A peine les rideaux tombés sur le contentieux électoral du Conseil malien des chargeurs, la nouvelle équipe dirigeante conduite par Ousmane Babalaye Daou a su rassembler la crème des chargeurs maliens autour d’un objectif prioritaire, à savoir la diversification de nos voies d’accès à la mer par la signature d’accords de coopération en matière de transport et de transit maritime avec la plupart des pays côtiers. C’est ainsi qu’à l’unisson, sans aucun esprit partisan, plus d’une vingtaine de chargeurs maliens se sont rendus à Nouakchott (Mauritanie) du 5 au 8 septembre 2016 pour une mission de prospection commerciale des opérateurs économiques maliens au Panpa.
Cette forte délégation conduite par Maley Danfakha, chargé de mission au ministère de l’Equipement, des Transports et du Désenclavement, était composé, entre autres, du Directeur commercial de la Cmdt, Boubacar Bah, et du chef de division de la réglementation à la Direction générale des Douanes, Ahamadou Sanogo, tous deux représentants l’administration. Du côté des opérateurs économiques maliens, on notait la présence remarquée des sociétés de production d’engrais à travers Toguna Agro industries et Nioumani-SA, entre autres. Quant aux sociétés agro-alimentaires, elles étaient représentées par la Sodima de Oumar Niangadou, plus connu sous l’appellation de «petit Barou», Gdcm de Modibo Keïta, de Sékou Dramera et de Seydina Aboubacar Bah de Nioro du Sahel. Des transitaires et non des moindres faisaient aussi partie du voyage, en l’occurrence le milliardaire Madiou Simpara, son fidèle collaborateur et non moins le patron de «Wassa transit», Jean Dackouo, le représentant du milliardaire Basseydou Sylla, promoteur de la société «Sylla Transit» qui n’est autre que le célèbre président de l’Equipe des «Onze Créateurs», Sékou Massiré Sylla et enfin Minancourou Daou. Les pétroliers ont tenu aussi à être de la mission à travers Amadou Bathily dit Hadji. Quant au Conseil malien des transporteurs routiers, il était représenté par Ousmane Kamissoko et Adama Kanté. L’Association des revendeurs de véhicules d’occasion (Arvo) était aussi de la mission à travers Zoumana Ladji Doumbia. Ce sont tous ces secteurs d’activités évoluant dans les transports et le transit maritime qui ont accompagné le Conseil malien des chargeurs dans cette mission de promotion du Port autonome de Nouakchott dit «Port de l’amitié».
La présence de cette forte délégation malienne à Nouakchott a contribué à faire fléchir la position des autorités portuaires, administratives et politiques mauritaniennes sur les perspectives et attentes des Maliens pour l’amélioration du transit et du transport routier internationaux de marchandises. Est-il besoin de rappeler que nos opérateurs économiques rencontrent des difficultés sur le corridor Nouakchott-Bamako. Selon le Secrétaire général du Conseil malien des chargeurs, Alkaïdi Arouna Touré, ces difficultés sont, entre autres, les coûts élevés liés aux frais de passage portuaire, notamment la manutention, la main d’œuvre portuaire; la lourdeur des formalités administratives et procédures douanières; le montant élevé des frais d’escorte douanière et TS (Travail supplémentaire); et enfin la multiplicité des points de contrôle. Face à ces difficultés, les chargeurs maliens ont exprimé des attentes fortes à leurs interlocuteurs mauritaniens. Il s’agit, entre autres, de la simplification des procédures douanières, avec réduction des frais d’escorte et du travail supplémentaire; la réduction des points de contrôle, la réduction de la redevance perçue par l’Autorité de régulation au titre des Transports publics de personnes et de marchandises sur les camions et sa suppression au niveau du port (le cas où on assiste à une double perception); le respect des termes du Protocole d’accord de coopération en matière de transports terrestres entre la République Islamique de Mauritanie et la République du Mali, signé le 08 février 2016; l’allègement des postes de contrôle routier, au nombre de 40 actuellement, l’approvisionnement du marché malien en produits pétroliers liquides et gazeux; la création d’un dépôt de stockage des hydrocarbures; la prévision des espaces dans l’enceinte du port pour recevoir les conteneurs à destination ou en provenance du Mali (dépotage pour compenser la cherté des conteneurs); l’examen de la question relative à la gestion de la caution des conteneurs et enfin la mise en place d’un organe de suivi et d’évaluation du développement du corridor Nouakchott-Bamako.
