Chemin de fer du Niger : TRANSRAIL ‘Peut basculer à tout moment vers le meilleur ou vers le pire’

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Que notre chemin de fer ait des difficultés est un secret de polichinelle que les autorités tentent de masquer par tous les moyens. Pourquoi ?

L’Etat malien parle beaucoup – même s’il ne communique pas, et il fait parler ses caisses à résonnance. Ces princes qui nous gouvernent prennent la parole sans arrêt sur bien de sujet (et leurs propos sont repris, amplifiés et commentés comme il se doit par les médias non libres, ceux d’Etat) mais ils ne parlent presque pas du chemin de fer, de ses perspectives d’avenir et de ses problèmes. L’Etat et la société Transrail vivent en vase clos, coupés du monde malien et frappés d’autisme. Et pourtant, Transrail a des problèmes et cela ne sert à rien de les cacher ; car ‘Un cadavre qui se cache de ceux qui ont la charge de le laver, ira sale à l’au-delà’, dit le proverbe. Mais pour continuer à donner dans les adages, disons que ‘Quand çà pourrira, çà dégagera de l’odeur.

‘ Ce qui veut dire qu’à un moment donné, le gouvernement cherchera lui-même la presse pour venir à son secours. Cela ne va pas tarder car la société de chemin de fer connait, depuis une décennie, certaines plaies pourrissantes qui commencent déjà à dégager des miasmes.

C’est ainsi que lors des trois jours de formations des délégués du personne (23-26 novembre 2010) Oumar Cissé, leur porte-parole a évoqué ‘leur résolution à sortir Transrail de cette mauvaise passe.’ En réponse, le DG de la société, Eric Pfeifer a lancé un appel à l’Etat en soutenant que ‘nous sommes toujours en règlement préventif ; une situation qui ne peut plus durer. Par conséquent nous n’avons plus notre avenir en main et pouvons basculer à tout moment vers le meilleur ou vers le pire’. Durant cette même formation, le formateur Mouhamadou Loum, Inspecteur du Travail et de la Sécurité Sociale à Triés, a lancé un couplet que le personnel a adopté comme slogan :

‘Voyons notre planche de salut à nous tous,
Ne reposant que sur l’union sans fard de nous tous,
Sauvons alors à l’unisson notre Transrail,
En le remettant sur les rails’.

L’on voit donc que la société est à coté de la plaque … ou plus exactement du rail. Badara Talla, le DGA de Transrail et coordinateur de toutes les directions techniques, nous en donne du reste un indicateur : ‘ Nous avons du fret à Dakar que nous ne pouvons pas aches miner. Ainsi que le renouvellement d’une partie de la voie et l’augmentation de la capacité de traction et de chargement sont devenus une nécessité. Surtout quand on pense aux minerais de fer de la Falémé, Tienfala,…’.

‘Innombrables soucis et contraintes’
Du coté du Sénégal, c’est le même air qu’on chante.
Ainsi Naffissatou Diouf N’Gom, Ministre des Transports terrestres et Ferroviaires nous a rendu une visite inopinée ici à Transrail, le premier décembre dernier. Au cours de ce déplacement, elle a déclaré qu’elle était ‘choquée de l’état de cette dégradation avancée de la voie et des accidents que cela peuvent causer.’ Il s’agit là (l’état des rails) d’une réalité que tout un chacun peut constater ici à Bamako et comprendre que cela n’est pas innocent dans les nombreux déraillements de trains qui tuent périodiquement au niveau de la Mairie du District.

Dans l’Editorial de la Revue Transrail Actualités, numéro1 nov.-déc.-2010, Eric Pfeifer, le DG évoque la ‘grande pauvreté des moyens’ de la société, ‘un quotidien pénible’ et d’ ‘innombrables soucis et contraintes résultants de la précarité de notre situation financière’. Plus loin il proclame : ‘Chaque aventure humaine connait ses moments de vérité et ce temps est venu pour TRANSRAIL.
Nous sommes arrivés au bout de ce que nous pouvions faire seuls. Il est essentiel que les Etas (Sénégalais et Maliens) soient maintenant en mesure de tenir les engagements plusieurs fois réaffirmés depuis décembre 2007′.

Qui se sent morveux se mouche. Il y a trois semaines, l’Essor, la voix de son maître, l’Etat, a consacré toute une page à Transrail. Après cette parution, le Ministre Boiré s’est envolé à l’étranger pour aller négocier avec les bailleurs de fond ; donc l’article de L’Essor était destiné aux chancelleries et à l’occident et non par souci d’édifier les Maliens. Le mercredi 20 dernier, Radio Mali a passé une interview du même ministre après son retour des pays des PTF.

Au cour de cet entretien, le Boiré a effleuré les difficultés de Transrail. Comme on peut le constater, le proverbe ‘quand çà pourrira, çà sentira ‘ tend-t-il à se justifier.

Et pourtant, Le Matin avait publié dans sa livraison du 3 mars dernier une lettre ouverte d’un cheminot soucieux de sa boîte, Djibril Diallo, que nous avions titrée : ‘Tout ce qu’on a donné aux cheminots, ils ont tout bouffé’. L’intéressé était disposé à profiter de nos colonnes pour éclairer l’opinion par rapport au chemin de fer. Ce fut pour lui un chemin de croix.

En effet, il a été immédiatement sanctionné et sommé de la boucler. Depuis, il a rompu la collaboration naissante avec votre hebdo préféré. Mais ne voilà-t-il pas que moins de deux mois après, l’Etat et la direction de Transrail sont obligés de divulguer le secret jalousement, et surtout anti démocratiquement, gardé, à savoir que la société a des problèmes. Lesquels ? Quelles responsabilités pour l’Etat ? Et Vecturis? Une rencontre importante vient de prendre fin à Dakar et des recommandations sont attendues, comme le messie, de cette concertation.
A suivre donc.
Amadou Tall

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