Il est désormais difficile de circuler à Bamako sans voir les gros porteurs stationnés anarchiquement aux bords des voies publiques et devant les magasins. Appartenant pour la plupart aux opérateurs économiques reconnus de la place, ces engins constituent souvent la cause principale de graves accidents de circulation qui surviennent à longueur de journée dans notre capitale et dans d’autres centres urbains du pays. Faute d’un bon système de freinage, certains de ces poids lourds ont terminé leur course au beau milieu des habitations causant des pertes en vies humaines et d’importants dégâts matériels.
En panne, ils sont également réparés sans la pose préalable des signaux d’indication qui permettent aux autres usagers de dévier ou de faire attention. Par ce fait, ils sont à l’origine des embouteillages surtout à des heures de pointe. À cause du non respect de leurs tonnages, ils abiment aussi nos bitumes qui souffrent déjà de mauvaise qualité et de mauvaise conception qui sont tolérées par les sociétés d’exécution et les bureaux de contrôle.
Pourtant, le régime de l’ancien président Alpha Oumar Konaré avait instauré une règlementation. Selon cette mesure, les gros porteurs doivent se mouvoir seulement à partir de minuit, et ce, afin de rendre fluide la circulation urbaine et de diminuer le nombre d’accidents. Cette mesure est-elle foulée aux pieds par les autorités chargées de la sécurité routière en échange des pots de vin? Difficile de répondre.
En tout cas, dans certains quartiers de Bamako de violents affrontements se sont produits entre les habitants et les conducteurs des gros porteurs qui font stationner anarchiquement leurs engins aux bords des voies. Comme pour ne rien arranger, les sanctions prises pour endiguer ce phénomène restent encore inefficaces car, certains gros porteurs appartiennent à des membres du gouvernement ou à leurs proches. Au Mali, ceux qui élaborent les textes sont les premiers à les transgresser afin de satisfaire leurs intérêts. C’est le triste constat fait par le citoyen lambda.
D’autre part, il faut signaler que la pénombre créée par ces stationnements anarchiques est devenue des nids pour des prostitués et des malfrats. Quant à certains apprentis chargés de veiller sur les engins durant la nuit, ils n’hésitent pas à vouloir abuser les aides ménagères qui sortent la nuit. Les campagnes de sensibilisation étant sans impact l’heure est-elle à la répression?
Souleymane DIARRASSOUBA