Le processus de retour de l’administration dans les zones rebelles en cours en Côte d’Ivoire, a conduit les nouvelles autorités de ce pays de procéder au remplacement des rebelles par des porteurs d’uniforme (Douaniers) à Pogo, à la frontière malienne. Si cette mesure a permis de donner une meilleure visibilité aux activités de l’administration ivoirienne, elle n’a pas été sans conséquence pour la fluidité commerciale entre les deux pays. Pour preuve, depuis le 12 Septembre dernier, les nouveaux douaniers en faction ont bloqué 82 Camions maliens chargés en provenance du port d’Abidjan et exigent la somme de 12 000 FCFA comme frais de signature de chaque acquit. Toute chose qui n’est pas du goût des chargeurs des deux pays.
En réalité, la résolution des problèmes rencontrés par les transporteurs maliens sur l’axe Abidjan-Bamako, pendant la crise politique, par l’Etat Ivoirien ne présage pas de meilleur lendemain.
En effet, après la reprise officielle des activités sur cet axe en mois d’Aout dernier, les autorités ivoiriennes ont remplacé les rebelles par les douaniers au niveau des postes de contrôle, notamment à Pogo, premier village Ivoirien frontalier avec Zégoua (au Mali). Cela en vue d’endiguer les raquettes et tracasseries que vivent les chauffeurs et passagers dans ladite zone, dénommée celle ”des rebelles”, avant l’arrivée des policiers et gendarmes. Cela a été fait, selon nos sources, le 02 Septembre 2011 par le regroupement des rebelles dans une commune Ivoirienne, Niéllé à 30 km de Zégoua.
Ainsi, selon nos sources, leur entretien aurait porté sur d’énormes sujets. Notamment, la traversée de la zone rebelle par les camions vides maliens en provenance du Mali, lesquels payaient auparavant 25 000FCFA uniquement dans la zone des FAFN et 10 000 FCFA à partir de Tiébissou pour la zone loyaliste. Ainsi, avec le départ de la centrale des rebelles, le 05 Septembre dernier, les représentants des chargeurs maliens et ceux de Pogo avec l’accord de la douane ont décidé de restituer les 5 000 FCFA de la centrale aux chauffeurs.
A la grande surprise des syndicats, selon nos sources, qui auraient pensé avoir eu un terrain d’entente avec les douaniers, le 07-09-2011, le Chef de Bureau de la Douane de Pogo aurait demandé aux organisateurs 2 000 FCFA par camion. Après une longue dispute avec les syndicats qui ont catégoriquement refusé, le lendemain, il a unilatéralement augmenté le prix de 2 000 à 5 000 FCFA par camion vide.
Le second sujet, le plus crucial abordé lors de cette rencontre, portait sur celui des 82 camions maliens chargés, bloqués à Pogo dont 62 ont fait trois jours et 17 citernes libérés le lendemain. Ces camions bloqués par la Douane Ivoirienne à Pogo, le 12 Septembre dernier, étaient en provenance d’Abidjan. Selon nos sources, cela pour avoir refusé de payer 12 000 FCFA par camion en guise de frais de signature des acquits. Cette nouvelle a suscité une vive tension au niveau entre autres de l’office Ivoirien des chargeurs(OIC), le conseil malien des chargeurs (CMC) et chez les syndicats des transporteurs maliens ainsi que la Douane. De ce fait, ceux-ci ont demandé aux camionneurs de ne rien payer en attendant qu’ils acquièrent les preuves justificatives de cette décision et la destination de la somme payée. Ensuite, compte tenu de la nature des marchandises bloquées, ils ont tenté d’entamer une négociation avec les douaniers ivoiriens en leur demandant de rabaisser le montant proposé de 12 000 F CFA à 2000 FCFA. Cette demande n’a pas reçu d’issue favorable auprès des nouveaux gabelous ivoiriens.
Le nouveau chef de brigade de la Douane de Pogo fonde son refus sur le fait que ”les camions Ivoiriens sont rackettés au Mali”. Sans preuve.
Le courroux des chargeurs et transporteurs maliens et ivoiriens s’explique aussi par le fait que cette mesure des douaniers ivoiriens ne relèverait pas de leur compétence, mais plutôt de celle de la gendarmerie et de la police Ivoirienne. En plus, ils affirment que ces camions dont les cargaisons sont destinées au Mali, doivent avoir plus de problème avec la douane malienne que celle de la Côte d’Ivoire, dont la tâche doit se limiter uniquement aux vérifications des papiers.
Ces Douaniers, selon nos sources, seraient des anciens rebelles qui n’ont aucune qualification et n’ont reçu aucune formation digne de ce nom.
A signaler que les 82 camions contiennent des marchandises diverses:
Riz blanc: 29; Sucre: 04; Huile de palme: 06; Huile: 02; Blé: 05; Pate Alimentaire: 01; Cube Maggy: 04; Engrais: 03; Savons: 02; Chaussures: 01; Fil à machine: 04; Huile de Gras: 02; Tracteurs: 02 et 17 Citernes de carburant.
Boubacar Yalkoué