291 accidents de la circulation sur lesquels 17 personnes ont perdu la vie courant le seul mois de septembre 2007, tel le triste tableau des nombreux et fréquents cas d’accidents de la voie publique qui passent pour devenir le lot quotidien des populations de la ville de Bamako.
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La circulation routière et la gestion des cas d’accidents quotidiens, continuent de constituer un véritable défi pour les autorités du pays. Il ne se passe de jour à Bamako sans qu’on assiste à un cas d’accident plus ou moins grave de la voie publique. Les populations de la capitale sont du coup devenues très familières des incessantes valses des ambulances et véhicules de la protection civile.
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Problème d’urbanisation de la ville, faiblesse du réseau routier, vétusté du parc auto etc, chacun y va de son explication pour tenter de cerner les causes d’un phénomène qui atteint aujourd’hui des proportions inquiétantes.
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Analysant la fréquence des accidents de la circulation routière sur le territoire national en général et dans la capitale en particulier, le président de l’Association malienne pour la sensibilisation et l’indemnisation des victimes de la circulation routière (Caprives), Moussa Ben Deka Diabaté, a reconnu un phénomène qui prend aujourd’hui des proportions inquiétantes. Rien que pour l’année 2006, il a été recensé un total de 17.512 cas sur l’ensemble du pays, avec un taux assez élevé de morts (9.427) et de blessés (31.608).
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Les registres de sorties des deux compagnies des sapeurs pompiers de Dravéla et de Sogoninko confirment cette montée en flèche des cas d’accidents de la circulation qui sont estimés, à 291 cas dont 17 décès.
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Au service des urgences du centre hospitalier et universitaire Gabriel Touré, les accidentés de la voie publique se comptent par dizaines. Difficile de trouver un lit de malade qui ne soit déjà occupé, pour la période allant du 1er au 30 septembre dernier.
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L’activité du service des urgences de l’hôpital Gabriel Touré est à 52% dominé par la gestion des cas d’accidents de la circulation. Un taux sur lequel, confie l’adjoint du chef du service des urgences, docteur Mohamed Cissé, 15% représentent des cas d’extrême gravité nécessitant soit une hospitalisation immédiate soit une réanimation.
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Les cas de traumatismes crâniens, de fractures de membres, de contusions thoraco-abodominales…, sont, de l’avis du médecin urgentiste, les cas les plus fréquemment rencontrés.
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Au fil des pages du registre d’arrivée des malades, le docteur Cissé qui nous a fait visiter la salle de soins où étaient disposés de part et d’autre des accidentés pratiquement inconscients, s’est arrêté sur le cas très peu flatteur de ce mois d’octobre qui aura été jalonné de graves accidents de la voie publique. Pour lui, rien que dans la journée du 02 octobre, le service des urgences avait enregistré un total de 71 accidents dont 50 de la voie publique. Dans la journée du 04 octobre, 76 autres sont arrivés aux urgences dont 34 de la voie publique.
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« Le phénomène des accidents de la circulation a déjà dépassé, chez nous, le seuil de l’alerte », souligne le Dr Cissé. Pour lui, le service des urgences est le maillon faible de la chaîne de prévention car, il n’entre en jeu que pour constater les dégâts. « Lorsqu’on nous amène un accidenté, nous ne pouvons que faire notre travail d’homme de santé. Mais quant à ce qu’il faut pour endiguer le mal, je pense en toute honnêteté que la faute se trouve au niveau de notre administration qui s’illustre par sa passivité face à certains comportements dignes du laisser aller» observe-t-il. Pour le docteur Cissé le seul fait que les citoyens ne portent pas une pièce d’identification sur eux est suffisamment évocateur de ce manque de rigueur de nos autorités. « Nous sommes souvent très embarrassés de constater que parmi les nombreux accidentés qu’on nous amènent ici il y a un fort taux de personnes qui ne portent aucune pièce sur elles », dénonce notre interlocuteur qui invite l’Etat à prendre les dispositions pour que cette situation change.
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« Que voulez-vous. Depuis que le petit chinois a inventé puis déversé son ‘Djakarta’ chez nous, la jeunesse Bamakoise a été livrée à la mort », analyse le vieux Siriman Traoré, assis devant sa concession à Samé, un quartier populaire qui se compte parmi les plus « accidentogènes » de la capitale.
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« L’équation des accidents de la voie publique ne sera jamais réglée tant que les autorités compétentes et nous-mêmes les parents ne nous assumons pas », martèle-t-il avant de poursuivre : « du temps de la première République les parents ont la parfaite maîtrise sur leurs enfants. Mais, aujourd’hui le constat est bien triste avec des enfants qui n’écoutent plus leurs parents qui, eux-mêmes ne distinguent plus le bien du mal pour leurs enfants ».
