Notre publication de la semaine dernière concernant le Conseil malien des chargeurs (CMC) a suscité beaucoup de réactions. En effet, nombreux sont nos lecteurs qui apprécient à sa juste valeur le projet de programme présenté par le candidat Bourama Mounkoro, parce que dans l’air du temps, mais se demandent en même temps : pourquoi les nouveaux membres élus de l’Assemblée consulaire ne sont pas encore installés dans leurs fonctions.
Il convient de rappeler qu’auparavant, le président du Conseil malien des chargeurs (CMC) et son équipe du Bureau exécutif restaient en poste jusqu’à l’installation d’un nouveau Bureau. En d’autres termes, en cas de contentieux électoral, le président sortant s’offrait ainsi une prolongation légale qui pouvait durer deux bonnes années, le temps que le long feuilleton judiciaire déroule son dernier épisode.
Mais cette disposition a été purement et simplement gommée des textes suite aux réformes introduites par le ministère des Transports, dans le cadre d’un processus de toilettage des textes. C’est pourquoi, conformément aux nouvelles dispositions prévues par les textes actualisés régissant le fonctionnement du Conseil malien des chargeurs (CMC), une administration provisoire est installée en attendant la fin du processus électoral. Puisque la justice a été saisie et il fallait donc une équipe désignée par la tutelle pour assurer la gestion des affaires courantes. Une mesure bien accueillie parce que justifiée et opportune.
Mais « chat échaudé craint l’eau froide », dit-on. C’est pour rappeler que dans les milieux des opérateurs économiques en général et des chargeurs en particulier, on commence à grincer des dents, de peur que cette administration provisoire ne s’éternise, comme ce fut le cas il y a quelques années à la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, où le seul bilan véritablement connu est la possibilité offerte à des gens, imposés par l’Etat, de s’enrichir, surtout lorsque c’est connu qu’il y en avait qui ont été tirés d’une galère financière parce qu’au chômage ou à la retraite.
La construction du Nouveau Mali tant clamé ne doit donc pas commettre ce genre d’erreur. En effet, la refondation implique une démarche de rupture pour convaincre les citoyens que, désormais, rien ne sera plus comme avant.
Nous n’avons rien contre l’administration provisoire installée au Conseil malien des chargeurs, mais il reste incompréhensible que des élus ne soient pas installés pendant que des gens qui se trouvent être parachutés, pour un laps de temps, chercheraient à s’y éterniser.
Le processus électoral est désormais terminé puisque les différents arrêts rendus par la Cour suprême concernant les élections dans le district de Bamako, dans les régions de Kayes et de Ségou, ont clos les différentes procédures judiciaires, faute de nouveaux recours dans les délais impartis.
C’est un honneur pour la Transition d’avoir laissé le processus électoral suivre son cours normal jusqu’au dévoilement du denier épisode du feuilleton judiciaire, sans aucune interférence des pouvoirs publics. Ce qui n’était pas toujours le cas car il était rare de voir le ministre de tutelle d’une chambre consulaire afficher autant de neutralité, comme l’a fait Mme Dembélé, ministre des Transports, pour en arriver à ce résultat salutaire en déjouant tous les pièges posés devant elle.
Seulement, tant que l’Assemblée consulaire n’est pas installée, tout cela peut avoir un goût d’inachevé. Et peut-être que nous aurions dû attendre la mise en place du Bureau exécutif au CMC pour bien lui tresser une couronne de lauriers.
Car, avec ces histoires d’élections dans le monde de nos opérateurs économiques où la trahison et les dénégations au nom des intérêts personnels sont quasiment érigées en règle et peuvent surgir à tout moment, la chienlit n’est jamais loin.
Cheick B. CISSE