Quant au géant du coton malien, la Cmdt, elle a aussi relaté ses attentes en vue de pouvoir utiliser le port autonome de Nouakchott. Elle voudrait, entre autres, trouver un ou plusieurs partenaires transitaires qui s’engagent à prendre en charge le coton depuis la frontière Gogui jusqu’à rendre sous palan dans les meilleures conditions; d’établir la déclaration Douane «D15» à la frontière à Gogui (régler tous les problèmes liés à ladite déclaration et qui pourraient survenir entre le passage des véhicules du poste de douane des frontières et leur entrée sur le territoire de la Mauritanie); cette D15 sera apurée au fur et à mesure des embarquements; de procéder à la réception et au déchargement en magasin des camions, et stocker en piles de marchandises (balles de coton de 225kg en moyenne) suivant les normes de sécurité incendie; d’effectuer le positionnement et la mise à terre des conteneurs vides et enfin d’effectuer les prestations de dépilage, empotage, pesage, relevage des conteneurs pleins, déclarations douanières et mises à FOB. Les Maliens ont profité de leur présence en Mauritanie pour présenter leur merveille: Ebemi. Il s’agit du système de suivi électronique des véhicules de transport de marchandises. Une pure invention des jeunes intellectuels maliens et qui constitue à n’en pas douter un avantage comparatif pour le Mali. A en croire le Directeur Général d’Ebemi, Abdoulaye Dicko, ce système a été conçu et mis en œuvre par des Maliens. Il est intégré et modulable avec tous les autres systèmes existants dans la sous-région et dans le monde.
Il fera en outre savoir que les différents acteurs impliqués dans la gestion du système sont les services de la Douane, de la Gendarmerie et de la Police. Tous ces échanges ont été suivis par des rencontres B to B entre différents opérateurs économiques maliens et mauritaniens et ont concerné principalement les importateurs dans le domaine agroalimentaire; les importateurs d’engrais; les transporteurs et les importateurs en groupes.
Des résultats probants
On peut affirmer sans se tromper que la mission des chargeurs maliens au Port autonome de Nouakchott dit ‘’ Port de l’Amitié ’’ a été un franc succès. Des avancées significatives ont été enregistrées dans tous les domaines. Concernant les difficultés administratives et douanières, le représentant des Douanes mauritaniennes a rassuré les opérateurs économiques maliens que les formalités douanières peuvent démarrer dès que le navire quitte le port d’embarquement. Selon lui, ces formalités seront remplies avant l’arrivée du bateau en vue du Transit des marchandises dans les 24 heures. Quant à la fixation des frais d’escorte de façon forfaitaire avec les opérateurs économiques maliens, il fera savoir que des tarifs préférentiels seront accordés prioritairement aux Maliens. En ce qui concerne le dépotage, le représentant des Douanes mauritaniennes rassure que des efforts seront consentis par la partie mauritanienne. En outre, le Port autonome de Nouakchott s’est engagé à mettre à la disposition du Mali un terrain pour le dépotage.
De son côté, le Patronat mauritanien s’engage à participer à la mise en valeur dudit terrain, s’il en était besoin. Par rapport au système Ebemi, le représentant des Douanes s’est dit intéressé à plus d’un titre. Dans ce cadre, des dispositions seront prises pour nouer des contacts avec les responsables de cette société. Les douanes maliennes, quant à elles, ont pris acte de l’espace dédiée au dépotage mais insistent sur la mention des références de conteneurs dépotés sur les documents d’accompagnement du camion afin de faciliter la traçabilité. Sur le plan du cadre institutionnel, il a été convenu de mettre en place un organe au Mali et en Mauritanie, composé des différents acteurs de la chaîne logistique et chargé, entre autres, de la gestion de transit des marchandises et des difficultés relatives au corridor Nouakchott-Bamako. Cet organe qui s’occupe également du suivi et de l’évaluation des engagements pris sera dirigé par le Conseil malien des chargeurs au niveau du Mali et la Fédération des transporteurs, côté mauritanien. Des points focaux ont été désignés dans les deux pays pour le suivi des problèmes qui se poseraient au niveau du corridor Nouakchott-Bamako: Ousmane Babalaye Daou pour le Mali et le Directeur du Port autonome de Nouakchott, Hassena Ould Ely, pour la Mauritanie en ce qui concerne les aspects administratifs. Pour l’exportation du coton Cmdt, les autorités portuaires de Mauritanie ont pris l’engagement de faire parvenir aux responsables de la Cmdt les cotations, les offres tarifaires concernant les opérations de transit dans les meilleurs délais pour permettre à la compagnie de prendre une décision avant le démarrage de la campagne cotonnière. Il a en outre été convenu de la mise aux normes sécuritaires des magasins devant accueillir le coton. Les partenaires rencontrés ont permis de mettre tout en œuvre pour répondre aux exigences de la Cmdt dans les plus brefs délais en créant les conditions nécessaires pour la prise en charge du coton depuis la frontière Gogui jusqu’à rendre sous Palan.
Toguna Agro-industrie donne le ton
Quelques jours seulement après la mission de promotion du «Port de l’amitié» qui a eu lieu du 5 au 8 septembre 2016, le champion de l’engrais au Mali, Seydou Nantoumé, est en passe de tester la bonne foi des autorités portuaires mauritaniennes. Sa société, Toguna Agro-industries, vient en effet de faire passer par ledit port 15 000 tonnes d’engrais. Comme convenu, la réception dudit colis se fera en grande pompe à Gogui lors d’une cérémonie organisée par le Conseil malien des chargeurs. Toguna Agro-industries rejoint ainsi le milliardaire Madiou Sympara et pourquoi pas Sodima de Oumar Niangadou, Trésorier général adjoint du CMC, qui n’a cessé de multiplier les contacts avec ses homologues mauritaniens tout au long de la mission.
Birama FALL
Envoyé spécial à Nouakchott