Problèmes sécuritaires à l’aéroport Bamako-Sénou :Une mission internationale d’inspection atterrit

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Quelques jours seulement après la ténébreuse affaire du «fou» en cabine de pilotage de la compagnie Air Algérie, une mission miliaire internationale d’inspection vient d’effectuer un très discret atterrissage à l’aéroport international de Bamako-Sénou. Objet de la visite ? S’assurer de la fiabilité du dispositif sécuritaire en place.

En effet, le mercredi dernier, une bien curieuse mission d’inspection aurait débarqué avec «torches» et «microscopes» à l’aéroport international de Bamako-Sénou pour inspecter le dispositif sécuritaire des lieux dans le cadre de la lutte anti-terroriste. En plus de la Direction des Aéroports, le Commissariat et la Brigade de gendarmerie ont effectué une visite guidée avec leurs hôtes du jour.

Selon nos sources, la mission constituée d’une dizaine d’agents d’apparence militaire, serait d’origine américaine. Mieux, confirme une autre source, il s’agissait d’une délégation de la Cellule anti-terroriste de la Maison Blanche. La très discrète délégation avait pour mission de vérifier l’efficacité du dispositif sécuritaire de notre Aéroport qui s’arroge «fièrement» les privilèges d’un Aéroport moderne. Même si quelque fois, psychopathes et bêtes, ânes et chiens errants (pour être les plus têtus) s’y livrent régulièrement en spectacle.

Peut-on dire que notre Aéroport est à l’abri d’une aventure terroriste ? Notre Aéroport répond-il aux normes internationales en vigueur ? Les services administratifs et juridiques jouent-ils leur rôle ? Les services de sécurité sont-ils suffisamment vigilants ? Rien n’est moins sûr. En tout cas, pour les Américains et les Européens dont les intérêts sont les plus visés par la nébuleuse AL QAÏDA et son rejeton AQMI. Pourtant, à toutes ces questions, la CIA, la DST et d’autres «temples» de renseignements européens veulent des réponses limpides.

Les raisons de cette active curiosité des services de sécurité américains, sont liées aux récentes menaces qui auraient été adressées aux autorités américaines par la branche maghrébine d’Al-Qaïda. Rappelons que la représentation diplomatique américaine avait lancé, il y a peu, un appel à la prudence adressé à ses ressortissants sur le territoire malien.

Cet appel a été suivi de celui de la France qui est toujours en vigueur.
Le message vidéo qui vient d’être diffusé sur les ondes des médias européens par les ravisseurs d’Arlit au Niger, vient ajouter sa part de frayeur aux ressortissants européens dans la zone sahélo sahélienne.

Dans la réalité, notre zone commune avec l’Algérie, le Niger, la Mauritanie et le Maroc qui se prolonge jusqu’en Tunisie, s’avère être une bande infestée par de redoutables candidats au suicide. Les terroristes d’AQMI.

En effet, ces «voleurs de toubab» n’ont malheureusement pas qu’un seul mode d’action. Attentats à la bombe, colis piégés, attentats suicides, guérillas, entre autres, sont devenus des modes d’action courants qui échappent très souvent à la vigilance des polices les plus performantes et les mieux équipées du monde. Le dernier spectacle macabre de Marrakech, vient d’en rajouter à notre paranoïa et de faire exploser le thermomètre de tension de la très fragile monarchie chérifienne.

Face à cette lourde situation qui domine désormais tous les débats au plan mondial en termes de sécurité, notre pays n’a que de piètres moyens de résistance, même si par la force des choses nous sommes devenus un pays d’abris pour certains bandits de l’ex GSPC (Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat.)

Conscient de l’inefficacité de ses maigres moyens, le Mali n’a jamais cessé de «crier» au secours, mais sans aucun résultat rassurant. Les timides réactions des partenaires américains et européens n’ont malheureusement pas permis à notre pays de se doter de moyens adéquats pour faire face à la terrible jungle d’AQMI. La preuve, c’est que le téméraire voyou pompeusement qualifié de terroriste d’AQMI a réussi à jeter des «babioles» à l’Ambassade de France avant d’être trahi par ses jambes. Il a été vite cueilli par de simples passants et remis aux policiers.

Cette action a démontré toutes les limites du dispositif sécuritaire des lieux. Les cameras de surveillance, la brigade privée de Sécurité et les agents de la police nationale n’étaient plus que de «vulgaires meubles» au moment des faits. D’ailleurs qu’auraient ils pu faire si le «plaisantin» s’avérait être un pro ? Rien.

Dans le cas spécifique des Aéroports du Mali, la situation sécuritaire est très rudimentaire et très problématique. Ici le problème est d’abord structurel.

Que se passe-t-il ?
Au Mali, le rôle des policiers affectés sur les lieux est mal défini.

En effet, dans la plupart des pays au monde, au lieu de simples éléments du corps de police, c’est une brigade spéciale qui est chargée de la sûreté et de la sécurité, car il s’agit d’un domaine spécial dont la complexité n’est plus un doute. Ici, les plus hautes autorités policières ignorent tout de la spécificité du contrôle en matière de transport aérien. Le patron du Bureau Interpol Mali ne nous démentira pas. Il a failli rater son invitation sur Kigali au compte du FBI pour défaut de visas. Aussi élémentaire que cela. En réalité, les agents affectés à l’aéroport n’ont généralement aucune idée du transport aérien. De la circulation routière, ils y sont affectés sans aucune formation, tout comme les gendarmes qui pourront péniblement vous décrire un avion. Le contrôle documentaire dont la responsabilité est confiée à une société privée, SECURICOM, semble ne rien dire aux forces de sécurité en service sur les lieux.

Il y a donc une véritable fracture entre les différents intervenants à l’aéroport de Bamako-Sénou en matière de sécurité. Une fracture à combler et à tout prix !
Abdoulaye Niangaly

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