Un cadeau empoisonné : tel est le sentiment de nombreux citadins après l’annonce par les autorités de la mairie de Bamako de mesures drastiques visant à réduire les accidents de la circulation. Apparemment, Moussa Badoulaye Traoré et ses collègues ne craignent pas l’eau qui dort.
Les nouvelles mesures n’annoncent rien de bon pour les motocyclistes du district. Ils devront, en effet, faire face, comme l’écrivait « Le Républicain », dans sa parution du 8 janvier 2007, aux « errements » et aux « dérives » de Moussa Badoulaye Traoré, le maire du district. Dans un message télévisé samedi dernier, ce dernier a édicté un certain nombre de mesures imposables en 2007 pour réduire les nombreux cas d’accidents de la circulation dans la capitale.
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Il s’agit du port obligatoire du casque, de l’institution du permis de conduire pour motocyclistes, de l’immatriculation des engins à deux roues. Des mesures jugées « irréfléchies, inopportunes et impopulaires » par des motocyclistes qui mettent déjà en garde le maire contre un soulèvement populaire.
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« Nous en avons vraiment assez. Les gens sont fatigués, ils n’ont pas d’argent. Si le maire veut sortir par la grande porte, alors qu’il nous colle la paix. Où a-t-on vu un permis de conduire ou une immatriculation réduire les accidents ? », fulmine Issa Traoré, qui ajoute que « ce n’est pas sur le dos des motocyclistes que le maire va renflouer ses caisses et préparer sa réélection. Nous n’allons pas nous laisser faire ».
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Son collègue enchaîne, « en cette période de vaches maigres où les gens n’arrivent pas à joindre les deux bouts, le maire risque de creuser sa propre tombe. A la limite, je suis d’accord pour le port des casques même si cela n’engage que le propriétaire de l’engin. Les autres, rien. On va donner l’opportunité à certains de s’enrichir sur le dos des pauvres citoyens en vendant les permis et en spéculant sur les plaques d’immatriculation. Le maire doit revoir sa copie », prévient-il.
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Véhémentes protestations
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Le permis de conduire coûte environ 30 000 F CFA (tarif appliqué par l’auto-école Les Caprives). Le casque est vendu entre 7500 et 10 000 F CFA sur le marché. Le coût minimum de la plaque d’immatriculation s’élève à 9000 F CFA, sans compter la vignette de 6000 F CFA. Ainsi, les motocyclistes devront débourser au total près de 60 000 F CFA cette année pour pouvoir circuler ou à défaut ranger leurs engins dans leurs garages.
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« Le maire et le conseil municipal oublient que la moto est un moyen de transport social. Ces mesures ne résolvent rien et ils doivent savoir que toute mesure qui ne prend pas en compte les réalités socio-économiques des populations est vouée à l’échec. Il ne s’agit pas d’aller s’inspirer des mesures dépassées en Europe pour venir nous les imposer ici, ça ne peut pas marcher », proteste M. B., un journaliste. Il se demande, par ailleurs, ce que veut le maire en imposant ces mesures impopulaires en cette année électorale. « Provoquer la colère de ses administrés ou susciter une émeute ? »
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Abondant dans le même sens, un autre motocycliste, Yacouba Diarra, soutient que « ces mesures ne feront que créer des problèmes. C’est vrai qu’il y a de l’incivisme mais ce n’est ni le permis ni l’immatriculation qui va réduire cet état de fait. On doit plutôt chercher à éduquer les motocyclistes sur les règles de la circulation et à définir des pistes pour les engins à deux roues ».
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L’application de ces mesures va surtout frapper les élèves et étudiants qui détiennent le plus grand nombre d’engins à deux roues. Et ce sont eux les premiers qui attendent de pieds fermes le maire du district, Moussa Badoulaye Traoré.
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« Je ne vois pas dans quel sens ces mesures peuvent réduire les accidents de la circulation. Au meilleur moment, nous proposerons au maire, nous aussi, nos mesures et l’on verra qui aura le dernier mot. S’il ne veut pas mourir, nous sommes prêts à pourrir », menace A. S., un membre du comité AEEM de la Flash.
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En tout état de cause, il est temps que le maire du district se rappelle que certaines expérimentations hasardeuses ou tracasseries peuvent conduire loin… très loin même.
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Sidiki Y. Dembélé
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Il était une fois…
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Par le passé, des hommes dits « forts » ont fait les frais des exactions exercées sur les motocyclistes. L’ex-lieutenant-colonel Tiécoro Bagayoko, tout puissant directeur général des services de sécurité du temps du Comité militaire de libération nationale (CMLN), avait tenté d’imposer le port du casque, une décision alors jugée impopulaire. La suite, on la connaît : il est sorti par la petite porte.
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En sera-t-il de même pour le maire du district, qui revient avec des mesures similaires et même corsées en 2007 ? A-t-il oublié les mésaventures d’Abdoulaye Sacko, dernier gouverneur du district sous le régime du parti unique, qui s’était attaqué aux revendeurs à la sauvette ? Toujours est-il que l’Histoire nous a habitués de répétitions malheureuses, mais des hommes, manifestement, n’ont que dalle de tout ça. Hélas !
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