Motos –taxis : S’en foot la mort !

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Désordre, pollution, accidents de circulation … Certains  bamakois n’hésitent plus, au péril de leur vie, à louer les services de certains jeunes, qui ont transformé leurs « chars » en taxi- moto. Chronique d’une hécatombe annoncée.

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A l’image du Togo et du Bénin, les Motocyclistes de Bamako se lancent dans le transport en commun. Un métier peu connu, mais qui prend de l’ampleur. A l’issue de notre enquête, il s’est avéré que, cinq Motos sur dix servent aujourd’hui de taxi. Et, les clients ne manquent pas. Agés de 22 à 34 printemps, ces jeunes sont étudiants, diplômés sans emploi ou plantons. C’est que le marché de l’emploi est cruel. Dans ce Mali d’ATT, où la pauvreté frappe davantage les plus pauvres, ils ont trouvé dans  ce métier, une véritable porte de sortie. Très discrets, ils rodent, autour des banques, des hôpitaux, mais surtout devant les hôtels, à la recherche de touristes et d’autres étrangers. Comme de vrais taximen, ils se disputent les clients. Vendredi dernier, nous avons tenté l’aventure avec un planton de 26 ans. D.C profite des courses de ses employeurs, pour faire le taximan. Cela lui permet d’ « avoir son prix de cigarette, avant la fin du mois ». Ce vendredi, nous avons été interceptés par le jeune DC, qui nous propose son service : « Si c’est un taxi que vous cherchez, ce n’est pas la peine. Moi, je peux vous déposer au prix qui vous arrange. Ne vous en faites  pas, je suis très prudent. D’ailleurs, vous pouvez prendre mes références. », nous rassure –t-il d’un ton aimable. Le tronçon Hamdalaye- Hippodrome, nous a coûté 800CFA, soit le double du tarif d’un taxi normal. Ce jeune homme nous a poussé vers une investigation plus approfondie…

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Un bâton dans les roues des taximen.

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Si les taximen ont du mal à arrondir leurs recettes de la journée,  en voilà une raison : les taxis –motos, moins chers, leur raflent la clientèle. Leur service, dit-on, est rapide et moins cher que celui d’un taxi. De 08 heures à 22 heures, ces jeunes font le tour de la capitale. Souvent, ils vont dans les villages voisins comme Baguineda, Kassébougou… Une femme de 40 printemps, ne manque pas d’éloges vis-à-vis de ces jeunes : « Ces jeunes sont à encourager. J’ai une voiture. Mais, à une certaine heure, la circulation est impossible en voiture, à cause des embouteillages. Ces jeunes me rendent,  un grand service. ». Mais le hic, c’est que les taximen, qui paient taxes et impôts, ne veulent pas voir ces jeunes « courtiser » leurs clients. Un étudiant de la FLASH, qui profite de ses journées libres pour faire le taximan, nous dit comment ils sont traités par les taximen : « Ils nous menacent de nous dénoncer aux policiers, et la suite est connue. Il est vrai que nous leur mettons des bâtons dans les roues, mais nous sommes, tout de même, leurs frères cadets. Ils doivent nous couvrir », se plaint l’étudiant, appelé « Rallye ». Son « efficacité » et sa « rapidité » lui ont valu le sobriquet le «  Rallye Paris- Dakar ». Ces taxis -motos n’ont pas une couleur particulière. C’est pourquoi, elles ne sont pas identifiables par les  policiers. 

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La complicité des clients.

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Les clients de ces nouveaux taximen sont des femmes et de vielles personnes, qui n’osent pas affronter les aléas de la circulation. Pourtant, aucun de ces jeunes ne disposent d’un permis de conduire pour moto. Ils méconnaissent le code de la « déroute ». Pire, ni les clients, ni les chauffeurs ne portent de casques. En cas d’accident, bien que blessés, ils coopèrent : « J’ai fait un accident avec une de mes clientes. Elle a eu une fracture à la jambe. Mais, au moment du constat, elle a affirmé que j’étais son jeune frère. Ce qui m’a évité des problèmes. », nous révèle un ancien conducteur de pousse-pousse, qui, il y a cinq ans, a découvert ce métier. La quasi- totalité de ces motos, transformées en taxis est louée aux vendeurs de motos à 75000CFA.  Après quelques jours de courses, elles sont soigneusement lavées et revendues. C’est pourquoi, ces chinoiseries ne durent pas longtemps. Ces jeunes se frottent, malgré tout, les mains : « Après les recettes du propriétaire, nous pouvons gagner 15.000CFA, par jour. Dieu merci, cela nous suffit largement ».

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En tout camp, si les motos-taxis de l’ANPE ne font plus l’affaire des jeunes chômeurs de Ségou, ceux de Bamako ont trouvé un moyen rapide de gagner leur pain quotidien, au risque et au péril des usagers de la circulation. 

rnChrystelle

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