Réhabilitation du chemin de fer Dakar Bamako : IBK discute à Dakar, les cheminots sont sur le qui-vive

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Après plusieurs reports, le sommet du Nepad sur les infrastructures s’est tenu hier à Dakar. En toile de fond, il s’agira de trouver  les moyens de mobiliser les moyens nécessaires pour financer 16 projets futuristes dont la réhabilitation du chemin de fer Dakar-Bamako. Il y a quelques jours, le président de la République du Sénégal, Macky Sall, annonçait que des investisseurs sont déjà intéressés par le chemin de fer Dakar-Bamako. Mais à quelles conditions ? Demandent les cheminots.
Alors qu’il était prévu du 6 au 7 novembre puis du 13 au 14 décembre 2013, le sommet de Dakar a finalement eu lieu les 14 et 15 juin 2014. Il est organisé par le gouvernement du Sénégal en partenariat avec l’agence du Nepad, la Commission de l’Union Africaine (Ua), la Banque africaine de développement (Bad), la Commission des Nations-Unies pour l’Afrique (Cea) et la Banque mondiale.
Avec ces reports on se demandait même si le sommet de Dakar avait encore un tantinet d’importance, eu égard qu’entre les différents reports, Libreville et Brazzaville ont organisé leur propre sommet. Sans compter le Forum économique mondial sur l’Afrique organisé en début mai par le Nigeria, trois jours avant l’enlèvement des lycéennes de la ville de Borno par le groupe terroriste Boko Haram. Surtout que lors de ce Forum, le Président Macky Sall, en tant que Président du Nepad, a fait un discours – véritable plaidoyer – sur le financement des infrastructures en Afrique.
Des experts estiment que le sommet de Dakar est le prolongement de toutes ces rencontres en ce sens qu’il se veut plus décisif parce qu’il va rechercher les financements nécessaires à la réalisation de certains projets dont la modernisation de la ligne ferroviaire Dakar-Bamako. Ce qui explique d’ailleurs la présence du président IBK à ce sommet, malgré l’absence de plusieurs de ses pairs qui y étaient attendus.
Pour préparer la rencontre des chefs d’Etat d’hier dimanche, des experts africains et des représentants du secteur privé ont planché toute la journée du samedi (la veille) sur le financement des projets d’infrastructures dans le continent. 16 projets ont été retenus par le NEPAD “en raison de leur impact sur la croissance et de leur capacité à attirer l’intérêt du secteur privé “, selon le Premier ministre du Sénégal, Mme Aminata Touré, lors de l’ouverture solennelle de la rencontre des experts.
Il s’agit de 16 projets régionaux d’infrastructures car l’Afrique doit désormais concentrer ses efforts sur cet aspect dans ses orientations politiques afin de booster son développement. En effet, ” le déficit d’infrastructures en Afrique freine son développement ” et entraîne “une perte de deux points de croissance chaque année”, a précisé le Premier ministre du Sénégal.
De son côté, le sous-secrétaire général des Nations unies, Carlos Lopes, à l’ouverture de la même réunion, affirme : ” L’état des infrastructures en Afrique est catastrophique “. C’est sans commentaire !
Dans la foulée de la réflexion des experts, les chefs d’Etat se sont réunis hier pour se pencher sur la réalisation de ces 16 projets. Parmi les projets, on peut citer l’extension du port de Dar es Salam, un gazoduc Nigeria-Algérie, la construction d’un corridor du littoral Abidjan-Lagos, d’un corridor pour l’Afrique du nord, d’un pont routier et ferroviaire Brazzaville-Kinshasa et surtout, en ce qui nous concerne, la modernisation du chemin de fer Dakar-Bamako.
Ce dernier point a certainement motivé le déplacement du Président IBK qui a participé activement aux travaux. Il ne pouvait en être autrement car selon des sources basées à Dakar et proches de la Présidence de la République du Sénégal, la réhabilitation du chemin de fer Dakar-Bamako a été l’un des plus grands centres d’intérêt des entretiens entre les chefs d’Etat des deux pays, lors de la visite officielle du Président IBK au Sénégal il y a à peine deux mois. Il était même décidé, depuis lors, de mettre en place une commission composée d’experts des deux pays pour travailler sur la question et assurer un meilleur suivi du dossier au niveau des partenaires techniques et financiers, dans l’intérêt des deux pays.
Mais jusqu’à présent cela ne rassure pas les cheminots maliens qui ne se consolent plus avec des promesses. Effectivement, la privatisation de cette ligne de chemin de fer leur a laissé un goût très amer. Ils ont été les plus lésés dans la conduite du dossier en comparaison à leurs collègues du Sénégal. Puisque celui qui a été mordu par un serpent a peur d’une simple corde, les syndicats de cheminots du Mali sont déjà sur le qui-vive pour défendre leurs intérêts. En effet, comme dit ce vieux cheminot : ” Lorsqu’on parle de milliards, il y aura toujours de la convoitise de la part des rapaces tapis à l’ombre du pouvoir, mais nous allons barrer la route à toute tentative visant à nous exclure du processus “. A bon entendeur…
Baba DIARRA

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