont attendu les dernières heures de vie du régime pour voir le jour alors que les besoins existaient depuis qu’IBK était Premier ministre. IBK n’a jamais su que le chemin de fer existe. C’est sous son règne en décembre 2015 que la convention de concession a été résiliée. Et depuis, le calcaire et la détresse pour les populations riveraines ont commencé. C’est une vérité historique que nul ne peut changer par des manipulations, des slogans creux ni propagande. Les populations riveraines ont été victimes d’une injustice sociale en assistant impuissantes à l’arrêt du train voyageur par manque de volonté politique. Comment se peut-il qu’un service aussi sensible que vital comme le chemin de fer pour les populations riveraines des rails ne soit pas intégré dans le programme présidentiel d’urgences sociales ? Cela dénote d’un manque de considération à l’égard des Kayesiens qui sont assez républicains pour prendre des armes pour revendiquer.
La mise en circulation du service voyageur, il faut le répéter, est et reste l’effort consenti par les cheminots et les populations riveraines. Lesquels cheminots endurent actuellement quatre mois sans salaire.
L’importance du service voyageur pour la région est sans commune mesure dans le développement socio-économique et culturel.
L’arrêt du train autorail a détruit des foyers, disloqué les familles, avec d’énormes dégâts matériels et au pire,des pertes en vies humaines car,les patients n’ont pas d’autres moyens de transport pour leur évacuation vers les centres de santé.
Des promesses non tenues
En voici une promesse sans paternité finalement. Et pourtant, cette promesse faite sous IBK et qui avait fait danser les riverains de Oualia entre les rails annonçait 4 milliards 600 millions pour l’acquisition de nouvelles locomotives et rames. C’est à juste raison que les Toukotois ont posé la question au ministre au cours de son voyage. Ceux-ci l’ont interpellé sur ce montant qui devait servir à acquérir de nouvelles rames. Car, arguent-ils, cette rame est une ancienne recouverte d’une couche de peinture. Le ministre selon notre correspondant à Oualia serait resté assis dans le train pour dire qu’il est fatigué, histoire de ne pas avoir à sortir. Mais vu que les villageois avaient obstrué les voies, il dut descendre pour leur serrer les mains. Finalement, c’est une promesse tenue car, les deux anciennes rames ont précédé IBK.Elles datent de l’ère d’ATT.
Mais faute de nouvelles locomotives, de nouvelles rames, les populations riveraines demandent la réparation des parties les plus dégradées sur la voie pour une meilleure circulation du train voyageur, le paiement des salaires et des arriérés de quatre mois des cheminots, la sauvegarde des emplois des travailleurs, la révision de la politique ferroviaire par l’Etat tout en mettant un observatoire en place qui s’occupera de la gestion du chemin de fer, la continuation du service voyageur jusqu’à Diboli à travers une voie de triangle( le réaménagement de la gare de Diboli).
Cet aménagement permettra l’autonomisation de la circulation du train voyageur à l’intérieur du Mali car, il n’existe que deux files de rails. Le train voyageur constitue la vitrine pour la première région.
Mamadou Sissoko