La circulation en ville à Bamako est un vrai problème. Il faut parfois plusieurs heures pour traverser la capitale malienne aux heures de pointe. Le centre commercial se passe de tout commentaire, tant il ressemble à une véritable jungle digne de la forêt vierge amazonienne. Des véhicules de transport public qui se garent souvent partout, des trottoirs occupés de façon anarchique, des commerçants ambulants poussant leurs chariots et des deux roues plus pressés que tout le monde…Un vrai casse-tête pour toutes les autorités qui se sont succédé aux commandes de la capitale. Que faire pour réduire un tant soit peu les embouteillages ?
Le président malien, Amadou Toumani Touré, était en visite à Strasbourg. Il s’est rendu au parlement européen où il s’est montré très intéressé par le tramway de cette ville de l’est de la France, un moyen de transport écolo et efficace. L’affaire est sérieuse puisque le président Amadou Toumani Touré est même allé visiter le siège de la société Lohr, le spécialiste des tramways sur pneus. Et apparemment, le projet est en bonne voie. Une ligne de dix kilomètres traversant du nord au sud l’agglomération de Bamako, de la gare centrale aux quartiers sud en passant par le pont des martyrs : c’est l’axe majeur qui ressort de l’étude de faisabilité de la société Lohr. Des techniciens et ingénieurs de cette entreprise alsacienne ont passé plusieurs mois sur place, pour étudier au plus près les contraintes et les besoins des autorités maliennes avec un objectif : faire voyager 100.000 voyageurs par jour. Car, en quelques années, Bamako est devenue une grosse agglomération à la circulation anarchique, comme l’explique Adama Sangaré, le maire de Bamako : « le matin, de sept heures à neuf heures, sur les deux ponts la situation est très difficile. De quinze heures trente à dix-huit heures, la traversée du pont peut prendre souvent de trente minutes à une heure. Donc, nous avons pensé que la meilleure manière, c’est de renforcer les capacités en matière de transport public ». C’est en voyant le tramway de Strasbourg, il y a deux ans, que le chef de l’Etat malien a eu l’intuition d’une telle réalisation pour sa capitale. La ville de Strasbourg a aidé le Mali à financer les premières études préliminaires. Selon Jean-François Argence, directeur commercial de la société Lohr, la construction d’un tramway sur pneu est parfaitement adaptée à une ville comme Bamako : « on utiliserait le pont des martyrs pour cette ligne, sur lequel en termes de poids supportable par le pont et en termes de largeur de pont, seule la solution de tramway sur pneus pourrait fonctionner ». L’Etat malien est en train de rassembler les partenaires publics et privés à s’engager dans cette aventure, pour faire de Bamako la vitrine africaine des transports urbains modernes.
Oumou sangho