En instaurant il y a quelques années le système de groupage à l’importation, le gouvernement pensait soutenir les petites et moyennes entreprises. Gravissime erreur. Ce sont des milliards qui se perdent chaque année.
En effet, le système de groupage s’est vite transformé en un véritable réseau de fraude et de contrebande. Que s’est-il donc passé ?
Il y a quelques années, le gouvernement malien, pour soutenir la catégorie la plus fragile des opérateurs économiques et mieux organiser le secteur informel avait initié une procédure toute simple. Ainsi, selon le principe, des petits commerçants incapables d’importer à eux seuls un contenaire se mettent en groupe, font leurs achats à l’intérieur et louent un contenaire. Arrivée au cordon douanier malien, à travers leur transitaire, ils produisent leurs factures et paient en groupe leurs droits avant la mise de leurs produits sur les marchés de consommation. La stratégie avait ceci de positif, qu’elle permettait de contrôler le volume des importations et de réduire la fraude. Hélas ! Depuis quelque temps, un véritable réseau de fraudeurs spéculent et prospèrent ostantatoirement dans le domaine. Au lieu donc des vrais petits importateurs, certains gros commerçants ont récupéré la chose.
Dans certains contenairs qui arrivent dans le circuit du groupage, on retrouve des produits de toute nature, tous appartenant généralement à un seul gros importateur qui éclate ses commandes entre les différents contenairs. Les détenteurs des documents n’étant que des prête-noms.
En clair, un opérateur économique recrute trois ou quatre jeunes à qui il remet de l’argent pour importer tel ou tel produit. Les jeunes en question quittent le pays avec de l’argent en sac, achètent leurs marchandises qu’ils confient au transitaire.
Au cordon douanier, le transitaire se débrouille pour que l’emballage ne soit pas ouvert et négocie avec les douaniers qui déterminent la valeur du centenaire selon leurs humeurs et la lourdeur des pots de vin.
Ainsi, ces quantités importées qui échappent à toute statistique sont déversées sur le marché. Ce sont généralement ces produits qui sont cédés à des prix défiant toute concurrence. L’importateur n’ayant presque rien payé en termes de taxe douanière.
C’est bien ce qu’il faut appeler la fraude « à ciel couvert » et qui constitue la concurrence déloyale.
Déjà dans le milieu des affaires, la grogne commence à monter, mais personne ne veut être responsable de rien. Pourtant, ces pratiques sont bien connues mais personne ne lève encore le petit doigt. Il faut peut-être attendre qu’il soit trop tard pour après vouloir « prendre le taureau par la queue ». Entre temps, les honnêtes hommes d’affaires souffrent en silence et dans l’indifférence presque totale de certaines autorités.
Malick Camara