La circulation à Bamako est, comme chacun peut le constater, marquée par une forte présence des engins à deux roues dont la cohabitation avec les automobiles n’est pas toujours aisée. C’est ainsi qu’il a été décidé de construire des pistes cyclables le long de certaines grandes artères. Cette séparation devait permettre de réduire considérablement le nombre des accidents sur les voies qui en sont pourvues. Ainsi, sur l’avenue de l’UA par exemple, les motocyclistes ont cessé de disputer la chaussée aux automobilistes et on ne voyait plus (ou presque) de motos en train de slalomer entre les voitures.
Si la mesure a été unanimement saluée, son application ne se passe pas sans problèmes. En cause principalement : l’état défectueux des pistes cyclables que les engins à motos doivent emprunter obligatoirement. Aujourd’hui les pistes de l’avenue de l’UA, construites en 1998, sont à peine carrossables.
Le directeur général du service des données routières (SDR), Almaïmoune Maïga, le reconnaît sans difficulté et explique que ces pistes cyclables ne bénéficient pas d’entretien périodique. « Les motos qui les utilisent, dépassent largement le nombre prévu. Ce qui fait qu’aujourd’hui, ces pistes ne sont plus adaptées », souligne notre interlocuteur qui rappelle la nécessité d’effectuer un entretien périodique des voies.
En fait, à l’exception de l’avenue de l’UA toujours citée lorsqu’il est question de pistes cyclables, celles-ci n’existent presque pas à Bamako. Les axes principaux doivent pourtant en être dotés pour éviter les frictions entre motos et automobiles, sources fréquentes de drame. Très souvent la responsabilité des accidents incombe malheureusement aux conducteurs de motos qui, au mépris du danger, font fi des règles élémentaires de la prudence sur la route.
Ce n’est cependant pas le cas du sexagénaire Hassèye Traoré qui pointe l’imprudence et l’impatience de certains jeunes conducteurs de motos. Le vieil homme pilote sa monture avec prudence, conscient du danger de rouler à tombeau ouvert. « Je ne suis pas pressé. Je sais que je vais arriver tôt ou tard chez moi », assure-t-il. Pendant notre entretien, un jeune conducteur effectue sous nos yeux une manœuvre dangereuse pour faire un dépassement. « Ils circulent un peu n’importe comment sans tenir compte de l’étroitesse des pistes. Ils doivent conduire doucement, mais c’est loin d’être le cas », regrette le vieux Traoré qui juge que les conducteurs d’automobile ne sont pas non plus respectueux du code de la route. « Ils respectent rarement les panneaux de stop», constate-t-il ainsi.
PARCOURS DU COMBATTANT. Hassèye Traoré déplore surtout l’état défectueux du ruban de bitume qui ne cesse de faire des victimes parmi les motocyclistes. « Emprunter les pistes cyclables est un pari dangereux. On ne peut même pas estimer la gravité de l’état actuel des pistes. Je viens actuellement de Lafiabougou. J’ai vu trois accidents. Chaque jour des motocyclistes sont victimes d’accident », déplore-t-il.
A quoi servent donc les pistes cyclables si elles fonctionnent à contre-emploi et contribuent à multiplier les accidents ? La vie des motocyclistes est mise en danger, les motos sont endommagées. La situation est telle que certains conducteurs d’engins à deux roues bravent l’interdiction de circuler sur la chaussée.
Ousmane Fofana, la trentaine, est un chauffeur professionnel qui est amené très souvent à emprunter une moto pour faire ses petites courses. Il est intarissable sur l’état actuel des pistes cyclables. « Les pistes cyclables ne sont pas bonnes. On en a marre. Les motocyclistes qui sont pressés, montent sur la chaussée. Ce qui cause très souvent des chocs, des accidents. Les autorités doivent aujourd’hui trouver une solution pour qu’on puisse circuler à l’aise. Cela va diminuer les accidents. Il faut, si possible, élargir les pistes cyclables », suggère-t-il.
L’état des pistes cyclables s’est terriblement dégradé en cette saison des pluies. Les eaux des caniveaux débordent après les fortes pluies et inondent les pistes cyclables et même la chaussée. Certaines artères de la capitale se transforment, par endroits, en rivière après la pluie. Conséquence : la chaussée est parsemée de nids de poule. Du coup, circuler sur certaines portions de route, relève du parcours du combattant aussi bien pour les automobilistes que pour les motocyclistes.
« L’eau endommage les pistes cyclables. De novembre à mai, il y a moins de problème que pendant l’hivernage. En effet, nous ne curons les caniveaux qu’une seule fois par an, au lieu de deux, pour faciliter l’évacuation des eaux de pluie. Nous reconnaissons donc qu’il y a une forte insuffisance en termes d’assainissement des routes. Les conséquences sont donc grandes. Et on est conscient de l’insécurité dans laquelle roulent les usagers », admet Almaimoune Maiga qui explique cette situation par le manque de ressources financières. « Ce n’est pas la volonté qui manque, mais c’est le budget de l’Autorité routière qui est insuffisant », regrette-t-il.
Notre interlocuteur révèle ainsi que pour la période de 2008 à 2012, les besoins exprimés étaient de 18 milliards pour les entretiens courants et 30 milliards pour les entretiens périodiques. Mais c’est seulement la moitié des besoins exprimés qui a été satisfaite.
L’inondation des routes pendant l’hivernage n’est pas due qu’à des défauts de construction. Le comportement de certains citadins n’est pas sans reproche. Nombre d’entre eux profitent de la pluie pour déverser leurs déchets solides et liquides dans les caniveaux. Les conséquences de ces actes peuvent être graves lors que l’évacuation des eaux s’en trouve bloquée. Le directeur général du service des données routières pointe aussi ces mauvais comportements. « Les riverains, de près ou de loin, ont leur part de responsabilité. Les ordures sont déversées dans les eaux de pluie. Ce qui remplit rapidement les caniveaux qui n’arrivent plus à drainer les eaux », déplore-t-il, estimant que le changement de comportement est plus que nécessaire pour réduire les accidents de la circulation.
Des statistiques établissent que 60% des accidents de la circulation impliquent les engins à deux roues, en l’occurrence les motos, et que 50% des victimes sont des adolescents. Les pistes cyclables sont indexées dans ce phénomène car elles ne sont pas aux normes internationales.
La police nationale a déjà souligné, en avril dernier, que les accidents de la catégorie auto-moto ont légèrement augmenté, passant de 38 à 55 décès en 2013. Dans la catégorie de moto-moto, il a été enregistré 1796 cas d’accidents occasionnant 65 décès, 2290 blessés, 2038 dégâts matériels et 2355 victimes, en tout. Dans la catégorie moto et auto, on dénombre 2112 cas qui ont entraîné 61 décès, 2135 blessés, 2182 dégâts matériels et 2196 victimes au total. Des chiffres qui donnent à réfléchir ? Certainement. Mais ils devraient enfin donner à agir.
A. A. MAIGA
Appli qui sera tre8s utile et tres intelligente avec l itnrreaiie en temps reel ! Ce qui evitera de perdre du temps ! Merci au developpeur de presenter cette app sur le play store.
Le petit village de Viche8res en Eur et Loir (28) aussi.Des panenaux zones 30 vont eatre implante9s e0 toutes les entre9es du village. Espe9rons que les ame9nagements vont suivre.
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