Grogne hier mardi à l’Aéroport de Bamako-Sénou : Les travailleurs des ADM prennent en otage la Directrice générale et exigent sa démission immédiate

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Un mouvement de contestation musclé a secoué, dans la journée d’hier lundi, l’aéroport international de Bamako-Sénou. En effet, les travailleurs des ADM (Aéroports du Mali) mécontents de "la gestion calamiteuse" de cette structure et de "la violation de la liberté syndicale" par leur Directrice générale, Mme Thiam Aya Diallo, ont fait irruption dans son bureau  pour lui  remettre une pétition  exigeant son départ immédiat. Face au refus de celle-ci de céder, les protestataires ont occupé les lieux plus d’une heure d’horloge, rejetant toute forme de conciliation de la part de responsables du ministère de l’Equipement et des transports dépêchés auprès d’eux.  Il a fallu que ce soit le ministre Ahmed Diané Séméga lui-même qui se déplace sur les lieux pour obtenir la libération de la Directrice générale des ADM, qui sera conduite sous forte escorte policière  à sa voiture.

Il était un peu plus de 9 heures, le mardi 6 décembre, quand les travailleurs de l’aéroport international de Bamako-Sénou sont entrés en mouvement. Tout d’abord, c’est le collectif des femmes qui affréta un car depuis l’ancienne aérogare sise à l’ACI 2000 Hamdallaye pour rejoindre les autres camarades de Sénou regroupés autour des responsables  du comité syndical. Sur place, les protestataires munis d’une pétition se sont  montrés très fermes sur la marche à suivre : faire démissionner par tous les moyens leur patronne. Après s’être donné les dernières consignes, ils se sont dirigés vers la Direction où Thiam  Aya Diallo se trouvait dans son bureau. Ils lui demandent de démissionner. Aya Thiam Diallo a refusé et  rétorqué à ses visiteurs que ce n’est pas comme cela que les choses se passent. La tension est montée d’un cran. Les travailleurs haussent le ton et lui font savoir : "On ne veut plus de vous, il faut que vous partiez", "Démission Aya Thiam, Démission Aya Thiam" clament-ils à l’unisson.

Un slogan qui est aussitôt repris par l’ensemble des protestataires. Un tohu-bohu s’installe dans le bureau de la Directrice.  La conseillère en aviation civile du ministère de l’Equipement et des transports est dépêchée  sur les lieux mais n’arrive pas à se  faire entendre.

Des minutes s’égrènent avant que le ministre de l’Equipement et des transports Ahmed Diane Séméga, accompagné de son chef de Cabinet et du Directeur national des transports, n’arrive sur les lieux. A son entrée dans le bureau de la patronne, les occupants en furie reprennent en choeur  "Démission Aya Thiam".

Le ministre essaya de calmer la situation. Mais hélas, impossible dans un vacarme où tout le monde parle en même temps. Finalement, il fait appel aux éléments du Groupement mobile de sécurité (GMS) pour accompagner Aya Thiam Diallo à sa voiture. Le ministre demanda alors à parler au comité syndical, celui-ci refuse.

Le Secrétaire général Mamoutou Camara nous fera savoir que des discussions ne sont plus à l’ordre du jour : "Tout ce que nous voulons, c’est le départ de la Directrice". Avant d’ajouter  : "Nous avons alerté le département, le Bureau du Vérificateur Général, on ne nous a pas écoutés. Nous ne voyons pas ce que le ministre pourra nous dire davantage".

C’est le collectif des femmes de l’aéroport de Bamako-Sénou, à l’origine même du vaste mouvement d’humeur, qui acceptera de rencontrer le ministre. La présidente du collectif Aminata Traoré reproche à la Directrice d’empêcher le syndicat de jouir librement de son droit syndical. Elle ajoute que le syndicat a pris connaissance  de la concession très prochaine des Aéroports du Mali. Il a voulu en parler avec l’administration. Thiam Aya Diallo a refusé toute discussion autour de la question. "La Directrice a relevé plus de 50% du comité syndical. Le mois dernier, un protocole d’accord a été signé entre le Gouvernement et l’UNTM. Elle n’a pas voulu non seulement  l’appliquer mais elle nous a empêchés d’en parler. Trop c’est trop. Nous n’en pouvons plus».

Le ministre, qui a pris bonne note des doléances des travailleurs, a estimé qu’il ne reviendra plus sur la question de la privatisation. Il a précisé que le processus est déjà enclenché. Cependant, il a rassuré les dirigeants syndicaux qu’il n’y aura aucun licenciement. «Je vous donne ma parole. Nous avons notifié à nos partenaires qu’il n’y aura pas de renvoi. Il n’y aura pas de plan social», a-t-il  soutenu. Un des protestataires interpelle Ahmed Séméga et lui demande plus de garantie sur ce qu’il vient de dire. Le ministre en réponse, précise "Nous sommes un Etat responsable. Pourquoi donc licencier le personnel, notre souci, c’est l’amélioration des performances de l’aéroport et cela passe forcément par l’amélioration de vos conditions de travail. Non seulement nous allons améliorer vos conditions de travail, mais nous allons aussi faire des recrutements" a dit le ministre.

Des propos qui ont eu le mérite de faire baisser la tension. Pour combien de temps ?

 

Abdoulaye DIARRA


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