Compagnie Malienne de Navigation (COMANAV) : Le retour du Matelot

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Depuis le 11 août 2010, la Compagnie Malienne de Navigation était sans PDG. Et pour cause. Celle qui la dirigeait, (la première et unique dame matélot du Mali) Mme Dembélé Goundo Diallo, avait été suspendue de ses fonctions jusqu’à nouvel ordre.

Motif de cette suspension : elle aurait fait recours auprès de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics contre son département de tutelle qui aurait  falsifié les dossiers d’appels d’offres pour l’acquisition de 3 bateaux à faible tirant d’eau au profit de la COMANAV).

9 mois après l’événement qui a secoué la COMANAV et  révolté ses travailleurs, la suspension de Madame a été levée le 11 mai dernier.

Les raisons d’une sanction du reste abusive.

En effet, sur les fonds issus de la vente de la SOTELMA, l’Etat Malien avait mis à la disposition du Ministère de l’Equipement et des Transports des fonds (3 milliards de FCFA) pour l’acquisition de bateaux à faible tirant d’eau.

Ainsi, des dossiers d’appels d’offres ont été préparés par la Direction de la COMANAV puis envoyés au département de tutelle, le Ministère de l’Equipement et des Transports.

Chose bizarre et illégale, ledit ministère, aurait falsifié les dossiers d’appels d’offres en changeant la nature de la commande.

Au lieu de bateaux en fibre de verres plastifiés, (comme le recommandait la Direction de la Compagnie Malienne de Navigation) ce sont des bateaux en acier qui ont été commandés.

A en croire nos sources, les bateaux commandés par la COMANAV, (en fibre de verres plastifiés) sont, non seulement moins chers, mais aussi plus rapides parce que légers et peuvent naviguer pendant 8 mois sur les eaux du fleuve Niger.

Mieux, ils sont à même de transporter plus de 100 passagers avec 50 tonnes de marchandises.
Et, d’après les techniciens en la matière ces bateaux peuvent relier Koulikoro-Tombouctou en deux jours, (contre 4 jours actuellement) un regain incroyable de temps

Quant à ceux en acier (les bateaux commandés par le ministère) ils sont chers, et, au lieu de 3 bateaux, l’on ne peut acquérir que 2. 

Pire, ils sont lourds et lents, et n’excèdent pas les 3 mois de navigation, (par campagne) comme d’ailleurs, les bateaux dont disposent actuellement la COMANAV.

Voilà entre autres les raisons qui auraient motivé la déposition d’un tel recours par la PDG de la COMANAV.

Mieux, Madame Dembélé a été soutenue dans ce sens par l’article n°08-485/P-RM du 11 août 2008 qui dispose que « les services bénéficiaires élaborent les dossiers d’appels d’offres, rédigent les procès verbaux de dépouillement et de jugement des offres et préparent les contrats de marchés ».
Aussi, à l’occasion de la 37è Conseil d’Administration de la COMANAV, tenue le 14 avril 2010 à Koulikoro dans les locaux de la compagnie, il a été instruit à Mme Dembélé Goundo Diallo, PDG de la COMANAV, de piloter le dossier d’appels d’offres pour en assurer une exécution diligente et concrète, en vue de l’acquisition dans les délais, des bateaux à faible tirant d’eau.

En outre, en tant que société jouissant de la personnalité civile et de l’autonomie financière, la COMANAV n’est pas inscrite sur le budget national. Ce qui lui confère le droit de gérer tout ce qui la concerne et de faire recours à qui de droit en cas de piétinement de son droit.

Mais, sans se soucier du droit de cette société et des avantages des bateaux en fibre de verres plastifiés, la DAF (balayée) du Ministère de l’Equipement et des Transports a lancé un appel d’offres restreint pour l’acquisition de bateaux en acier au profit de la COMANAV.

Par respect, pour sa hiérarchie, la direction de la COMANAV avait saisi sa tutelle, en juillet 2010, pour lui soumettre ses réserves sur le dossier d’appel d’offres restreint.

La requête est demeurée sans réponse.
Curieusement cependant, en début du mois d’août 2010, l’ex DAF du ministre de l’Equipement et des Transports a invité la COMANAV à donner les noms de ses représentants devant faire partie de la commission de dépouillement et de jugement des offres.

C’est alors que, la COMANAV a saisi le comité de règlement des différends d’un recours contre le dossier d’appel d’offres restreint initié par la DAF de son Ministère pour le compte de la COMANAV.
Sans surprise, considérant qu’il n’est pas contesté que la COMANAV est le bénéficiaire du marché objet de contestation, que la qualité de bénéficiaire de cette société ressort clairement de l’intitulé du dossier d’appel d’offres restreint relatif à l’acquisition de bateaux à faible tirant d’eau au profit de la COMANAV, que la qualité de bénéficiaire de la COMANAV ne fait l’ombre d’aucun doute, et que, la COMANAV n’excède pas ses compétences, ledit comité de règlement a purement et simplement annulé la procédure de passation du marché enclenchée par le Ministère et a ordonné sa reprise, conformément à la règlementation en vigueur.

C’est ainsi que, à en croire nos sources, parce que blessé dans son amour propre, le ministère de l’Equipement a tout simplement décidé de suspendre la PDG de la COMANAV jusqu’à nouvel ordre.
Certaines sources étaient même allées plus loin et affirmaient qu’en fait, c‘était tout simplement le fauteuil de PDG de la COMANAV qui était convoité.
En tous les cas, la brave dame réputée ne jamais abdiquer devant l’injustice et l’abus de pouvoir aura tenu jusqu’au bout.

Unaniment appréciée et respectée à la COMANAV pour son humilité et sa rigueur dans la gestion de la Compagnie, l’annonce du retour de Mme Dembélé à son poste a été accueilli avec soulagement par ses collaborateurs.

Sankaré  

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