Face à l’état de dégradation avancée des routes et au déficit constaté des ressources financières, le Ministère des Transports et des Infrastructures, à travers l’Autorité Routière, a entreprise certaines actions dont la révision du mode du péage conformément aux normes internationale et dans l’espace communautaire de l’UEMOA.
L’Autorité Routière participe à la mise en place d’un mécanisme de financement pérenne et suffisant de l’entretien routier. A ce titre, elle est dotée d’un Fonds Routier de 2ème génération dont les ressources se fondent essentiellement sur la commercialisation du service de la route. Ainsi, l’usager paie pour le service que la route lui rend en contribuant à son entretien.Par ailleurs, dans le souci de la protection du patrimoine routier du Mali, le Gouvernement du Mali a décidé en accord avec ses partenaires techniques et financiers, la construction des postes de pesage sur le réseau routier bitumé. A ce titre, l’Autorité Routière est la principale structure chargée de la lutte contre la surcharge routière à travers la mise en œuvre des dispositions du Règlement N°14/2005/CM/UEMOA relatif à l’harmonisation des normes et des procédures de contrôle du gabarit, du poids et de la charge à l’essieu des véhicules lourds de transport de marchandises dans les Etats membres de l’UEMOA, du Ghana et de la Guinée .
Le département des Transports et des Infrastructures, en droite ligne de la politique de mobilisation des ressources en vue du financement de l’entretien routier, relève que le paiement de la redevance péage en cours actuellement, contribue à hauteur de 4 milliards de FCFA par an, soit seulement 10% du budget annuel consacré à l’entretien routier. Les besoins de plus en plus croissants en entretien routier, évalués à plus de 100 milliards F CFA par an, ne sont couverts qu’à 20% par les fonds d’entretien routier; Toute chose qui a pour conséquence l’augmentation exponentielle desdits besoins d’entretien routier.
Face à l’état de dégradation avancée des routes et au déficit constaté des ressources financières, le Ministère des Transports et des Infrastructures, à travers l’Autorité Routière, a entreprise certaines actions dont la révision du mode du péage conformément aux normes internationale et dans l’espace communautaire de l’UEMOA.
En effet, à l’issue de la trente – quatrième (34ème) session ordinaire du Conseil d’Administration de l’Autorité Routière tenue le 27 juin 2019, les administrateurs avaient recommandé l’application du mode opératoire par passage en matière de paiement de la redevance péage. Ainsi, l’usager paye la redevance autant de fois qu’il traverse un poste de péage et non de voir prolonger la validité d’un ticket pendant 24 heures pour les véhicules légers et 72 heures pour les camions poids lourds. Ce mode de paiement, qui est une disposition du schéma directeur d’implantation des postes de péage et de pesage au Mali, a été adopté par le Gouvernement de l’époque. Aussi, à travers une communication verbale, le Conseil des Ministres, à sa session ordinaire du mercredi 19 février 2020, a entériné ce mode de perception de la redevance péage.
Il faut signaler qu’il ne s’agit pas d’un nouveau système de péage mais de l’application des dispositions des arrêtés interministériels n° 08-1388 à n°08-1397 du 14 mai 2008 qui ont créé dix (10) postes de péage et fixé les taux du péage perçu à chaque passage des véhicules assujettis au paiement du péage, en fonction de leurs catégories. Depuis 2008, les taux n’ont pas changé. La perception par passage a été différée jusqu’en 2021. Il a été mis fin à cette situation suivant une délibération du Conseil d’administration de l’Autorité routière, présidé par le Président du Conseil Malien des Transporteurs Routiers et comprenant en son sein les chargeurs et les transporteurs professionnels, une autorisation du Conseil des Ministres du 19 février 2020, ainsi que les communiqués successifs du Ministre des Transports et des Infrastructures.
Après plusieurs reports, l’application de la tarification par passage au poste de péage a commencé le 1er mars 2021 sur toute l’étendue du territoire national, avec une dérogation accordée aux minibus « SOTRAMA » dont le paiement a été révisé à 2000 FCFA par jour et par poste.
Il faut souligner que l’application de la mesure a fait l’objet de plusieurs campagnes de communication et de sensibilisation depuis 2019 avant son entrée en vigueur.
Par ailleurs, dans sa politique de communication et de sensibilisation des acteurs concernés par la mise en œuvre de cette activité, en dépit des multiples rencontres organisées à l’occasion par le département de tutelle, il a été instruit à l’Autorité Routière de poursuivre tout en intensifiant la campagne de sensibilisation à travers une large diffusion sur les différentes antennes de l’ORTM et des radios privées, dans le quotidien national L’ESSOR et les journaux privés de la place.
Rappelons qu’avec un réseau routier de près de 25 000 Km constitué de 6 000 km de routes bitumées et 19 000 km de routes en terre, le Mali est l’un des pays de la sous-région, qui ait beaucoup investi dans la construction des infrastructures routières durant ces 20 dernières années. Malheureusement, ce grand patrimoine routier souffre d’un manque de soutien financier conséquent pour son entretien. Et, pour les partenaires du Mali, sans mécanisme d’autofinancement de l’entretien routier, ils ne financeront plus la construction de nos routes. Il faut donc consentir des sacrifices pour respecter le principe du péage par passage, comme effort collectif de soutien au désenclavement du pays.
Bruno D SEGBEDJI