Le corridor Bamako- Dakar, a connu un coup de froid, ces derniers temps. Des dizaines de gros porteurs étant interdits de rentrer sur le territoire sénégalais, avec leur surplus de carburant. Et, pour donner un coup de fouet à nos relations séculaires de bon voisinage ( ?), le Mali a envoyé le Général Sada Samaké, ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, en lieu et place de celui du Transport, lui aussi, Général de son état, pour accorder les violons.
Venue, pour trouver un compromis entre Dakar et Bamako, la délégation est retournée avec des ordres à faire exécuter. « A partir du 5 mars, aucun transporteur malien, ne devra avoir un autre réservoir contenant du carburant, en dehors des deux réservoirs connectés au moteur. A partir de maintenant, il ne sera plus autorisé d’avoir un réservoir qui contient du carburant et qui n’est pas connecté au moteur. Les forces de sécurité vont veiller à l’application stricte de la mesure. Les réservoirs et les bidons seront désormais saisis ».
Bien sûr, Monsieur le ministre de l’Intérieur sénégalais, on ne traite pas ses hôtes de la sorte. Où est passé votre langage diplomatique ? C’est à croire que les Maliens ne le comprenne pas. Peut être vrai, quand on sait que ce message musclé, a trouvé échos favorables auprès de Sada et ses hommes. «Il faut que cette mesure soit appliquée. Reculer la date d’entrée en vigueur de cette mesure, ne me gêne pas. Ce qui me gêne, c’est de ne pas l’appliquer et que le carburant continue d’entrer au Sénégal », a acquiescé Sada Samaké.
Mais, à l’inverse, sa volonté de voir la date reculée, pour permettre à ses compatriotes de prendre le temps de s’approprier cette mesure, n’a pas reçu le quitus de la partie sénégalaise. Résultat : à partir du 05 Mars, tout transporteur pris avec un troisième réservoir contenant de l’essence (qui n’est, généralement, pas connecté au moteur) où des bidons contenant ce liquide précieux, s’expose à faire la taule et à voir sa marchandise saisie.
On se souvient, il y a à peine une année, nos deux pays, franchissait le cap du Transit Routier Inter Etat (TRIE).Un accord qui a pour conséquence majeure la réduction de la taxe d’escorte sur certains produits de grande consommation. Une mesure, qui faisait passer cette taxe de 145 000F à 72 000F.
Faut-il désormais croire que ce gain de nos opérateurs économique, sera réinjecté dans le carburant dans le pays de la Téranga, si tant est que le carburant contenu dans le troisième réservoir, servait à alimenter le moteur. Nos chauffeurs semble- t- il, vendent le surplus de carburant sur le marché « noir » sénégalais et, à moindre coût, accusent les autorités sénégalaises. Une activité (vente de carburant) exclusivement dévolue aux stations services.
Si, aujourd’hui, le carburant coûte moins cher à Bamako qu’à Dakar, pourtant pays côtier, c’est grâce aux subventions de l’Etat et au dépend du contribuable malien. Mais, comment expliquer qu’une minorité s’accapare ce liquide pour le brader en terre étrangère.
S’il y a peu de temps, l’épineuse question des chauffeurs maliens emprisonnés au Sénégal pour transport de drogue, défrayait la chronique, aujourd’hui, c’est cet énième malentendu sur le carburant qui vient se greffer à la liste déjà longue des quiproquos entre les deux pays frères. Pays frère, la preuve, nous avons les mêmes couleurs pour nos drapeaux, nous partageons la même devise (Un peuple – Un But – Une foi) et liés par l’histoire à travers la défunte fédération du Mali et le train Bamako- Dakar.
Parlant de train, nos autorités respectives, s’emploient à redynamiser ce moyen de transport, en témoignent les récentes visites du ministre malien de l’Equipement et des Transport au Sénégal par rapport au ce sujet. Mieux, Macky Sall, récemment en visite en Chine, en a parler avec des entrepreneurs chinois.
Au même moment, la police sénégalaise vient de saisir, pas plus tard que le jeudi 27 février dernier, une quantité de 96 kilogrammes de chanvre indien dans un train en provenance de Bamako.
Mohamed DAGNOKO