Informer l’opinion nationale et internationale sur la situation difficile sinon très difficile que les cheminots du Mali traversent, voilà d’un trait, la quintessence du point de presse que le groupement des syndicats et associations des agents du rail a organisé le mardi 17 avril dernier. C’était dans les locaux de la gare ferroviaire de Bamako, sous l’égide de M. Mahamane Thienta, Secrétaire général dudit groupement.
Les cheminots du Mali à travers ce point d’information ont mis en exergue leurs indignations contre l’État malien pour avoir pris des engagements et ne pas les respecter. Toute chose qu’ils n’arrivent pas d’ailleurs à admettre. De surcroît, les cheminots en veulent au Ministre des finances pour sa carence, face à cette situation. « La surprise pour nous cheminots fut grande lorsque le Ministre des finances du Mali indique dans les lettres N°00644/MEF-SG, 04726/MEF-SG, l’inexistence de crédit budgétaire et demande à ce que les ressources de la société prennent en charge les dits salaires. Alors que la société n’a à ce jour qu’une seule locomotive handicapée pour une recette en moyenne mensuelle du train qui est de 29 millions FCFA environs pour des charges liées à sa circulation de 15 millions en carburant, tant disque la masse salariale des travailleurs maliens s’élevé à 180 millions de nos francs », a révélé le secrétaire général Mahamane Thienta. Aussi, il explique qu’au même moment où le ministre malien en charge de l’économie et des finances traîne les pas, son homologue sénégalais autorisait, à titre exceptionnel, la prise en charge des salaires des agents sénégalais jusqu’au 30 juin 2018 à travers les correspondances numéro 00693MEFP/DEGB du 29 août 2017, et le numéro 00061MEFP/DGB/DES/MND du 29 janvier 2018.
Ainsi, les cheminots à travers leur groupement invitent l’État à prendre ses responsabilités, toutes ses responsabilités en honorant ses engagements binationaux et surtout payer régulièrement les salaires et préserver les emplois des travailleurs.
Deux poids deux mesures de l’État malien
Dans son intervention, le secrétaire général indique que le communiqué verbal du conseil des ministres en date du 31 mai 2017 a promis une aide budgétaire de 46 millions pour les services voyageurs. Toute chose qui n’a pas honoré dans la mesure où le train voyageur circule avec une seule locomotive et qui ne permet pas d’ailleurs de secourir les passagers en cas de détresse. « Nous disons au Ministre que nous sommes des maliens au même titre que ceux de Kidal, Tombouctou, Taoudeni, Aguellock et Gao, nous ne voulons pas battre le pavé, le Mali a besoin de paix et de stabilité et de dialogue » fustige-t-il.
Plus loin, les cheminots maliens révèlent que « de 2003 à 2015, fin de la concession du chemin de fer Dakar-Bamako Ferroviaire, aucun des repreneurs, n’a investi dans la société encore moins payé des matériels roulants. Ils ont exploité, abusivement, les matériels, déjà existant, jusqu’à leur mettre hors d’usage. D’où la faillite, aujourd’hui, de Dakar Bamako ferroviaire ». Et le secrétaire général du syndicat de poursuivre que leur demande d’audience, depuis le 7 mars 2018 auprès du Premier ministre, du Ministre des finances et du Ministre des transports a été vaine. « Nous voilà dans l’indifférence totale et bientôt trois mois sans salaires, contrairement à nos camarades du Sénégal qui sont payés régulièrement » déplore-t-il.
Remonté contre la mauvaise volonté des plus hautes autorités, le groupement demande la résolution urgente de certaines revendications. Il s’agit, entre autres, du payement des salaires de février et mars 2018 avant le 27 avril 2018 ; la prise en charge des salaires par l’État du Mali, jusqu’à la mise en œuvre du nouveau schéma institutionnel. S’y ajoutent, le payement des indemnités de départ des agents à la retraite de 2017; l’acquisition d’outil de production (locomotive, wagons et la réhabilitation de la voie) et la tenue de toute urgence de la réunion du comité inter-état.
« Nous prenons à témoins le peuple malien et particulièrement la population de la région de Kayes et toutes les villes et villages riverains des rails que si des dispositions urgentes et concrètes ne sont pas prises, nous prendrons toutes nos responsabilités » termine le secrétaire général.
Adama Coulibaly