L’Observatoire des pratiques anormales (OPA) a présenté hier au Grand Hôtel de Bamako, à la population malienne, son 15ème rapport sur le harcèlement routier au Mali dont sont victimes les chauffeurs. Ce document d’une vingtaine de pages, accable l’indélicatesse de certains de nos agents pour racket et les temps de contrôles anormalement longs et démontre comment le développement et la croissance économique de notre pays sont affectés par la multiplicité des postes de contrôles le long des corridors. L’objectif étant de promouvoir la libre circulation des personnes et des biens conformément aux textes de la CEDEAO. C’était en faveur d’un atelier de diffusion, placé sous la houlette de Mamadou Thiéro, représentant du coordinateur national de l’OPA Mali.
En plus du directeur West Africa trade Hub, Niels Rasmussen, cette importante rencontre a enregistré la présence du représentant de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine), du point focal de l’OPA, Cheick Oumar Traoré, des organisations professionnelles des transports et des transitaires et des représentants des syndicats des chauffeurs et conducteurs routiers.
Les tracasseries routières sont devenues la mouche dans le bol de lait des autorités maliennes. Malgré la volonté affichée du gouvernement de lutter contre le phénomène, notre pays caracole toujours en tête de peloton en matière des pratiques anormales dans la sous région.
La situation est alarmante ! Situé au cœur de la CEDEAO, le Mali occupe une position stratégique pour le commerce international. Parmi les sept corridors majeurs couverts par l’OPA, quatre ont pour terminus Bamako. Les résultats de ce rapport se veulent selon Niels Rasmussen, un outil à l’usage des acteurs du secteur du transport malien afin de créer un environnement propice au commerce international, essentiel au développement économique du pays.
Ce rapport a été établi sur l’initiative de l’USAID et de l’UEMOA pour l’amélioration de la gouvernance routière. Il établi que le Mali occupe la seconde position au niveau régional derrière la Cote d’Ivoire en termes de rackets. De nombreux acteurs sont fortement impliqués dans cette pratique. Contrairement aux autres pays de la sous région ou les tracasseries sont dominées par un ou deux corps habillés, le Mali souffre du fait que la police, la gendarmerie, la douane, le service des impôts, les mairies, même ceux qui sont sensés défendre les intérêts des chauffeurs, c’est à dire les syndicats de transports, perçoivent « des droits de passages » à tous les postes de contrôle. Ainsi, les corridors de Senou, Niamana et Kati sont les plus craints. Selon les règlements de la CEDEAO, il ne devrait y avoir que trois postes de contrôle entre Dakar et Bamako, mais il y en a plus de 50 confie un membre du Conseil malien des transporteurs routiers. D’où la réunion des chefs de gouvernement des deux pays en mai dernier à Kayes en vue de réduire les postes de contrôles.
Selon le même rapport 38% des postes de contrôles concentrent plus de 80% des perceptions illicites. Toute mesure visant à maximiser son impact devra s’attaquer en priorité aux postes contribuant le plus aux tracasseries. Nos autorités sont plus que jamais interpellées pour mettre fins à ces pratiques qui n’honorent pas notre pays et entrainent un manque à gagner important à l’Etat. Trop de postes de contrôle tuent la croissance économique d’un pays aussi enclavé que le nôtre.
Aliou Badara Diarra