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Partout à travers la ville de Bamako, sont disposés des agents de la Compagnie de la circulation routière (CCR) chargés de veiller scrupuleusement sur l’observation, par les usagers, des dispositions réglementaires de la circulation. L’apport de ces agents communément appelés Ccr est aujourd’hui peu connu du grand public qui n’y voit que des rançonneurs. Bien au contraire, ces agents ont une utilité double dans la circulation. Non seulement ils veillent au respect du code de la route mais mieux, en cas d’accident ils sont les premiers à intervenir avant même l’arrivée des agents de la protection civile chargés de l’évacuation. Avec leurs notions élémentaires en secourisme, ils sont les premiers à être sur le théâtre des opérations. Lorsqu’il y a une victime humaine dont la vie est gravement menacée, les agents de la Ccr avertissent eux-mêmes le service de la protection civile. Si celle-ci prend du retard, les agents Ccr, après en avoir avisé le commissariat territorialement compétent et délimité les traces des roues des engins en cause, transportent d’urgence le blessé au niveau d’un centre de santé pour les premiers soins médicaux.
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« L’accident de la voie publique est la collusion entre véhicules ou entre véhicules et engins à deux roues. Il peut aussi arriver que ce soit une collusion entre un engin et un piéton » explique le premier responsable de la Compagnie de la circulation routière, le commandant Mohamed Kouréichi qui fait, au passage, la distinction entre les accidents qui ne causent que des dégâts matériels et les accidents corporels avec mort d’hommes.
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Cette dernière catégorie est naturellement la plus grave. Plusieurs causes sont à la base des accidents de la voie publique. Pèle mêle, Kouréichi cite l’incivisme des usagers, la méconnaissance des textes législatifs et réglementaires régissant la circulation routière, l’ignorance du sens des feux tricolores et des panneaux de signalisation, l’étroitesse de nos routes et l’occupation anarchique des trottoirs pour piétons…Sy ajoutent la négligence dans la vérification du système de freinage des engins, le non respect par les motocyclistes de l’espace qui leur est affecté, l’excès de vitesse, le cas des usagers qui jettent des peaux de bananes sur la voie, l’abandon des enfants au niveau des sièges arrières lesquels jouent souvent à ouvrir les portières de la voiture. Les motocyclistes qui viennent le plus souvent à toute allure viennent cogner la portière.
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Causant presque le tournis chez les populations, les accidents de la circulation passe pour être un vrai défi de développement de notre pays quant on sait que la couche la plus laborieuse les jeunes, se compte en grand nombre parmi les victimes.
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Cheville ouvrière en cas d’accident, la protection civile se bat avec les moyens de bord pour apporter en temps réel les blessés graves au niveau des centres hospitaliers. Dotés uniquement de deux ambulances pour toute la ville de Bamako, les services des sapeurs pompiers des résultats appréciables.
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Pour le Lieutenant Daouda Togola, commandant de la première compagnie des sapeurs pompiers de Dravéla, outre les cas d’excès de vitesse, du non port de la ceinture de sécurité et du casque et du non respect du code de la route ; l’usage du téléphone portable au volant est aussi à la base de nombreux cas graves d’accidents de la circulation.
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A ces causes bien connues, vient s’ajouter la tendance de plus en plus répandue de certains usagers à tricher dans les visites techniques de leurs véhicules.
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Pour passer la visite technique, il n’est pas rare, explique le Lt Togola, de voir certains emprunter le matériel manquant chez une autre personne ou dans une quincaillerie. Togola épingle également la mauvaise qualité de nos bitumes et les conditions peu transparentes dans lesquelles les permis de conduire sont délivrés.
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Pour la plupart des gens interrogés, ce sont la négligence des autorités et l’incivisme des usagers, qui justifient la multiplication des accidents de la circulation.
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Enseignant dans un lycée privé de Kalaban, Adama Tounkara estime que l’équation des accidents de la voie publique sera résolue le jour où chacun acceptera, de devenir citoyen au vrai sens du terme. « Comment peut-on sortir de cet engrenage quand on sait qu’on est dans un pays où personne ne respecte plus rien : sens interdits violés, panneaux de signalisation déracinés, feux tricolores brisés à chaque mouvement d’humeur… » dénonce-t-il.
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« Nous sommes tous responsables de cette situation ». C’est en ces termes que l’infirmier à la retraite, Seydou Dembélé, résume la fréquence des accidents de la circulation. Pour lui, depuis belle lurette, le bon citoyen a disparu. Auparavant, se souvient-t-il, tout ce que l’Etat décide était scrupuleusement respecté. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. On se plaît même à défier les pouvoirs publics. Ce qui est très regrettable, conclut-il.
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Oumar Diamoye
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