Avant même les attentats du 11 septembre 2001, les aéroports étaient déjà, après les palais présidentiels, les endroits les mieux sécurisés du monde. Au Mali, il semble que les personnes en charge de la sécurité des aéronefs et des passagers ne l’ont jamais compris. La semaine dernière, il s’est passé un événement qui a donné la chair de poule à tous les passagers embarqués à bord d’un vol d’Air France en partance pour Paris. En effet, un passager a passé tous les contrôles de sécurité et pris place à bord alors qu’il ne détenait pas une carte d’embarquement ! C’est le décompte physique qui a permis au personnel navigant de démasquer l’individu. Une véritable catastrophe !
Le chef d’escale d’Air France, Frédéric de Marti a refusé de se prononcer et le commissaire divisionnaire Soumaïla Touré, chargé de l’aéroport, s’est contenté, joint au téléphone, de dire : « L’enquête suit son cours et je ne me prononcerai pas ! » Air France, appuyé par l’ambassade française, a porté plainte après l’arrestation par le commissaire Touré du suspect. On ne sait pas, pour le moment, la nature des accusations qui pèsent sur l’individu.
Toujours est-il que cet incident est le couronnement d’une culture de la corruption et de laxisme qui fait de Bamako Sénou un aéroport dangereux, sans sécurité. Car la question est simple : Comment un individu qui ne porte pas sa carte d’embarquement a pu passer la barrière de la police de l’air et des frontières (PAF), de Sécuricom (l’entreprise prestataire de service d’Air France en matière sécuritaire) et le contrôle final avant d’embarquer ? La seule réponse logique est la corruption. Il a distribué de l’argent à des complices. Et de cela, on peut déduire que personne ne doit se sentir en sécurité en prenant un vol à Sénou. Avec tous les problèmes que nous vivons avec AQMI dans le Nord, il devient évident qu’un kamikaze terroriste avec 10 ou 20 millions pour soudoyer son monde, peut embarquer dans un vol et le faire exploser.
Il y a eu le scandale des vols de bagages pour lequel Royal Air Maroc demande des comptes à l’ASAM, la société prestataire de service dans ce domaine et qui compte des agents qui ont mis en place un système mafieux de vol des bagages. Ensuite, les préposés au comptoir qui faussent les poids des valises pour empocher de l’argent au risque de mettre l’avion en surcharge. Et la pagaille indescriptible à l’arrivée.
On ne sait pas encore si l’enquête sera sérieuse et permettra de mettre la main sur les complices du passager et de les sanctionner. Mais il est plus que temps que les autorités fassent le ménage dans ce capharnaüm qui est même indigne de l’appellation aéroport. Avant que les pays sérieux n’interdisent sur leur sol tout vol en provenance de Bamako. Ce sera la rançon de la corruption et de l’insouciance.
OPTION
La corruption, le laxisme et l’insouciance ont franchi un nouveau palier à l’aéroport de Bamako Sénou. Et cela permet à un passager d’embarquer sans carte.