HECATOMBE ROUTIERE A SAN : Le Mouvement Citoyen en deuil

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Hier, c’était la désolation ! La tristesse, le désespoir et l’indignation totale planait sur la morgue de l’hôpital Gabriel Touré. C’est en effet là-bas qu’ont été acheminés et entassés, les uns sur les autres, les corps de accidentés. Combien sont-ils ? Aucune source, ni policière ni hospitalière, ne s’est hasardée à donner ce qu’on pourrait appeler, en pareil cas, bilan définitif. «Tout ce qu’on sait, c’est qu’il y a eu plus de morts que de blessés», nous confie un haut gradé de la police.

Un minicar frappé des couleurs du Mouvement citoyen a violemment percuté un car de la compagnie Djiguiya Transport. C’était samedi, aux environs de 22 h, à quelques 25 Kilomètres de la ville de San, précisément à la hauteur du village de Somo.

Selon des témoins il pleuvait averse. Le chauffeur du minicar tenta une manœuvre en troisième position. Probablement, dit -on, c’était pour éviter un corps roulant en sens inverse qui ne pourrait être rien d’autre qu’une charrette.

Le minicar avait quitté la ville Gao, située à près de 900 Km du lieu de l’accident. Le véhicule transportait les jeunes du Mouvement citoyen qui avait accompagné le président ATT pour les cérémonies commémoratives de notre accession à la souveraineté un 22 septembre. En effet, sur cette partie de la route, il est fréquent de croiser des charrettes, sans feux de signalisation, bondées de monde et de marchandises après une foire foraine. Autrement dit, la thèse de l’erreur humaine est la plus plausible. Il faudrait peut-être ajouter à cela le comportement déplorable des charretiers, la fatigue des chauffeurs.

ATT et son gouvernement sur les lieux : Mme Touré Lobbo en larmes

Le président ATT et son premier ministre ainsi qu’une quinzaine de membres du gouvernement se sont rendus à la morgue de l’hôpital Gabriel Touré où venaient d’arriver 19 corps. Tous des jeunes du Mouvement citoyen. Ils avaient accompagné le président à Gao pour les cérémonies commémoratives du 22 septembre, 46è anniversaire de l’indépendance du Mali.

Ces jeunes du Mouvement citoyen sont ceux là-même qui accompagnent le président Touré lors de ses déplacements à l’intérieur du pays. De là à dire que le président ATT les connaît tous, il n’y a qu’un pas à franchir. Il est donc allé se recueillir sur leurs dépouilles.

Un jour auparavant, à Gao, il les avait vu se défoncer pour défendre ses idées, ses idéaux et son bilan de quatre années passées à la tête du Mali. C’est dire combien le président ATT a été affecté par cette disparition de 25 jeunes résolument acquis à sa cause.

Son arrivée à l’hôpital avec sa femme Lobbo Traoré en a rajouté aux cris et aux lamentations. Mme Touré Lobbo, drapée dans ses habits de deuil, le voile sur la tête, n’a pu retenir ses larmes. Le Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga, certainement sous le choc, la main sur le cœur, a trébuché sur les marches qui mènent aux corps entassés de jeunes inertes. Aussitôt après la morgue, le Pm a appelé les membres du Gouvernement autour d’une réunion de crise à la primature.

Du monde à la morgue

Comme une traînée de poudre, la nouvelle de l’accident est arrivée à Bamako la même nuit. Des familles entières n’ont dormi que d’un œil. Pour elles, la nuit fut très longue. Elles prirent d’assaut l’hôpital Gabriel Touré où l’arrivée des corps était annoncée. L’attente à la porte de la morgue souvent été très longue. Parce qu’en effet la plus part des corps n’avait pas encore été identifiés.

L’opération d’indentification a mobilisé un détachement de la police que conduisait le colonel Diouf, coordinateur général de la police du District. Mais, il fallait beaucoup plus de policiers pour contenir une foule en proie à la douleur.

Nombreux sont nos interlocuteurs qui ont fondu en larmes. Ils étaient mêmes incapables de raconter ce qu’ils ont vu ou entendu. Ils étaient là, accrochés au téléphone. Ceux qui n’avaient, ni téléphone ni crédits ont, soit envahi les cabines des environs immédiats, soit quémandé avec insistance quelques piécettes pour pouvoir appeler les proches parents. Téléphoner à qui et où dans un affolement indescriptible ?

L’opération d’identification a duré une bonne heure. Un instant à la fois fatidique et pathétique aura été la lecture de la liste des morts par le régisseur de l’hôpital. C’était en présence des responsables du Mouvement citoyen et des responsables de la police. Chaque nom énuméré suscitait dans la foule les lamentations de parents et amis venus aux nouvelles. Un jeune frère d’un défunt s’arrachait les cheveux en criant : «Il ne m’avait même pas informé qu’il se rendait à Gao !». Dès que le nom d’une autre victime fut prononcé, une responsable du Mouvement citoyen s’est effondrée par terre. En larmes, elle se lamente : «Il est l’unique enfant de sa mère, le seul !» Un autre responsable du mouvement, nous dira qu’il ne sait par quel moyen annoncer le décès à la famille de la victime. «Pourtant nos deux maisons font face dans le quartier de Lafiabougou. C’est un garçon engagé et dévoué. Je suis son chef au sein du Mc. Je n’avais pas besoin de lui demander d’accompagner le président ATT à Gao. Il serait allé de lui-même, quel qu’en soit le prix !», signale notre interlocuteur.

Au moment de la lecture de la liste, alors que la foule tentait d’arracher le portail de la morgue, il n’y avait que 17 corps identifiés. Deux autres corps attendaient d’être reconnus. Sur ce, les autorités de l’hôpital ont autorisé les curieux de pénétrer dans la morgue pour identifier ces corps. C’est par des cris stridents que leurs parents les ont identifiés.

Mme le ministre de la Santé toujours au front

Maïga Zéïnabou Mint Youba est restée sur la brèche tout au long de la journée d’hier. Sa disponibilité n’a jamais été prise à défaut.
N’est-ce pas elle qui, plusieurs fois et en plusieurs endroits mieux que n’importe quel membre du gouvernement est restée constamment près des hommes et des structures en vue de s’assurer comment est pris en charge la santé des Maliens. Hier, encore nous l’avons rencontrée sur le terrain à l’hôpital Gabriel Touré où, avec son staff et le directeur de l’hôpital, elle coordonnait les actions de son département suite au dramatique accident qui a fauché, à la fleur de l’âge, 25 jeunes maliens. Nous avons vue une femme profondément affligée par ce qu’elle appelle «la gravité de l’accident».
Avec cette femme de terrain et d’action, on peut être assuré que les défaillances de prise en charge seront minimisées et que les défaillant seront sanctionnés. Bravo Madame !

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