Les folles rumeurs qui circulaient depuis un certain temps se précisent comme une réalité en ce qui concerne l’élection prochaine du président du Conseil malien des chargeurs. En effet, des manœuvres sont en cours pour briser le consensus qui a jusque-là prévalu au sein de la liste victorieuse lors des élections des membres consulaires, notamment la liste Bourama Mounkoro.
Ce dernier, qui a jusque-là battu campagne en tant que seul candidat déclaré et accepté comme tel, sans anicroche, avec des arguments consignés dans un document-programme qui décline sa vision, fait l’objet d’un complot de la part d’un lobby des affaires pour l’écarter le jour-j, au nom de raisons ethniques ou de terroir d’origine, en plus de la prétention de détenir une grande puissance financière pour acheter la conscience des électeurs.
On en parle de plus en plus au sein du secteur privé en général et dans les milieux des chargeurs en particulier : une poignée d’élus sur la liste victorieuse aux élections du Conseil malien des chargeurs, notamment la Liste A Bourama Mounkoro, cherche à trahir ce dernier pour présenter un autre candidat à sa place au poste de président, à l’occasion de la mise en place du bureau exécutif de l’institution. Alors que, jusque-là, un consensus était affiché autour de sa candidature et, en tant que tel, il a battu campagne avec un programme et des arguments pour le renouveau du CMC.
Faut-il donc que celui qui n’a jusque-là présenté ni programme ni signe patent d’un quelconque background suffisant pour prétendre présider aux destinées du CMC, soit adoubé, disons imposé ? En plus, uniquement sur une base d’appartenance ethnique, de terroir d’origine ou au nom d’une puissance financière qui prétend pouvoir acheter les voix de la majorité des votants qui constituent l’Assemblée consulaire du CMC ?
La question est d’une extrême gravité pour ne pas être soulignée puisque, de la démarche clanique qui a toujours caractérisé les histoires d’élections dans les milieux d’affaires, on est en train de glisser sur la pente dangereuse de la démarche ethnique parce que des esprits malintentionnés vont jusqu’à prétendre que c’est un devoir de solidarité ethnique ou de terroir d’origine que de soutenir le candidat de son ethnie ou celui de son terroir d’origine. Comprenez, inversement, que c’est aussi une obligation de rejeter la candidature au poste de président de celui qui ne serait proche ni par son ethnie ni sa localité d’origine.
Installer dans le bureau du CMC des femmes et des hommes suffisamment balaises
Des arguments de ce genre ne devraient aucunement être avancés dans des élections du Conseil malien des chargeurs où doivent prévaloir les qualités humaines, intellectuelles et morales des candidats, en plus de leur aptitude professionnelle dévoilée par leur cursus, en termes de formation et d’expertise.
Telles sont donc les sources des arguments à mettre en œuvre pour prétendre présider aux destinées du Conseil malien des chargeurs, lequel doit retenir désormais toute l’attention des plus hautes autorités de la Transition afin qu’y soient installés des administrateurs en mesure de relever les défis.
Effectivement, les sanctions prises par la Cédéao et l’Uémoa contre le Mali ont projeté sous les feux des projecteurs de l’actualité des structures comme le Conseil malien des chargeurs, devant désormais être de vrais piliers de la politique d’approvisionnement du Mali, mais pas un réservoir de prébendes et de la sinécure.
C’en est donc fini de la période où assumer des responsabilités au sein du bureau du CMC relève du faire-valoir. Le CMC doit désormais être le fer de lance des stratégies ingénieuses d’importation et d’exportation du Mali.
Par conséquent, il faut installer à sa tête des femmes et des hommes suffisamment balaises, chacun dans son secteur d’activités, pour apporter sa pierre à l’édification d’un Conseil malien des chargeurs en mesure de réponde à l’esprit de la Transition, notamment en intégrant le schéma de refondation du Mali.
Dans des pays voisins, c’est l’Etat qui nomme le dirigeant du Conseil des chargeurs et le choix porte généralement sur un grand technicien, haut cadre du secteur privé ou de l’administration publique. Tout comme dans d’autres pays, à l’instar du Mali, le secteur privé est responsabilisé pour choisir ses propres dirigeants au Conseil des chargeurs.
Mais encore faudrait-il que cette confiance que l’Etat du Mali accorde à son secteur privé ne soit pas déçue afin que lors de l’Assemblée consulaire prochaine chargée d’élire les membres du bureau du CMC dont le président, le choix puisse porter sur des femmes et hommes capables de faire face à leurs homologues africains pour bien défendre les intérêts du Mali, souvent victime de sa position de pays de l’Hinterland dans les mesures prises par les organisations régionales et sous-régionales dont il est membre.
Ces femmes et ces hommes qui seront installés à la tête du CMC doivent donc avoir une vision clairement exprimée et se prévaloir d’une expertise susceptible de permettre la réalisation de cette vision.
Mais, si les Autorités de la Transition laissent se développer ces démarches fondées sur la question ethnique ou le terroir d’origine, ou encore si ces Autorités ferment les yeux sur l’achat de conscience lors du vote à venir, puisque les marchandages ont commencé, ce serait véritablement dommageable pour le Mali Kura.
En lieu et place, qu’on nous serve, d’emblée, un débat d’idées et de programmes, une confrontation sur la base de l’expertise et du savoir-faire. C’est en ce moment seulement que le monde des chargeurs sortira, de ces élections, grandi !
Cheick B. Cissé