L’avènement des mototaxis a rendu le déplacement facile à Bamako. Ils sont moins coûteux et plus rapides. Cependant les taxis classiques ne cachent pas leur agacement face à cette nouvelle concurrence. De l’électricité dans l’air !
A l’Auto-gare de Sogoniko, lieu où taxis et mototaxis stationnent en quête de clients, Cheick Hamallah Kouyaté conducteur de mototaxi raconte les difficultés : « le premier problème qu’on a avec les taxis, c’est l’accès aux clients. Souvent on part se garer à côté des cars qui viennent avec les voyageurs, mais les taxis ne nous laissent pas passer. Même si on trouve des clients, les taximans s’y opposent. En pleine circulation, quand ils te voient avec un client, ils essaient de te mettre dans des mauvaises postures. Ce qui cause parfois des accidents ». Il a aussi confié que plus de quatre fois il a essayé de prendre des clients. Ces clients, dit-il, lui font savoir que les chauffeurs leur racontent qu’ils vont coincer les conducteurs des mototaxis pour qu’ils se fassent mal. « Raison pour laquelle ils me demandent d’aller doucement. Parfois ils refusent même de monter sur les telimani de peur d’être victimes des taxis », a expliqué le conducteur de mototaxi, Cheick H. Kouyaté.
« Je veux juste que les taximans comprennent que chacun a sa chance. On n’est pas là pour voler leurs clients mais que chacun a son client spécifique. La venue des telimani a considérablement diminué le chômage dans notre pays », a-t-il rappelé.
Kassim Diarra, chauffeur de taxi, reconnait qu’il y a bien des difficultés entre les chauffeurs des taxis et les conducteurs de moto taxi : « En effet, il y a un peu de difficultés entre nous et les telimani, dû au fait que l’avènement des telimani a considérablement diminué la clientèle des taxis. Beaucoup de gens préfèrent les prendre parce qu’ils coûtent moins cher. Et aussi pour la facilité qu’ils ont de se déplacer afin d’éviter les embouteillages. Aussi à la venue des telimanis, les taxis se sont révoltés et ont demandé à l’Etat que les mototaxis aussi payent des taxes et impôts comme les autres transporteurs. C’est pour cela qu’ils pensent qu’on est contre eux ou jaloux d’eux. En circulation, même si tu t’approches un peu d’un telimani, il pensera que tu essaies de le pousser à un accident. Parfois ils nous insultent pour des choses comme ça. J’ai acheté un telimani pour mon frère afin qu’il contribue dans la gestion de la famille. L’avènement des motos taxis a non seulement créé de l’emploi et a aussi diminué le banditisme et les vols juvéniles à Bamako », a laissé entendre Kassim Diarra chauffeur de taxi.
Et comme solutions, Kassim Diarra a invité les conducteurs des telimani à ne pas les prendre pour ennemis. Il a demandé à ses confrères d’en faire autant : « il faut qu’on sache qu’on est tous issu d’une même famille. Que c’est le Mali et qu’on s’aime en conséquence. Il faut que les telimani considèrent les taxis, comme des frères. Les taximans à leur tour, sachent que ça soit de façon directe ou indirecte, un des siens a bénéficié du bienfait des telimani ».
Mme Ag Zeïnabou Dembélé, affirme aimer les mototaxis plus que les taxis. « De ma maison à mon bureau les taximen me facturaient parfois 2000 F CFA ou 2500 F CFA. En plus avec les embouteillages, j’arrivais toujours en retard. Avec les telimani, je ne dépasse jamais les 1000 F et j’arrive à l’heure chaque jour. L’avènement des telimani n’a été que du bonheur pour moi », a confié Mme Ag Zeïnabou.
Selon un policier, ces évènements sont dus uniquement à l’incivisme. Pour lui, le problème est que les conducteurs ne maitrisent ni les engins qu’ils conduisent, ni les codes de la route. Résultat, on assiste chaque jour à des accidents causés par eux, dit-il. Le policier reconnait qu’il y a bien de la rivalité entre les conducteurs des mototaxis et les taxis. « A chaque fois qu’il y a un accident entre eux, on a fait le constat et le fautif est sévèrement puni », a-t-il rassuré. « Pour mettre les gens et leurs biens en sécurité, il faut que les conducteurs des telimani apprennent les codes de la route. Que les taximen soient tolérants envers eux et qu’on ait tout le sens du civisme en nous », a conclu le policier comme conseil à l’endroit des deux protagonistes.
Aly Diabaté
(stagiaire)