Klego Diarra, Directeur Général des Entrepôts du Mali au Togo(EMATO) : Les premiers commerçants maliens venaient jusqu'à Lomé à dos d'âne

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Dans un entretien exclusif qu’il nous a accordé le 5 août 2010, dans son bureau situé dans la partie nord de l’espace portuaire de Lomé, la capitale togolaise, le Directeur général Klego Diarra ne s’est pas fait prié pour saluer les performances des six entrepôts maliens dans des ports en Afrique et particulièrement le rôle important des Entrepôts du Mali au Togo (EMATO). Pour lui, la place incontournable des EMATO, aujourd’hui, est une suite logique des jalons posés par les premiers commerçants maliens qui venaient à dos d’âne, avec la bénédiction des autorités des deux pays, s’approvisionner à Lomé.

Compte tenu de sa continentalité, le Mali a adopté comme politique de transport le désenclavement intérieur et extérieur du pays et comme corollaire la diversification des voies d’accès à la mer. C’est dans ce contexte que le pays a créé six entrepôts dans différents ports du continent, particulièrement en Afrique de l’ouest. Il s’agit des Entrepôts maliens au Togo, au Sénégal, en République de Côte d’Ivoire, en Guinée, au Ghana, en Mauritanie.

Selon le Directeur général des Entrepôts maliens au Togo (EMATO), Klego Diarra, "pour développer ses échanges extérieurs, la politique de transport du Mali s’est traduite par la signature des accords de coopération en matière de transfert et de transit maritimes avec la plupart des pays côtiers dont le Togo ; l’application de ces accords de coopération a entraîné la création de services extérieurs de la Direction nationale du transport terrestre, Maritime et Fluvial (DNTTMF) dénommés Entrepôts maliens. La création des EMATO se situe dans ce contexte ".

Pour M. Diarra, sur la base de ces accords, le gouvernement togolais a accordé au Mali des facilités de transit par l’affectation aux EMATO d’un espace de 20 000 m2 dans le domaine portuaire. Fait notoire à signaler, les EMATO sont dotés d’un statut de "zone franche". C’est-à-dire que les marchandises maliennes y pénètrent librement, sans paiement de droit, ni de formalités. Et le Directeur général des EMATO d’ajouter que sur cet espace, le ministère de l’Equipement et des Transports a construit un magasin de 5000 m2, des terre-pleins et des bureaux administratifs.

A la question de savoir quelles sont les missions assignées aux EMATO, M. Diarra dira que les entrepôts maliens du Togo sont un prolongement de l’administration malienne des transports dont les missions principales sont la gestion des installations portuaires mises à la disposition du Mali par l’Etat togolais, le contrôle de leur exploitation, la coordination des activités de transports et de transit des marchandises en provenance ou à destination du Mali. Il a ajouté que le fonctionnement des EMATO permet aux opérateurs économiques maliens de jouir de divers avantages pour l’organisation de leur trafic en transit par le Togo, à savoir la remise de prestations, les facilités d’entreposage et d’évacuation, des franchises spéciales, etc.

Répondant à la question de savoir pourquoi un service public des transports à l’extérieur et notamment au Togo, le Directeur général des EMATO a rappelé qu’ "au lendemain des indépendances, nos différents chefs d’Etats étaient persuadés que seul l’intégration sous-régionale pouvait permettre à l’Afrique d’amorcer un développement durable. Ainsi, l’accès à la mer des pays sans littoral a retenu leur attention. Ils ont jugé nécessaire de signer des accords de coopération entre les Etats. Des accords qui ont abouti, pour le Mali, à la création de ces services publics de transports au niveau de certaines zones portuaires. Sans aucun doute, aujourd’hui, les Entrepôts du Mali au Togo font partie de ces services publics les plus dynamiques. Car, faut-il rappeler que depuis très longtemps, les commerçants maliens avaient une préférence pour  le littoral togolais. Les premiers commerçants maliens venaient jusqu’à Lomé à dos d’âne".

Pour Klego Diarra, le statut de service public des EMATO permet d’assurer un traitement équitable des opérateurs économiques évoluant dans le corridor Bamako-Lomé, de suivre les marchandises de bout en bout jusqu’au premier poste frontalier du Mali, d’assister les opérateurs économiques, d’assister les chargeurs, les transporteurs, les chauffeurs et tout autre acteur de la chaîne des transports. "Notre objectif prioritaire est l’approvisionnement correct et à moindre coût de notre chère patrie, le Mali ", a-t-il souligné, avant d’ajouter que si les EMATO n’existaient pas, il aurait fallu les créer le plus vite possible. " Car, ce sont de véritables outils de lutte contre la pauvreté, des vecteurs du développement de l’économie malienne ".

Pour le Directeur général adjoint des EMATO, Jean de la Croix Dakouo, le port de Lomé présente plusieurs atouts (port en eau profonde, avec une profondeur de 14 m, une grande capacité à accueillir des bateaux de grande capacité, conditions de sécurité renforcées, etc) pour le Mali. Il a relevé, comme l’a d’ailleurs indiqué le Directeur général, l’importance des documents administratifs que les EMATO délivrent : attestation de réservation de cal, redevances d’évacuation des véhicules d’occasion, avis de chargement, lettres de voiture.

En guise de conclusion à l’entretien qu’il nous accordé, Klego Diarra a lancé un appel aux autorités maliennes et togolaises et, par delà, les dirigeants de l’espace UEMOA, à penser au développement du transport ferroviaire qui semble définitivement abandonné. De l’indépendance à nos jours, souligne-t-il, nos Etats ont mis l’accent sur le mode de transport par la route. " Nos Etats ont fait de leur mieux. Mais aujourd’hui, force est de reconnaître qu’il y a une mauvaise gestion des infrastructures ferroviaires dans la plupart des Etats africains. Nous sommes en retard dans le transport par chemins de fer.

Que les Etats collaborent pour mettre sur pied des infrastructures ferroviaires intégrées. Relier par exemple les pays de l’hinterland par les rails. Nous y gagnerons beaucoup… ", a-t-il conclu.

Bruno D SEGBEDJI

 

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