Les chauffeurs de l’Administration publique sont-ils les seuls laissés pour compte ? Que non! Pour s’en convaincre, nous avons décidé de jeter un clin d’œil sur la situation des conducteurs routiers à travers le Syndicat national des chauffeurs et routiers (SYNACOR), tendance gros porteurs.
Dans l’entretien que le numéro un de ce syndicat, Modibo Diarra nous a accordé, à son siège à Banankabougou, il nous brosse, sans tabou, la situation que connaisse ses militants.
D’entre de jeu, il a tout de suite manifesté son indignation: "Aujourd’hui, nous pouvons dire que les chauffeurs sont des laissés pour compte. Ce sont des gens qui travaillent pour rien, vu l’effort qu’ils fournissent. Ils n’ont même pas un solde de base, ils sont payés entre 25 000 et 40 000 FCFA. C’est vraiment insignifiant".
Pourtant, les chauffeurs transportent des marchandises de 30 à 60 tonnes pour un salaire minable, à en croire le chef du syndicat. Selon lui, rares sont les chauffeurs inscrits à l’INPS. Rares sont également ceux qui bénéficient d’une assurance sociale. Cette situation fait qu’à la retraite, ils se retrouvent avec leur famille sans revenu conséquent. "Ils sont recrutés par leurs patrons comme ils veulent et ils les remercient de la même manière. Les conducteurs routiers n’ont aucun recours pour réclamer leurs droits", a-t-il soutenu. Avant de poursuivre que cela est l’une des raisons de la création du syndicat. Et le pire, c’est, qu’en cas d’accident ou de maladie, ils ne bénéficient d’aucune assistance de la part de leurs employeurs. Ils sont tout simplement abandonnés à leur propre sort ou à la charge de leur famille. Cela, contrairement aux pays de la sous région comme le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Sénégal où les conducteurs jouissent de l’assistance de leurs employeurs. Ils ont également leur sécurité sociale garantie.
Plus de 60 chauffeurs maliens en prison au Sénégal
Par ailleurs, les conducteurs routiers doivent également supporter les tracasseries routières. Selon notre interlocuteur, de Bamako à Dakar, on peut compter environ 60 postes de contrôle. A chaque passage, ils doivent payer entre 2 000 à 5 000 F CFA. Autre difficulté des conducteurs routiers, notamment les chauffeurs de cars, décrié par le SYNACOR, c’est bien le comportement des agents sénégalais qui fomentent une combine avec certains passagers. Ils accusent en effet; les chauffeurs maliens de transporter de la drogue. C’est ainsi que plus de 60 chauffeurs maliens ont été arrêtés et sont actuellement en prison au Sénégal. Pour trouver une solution à ce problème, une commission de suivie a été créée, à la suite d’une table ronde avec le gouvernement. Et, incessamment, le SYNACOR attend les conclusions de cette commission qui était partie à Dakar.
Youssouf Diallo