Compagnie Malienne de Navigation (COMANAV): Au secours!

0

À cause de l’insécurité totale dans laquelle vivent les populations des régions de Tombouctou, Gao et Kidal raison principale de son existence, cette année, la Compagnie Malienne de Navigation (COMANAV) n’a pas effectué sa campagne de transport fluvial.

Après cinquante ans d’activités, oublié de tous et par tous, ce symbole de la souveraineté nationale est de nos jours, presque au fond de l’eau.   

Après 7 mois “d’hibernation” la Compagnie Malienne de Navigation (COMANAV) devrait en principe entrer en activité depuis août dernier à Mopti, en ouvrant sa campagne de transport fluvial à travers le premier voyage d’un de ses trois bateaux courriers.

L’énorme “ville flottante” devrait regagner la ville de Tombouctou après un voyage de 2 jours, en passant par Akka, Niafunké, Tonka Diré, toutes, des localités fortement enclavées.

Une semaine après, tous les mardis, un des trois bateaux (le Général A.Soumaré, le Kankan Moussa, le Tombouctou), devrait lever l’ancre à partir de Koulikoro pour relier Tombouctou, puis Gao, en desservant plus d’une trentaine de localités situées le long du fleuve Niger.

Cette activité de transport de la COMANAV devrait permettre aux populations des régions nord qui subissent le poids de l’enclavement (en terme de coûts exhorbitants des produits vivriers, de matériels, de constructions et autres) de connaître un certain soulagement.

Hélas, avec la situation d’insécurité qui prévaut dans cette partie de notre pays, la COMANAV n’est pas entrée cette année en activité.

Et pour cause. Déjà la Compagnie avait plusieurs fois fait l’objet d’attaques meurtrières de la part des rebelles et autres bandits au cours des années 1990. Cela, malgré la présence à bord des bateaux des forces armées et de sécurité.

A l’époque d’ailleurs, aucune région du Nord n’avait été occupée par les terroristes.

Le risque serait donc énorme par ces temps, si la COMANAV tentait cette année de mener sa campagne de transport fluvial.

Face à la situation, une bonne partie de nos populations dont la vie est liée au transport par voie fluviale, se voit contrainte d’emprunter des pinasses, pirogues et autres « Sotramas » flottants.

Et le drame, c’est que, ces pinasses, pirogues et autres « engins », dépourvus de tout dispositif de sécurité, finissent très souvent leurs voyages, sous les eaux du Djoliba.

Mais, les populations des régions Nord de notre pays n’ont cette année, pas le choix.

Elles devront, à leur risque et péril emprunter les pinasses et pirogues de la mort.

Au même moment… c’est, toute une compagnie qui assure le pain quotidien à des centaines d’employés et à des milliers de Maliens qui n’ayant plus rien, n’a rien à donner.

L’injustice

Et pourtant, comme par ironie du sort, cette année, selon la Direction Générale de la COMANAV que nous avons approchée, les conditions de navigation fluviale sont excellentes à cause des fortes pluies et une crue exceptionnelle.

Hélas, explique l’unique femme matelot du Mali (la PDG): “la COMANAV a été créée avec pour mission essentielle de désenclaver les régions nord du Mali, mais ces régions étant actuellement entre les mains de terroristes et d’autre bandits armées, il serait absurde de prendre le risque de mener notre campagne fluviale. D’ailleurs pourquoi prendre ce risque, puisque nous n’avons ni fret, ni passagers pour nos destinations habituelles ? D’ailleurs, les partenaires avec qui nous travaillons au développement socio-économique de la zone ont tous quitté les lieus. C’est dire que la COMANAV est bloquée. Autres précisions, depuis trois ans, voire plus, les touristes qui constituaient une partie importante de nos clients ne partent plus vers ces régions. A titre d’exemple, pendant toute la campagne 2011, nous n’avons reçu qu’un seul couple d’étranger à bord de nos bateaux. C’est dire que la COMANAV est l’une des sociétés ayant ressenti les effets de l’insécurité au nord, et cela, bien avant l’occupation armée.”

Quand on sait que la COMANAV étant une société d’Etat à 100% a toujours été chargée de payer elle-même ses travailleurs, en a-t-elle aujourd’hui les moyens ? Alors qu’elle ne mène aucune activité ?

C’est avec une vive émotion que la PDG de la Compagnie nous répond : “cette compagnie existe encore grâce à l’engagement et au patriotisme de son personnel. Aujourd’hui, pour faire face à la situation, nous avons dû redéployer le personnel permanent et remercier l’ensemble des contractuels. Ainsi, des commissaires de bateaux sont redéployés comme gardiens, plantons  ou autres. Mais, malgré ce sacrifice qu’ont accepté de consentir les travailleurs, la COMANAV se trouve menacée de cessation de paiement.

Les travailleurs de la COMANAV sont des victimes de l’insécurité au nord et par conséquent, ils doivent être traités comme tels, à l’instar des travailleurs des régions de Gao, Tombouctou et Kidal. Je souhaite ardemment que leurs salaires leur soient payés par l’Etat malien comme c’est le cas de tous ces travailleurs des régions nord sans activité et qui continuent de bénéficier de leurs salaires.”

Toujours selon la Direction Générale de la compagnie, un budget de crise a été soumis aux autorités compétentes. Le financement de ce budget de crise permettra d’assurer  les dépenses de fonctionnement pendant une année. La suite est attendue.

En attendant, la COMANAV s’est engagée dans une campagne de sensibilisation auprès de ses débiteurs.

“Nous remercions le Ministère de la Défense et des Anciens Combattants qui a été sensible à notre situation  et accepté d’examiner nos factures impayées. Mais aujourd’hui, l’heure est grave et sans une réaction urgente de l’Etat en faveur de la compagnie, il va de soi que dans les prochains mois ce sont des chefs de famille qui ont consacré toute leur vie à ladite compagnie qui n’auront plus de ressources pour subvenir aux besoins de leurs familles.”

Commentaires via Facebook :