Le président sortant du Conseil malien des Chargeurs (CMC), Ousmane Babalaye Daou, sursois à la longue procédure judiciaire en cours contre le candidat de la liste A, Bourama Monkoro survenue à l’issue de l’élection consulaire du 30 octobre 2022. Une fumée blanche sort désormais du CMC.
Cette décision de Babalaye Daou que beaucoup qualifient de « patriotique » et « historique » dans les annales du monde des affaires malien, a été prise le jeudi 19 mai. Pour en arriver là, M. Daou a écouté la voie de la raison et non celle de son cœur. « C’est une décision personnelle que j’ai prise après concertation avec les membres de mon bureau, des proches et d’autres camarades commerçants. Surtout l’appel à la cohésion des plus hautes autorités, la gestion de l’après embargo très importante pour notre secteur presque à l’agonie, ont été déterminants dans ma prise de décision », a témoigné le désormais ancien président du CMC. Pour lui, il fallait « s’effacer, oublier ses intérêts personnels au profit de l’intérêt supérieur de l’Etat qui traverse des moments difficiles ».
Le successeur d’Amadou Djigué (paix à son âme), premier président du CMC créé en 2004 et qui a présidé ses destinées pendant deux mandats consécutifs participe ainsi en sa manière à l’apaisement du climat social. Ce geste paraît peu surprenant pour celui qui connait ce sexagénaire qui a écrit les plus belles pages du CMC logé dans du neuf (construction d’un siège en R+3 sur fonds propres), doté de visibilité dont le nom résonne dans les rencontres internationales comme étant une référence mondiale à travers l’approvisionnement du pays pour relever le défi de l’enclavement. Avec son expertise avérée, Babalaye Daou peut encore rendre d’immenses services à l’Etat quelles que soient les responsabilités à lui confiées. Il a évolué toute sa vie durant dans le négoce et dirige depuis plus de trente ans sa propre société de tierce détention et d’agro-business.
Babalaye Daou était opposé au candidat de la liste A, Bourama Mounkoro à l’élection consulaire des membres du bureau de Bamako. Ce scrutin à l’issue duquel la liste de Bourama Mounkoro élue a été mise en cause par M. Daou sur la base de différentes irrégularités matérielles. Ce litige, qui a fait le tour du tribunal administratif, la Cour d’Appel et la Cour suprême a empêché la mise en place du nouveau bureau du CMC. Ce vide juridique a abouti à la mise en place d’une administration provisoire le 10 novembre pour six mois. Celle-ci a épuisé son mandat dont la prorogation est en cours.
Selon le décret n°99-426/P-RM du 29 décembre 1999 portant création du CMC, le bureau consulaire du CMC est composé des membres consulaires élus avec résidence à Bamako. Ce qui sous-entend que légalement, rien ne s’oppose à la mise en place du nouveau bureau après l’arrêt de procédure judiciaire de M. Daou. Cependant, les contentieux non vidés à Kayes et Ségou demeurent les seules entraves. Pour cause, le ministre de l’Equipement et des Infrastructures, Madina Sissoko, voudrait attendre la fin de tous les litiges. C’est pourquoi il était question ces derniers jours, de proroger le mandat de l’administration provisoire. Qu’adviendra-t-il ? Wait and see.
Abdrahamane Dicko