Axes routiers inter-ETATS : La corruption routière dans tous ses états

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Contrôles excessifs, paiements de taxes sans reçu, retard sur les routes constituent non seulement des freins à la fluidité du trafic et à la compétitivité de l’économie des pays enclavés, mais aussi des entraves au libre développement de l’activité du transport. C’est ce qui ressort de l’atelier de restitution des premiers résultats de l’Observatoire des pratiques anormales (Opa) sur les axes routiers inter-Etats, tenu à Ouagadougou les 5 et 6 juillet derniers.rn

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Organisé par la Commission de l’Uémoa et la Cédéao ainsi que le Centre pour le commerce en Afrique de l’Ouest, l’atelier de  l’Opa à Ouagadougou a permis à la centaine de participants (experts de la Cédéao, des Etats membres de l’Uémoa et du Ghana, les représentants d’organisations professionnelles de la société civile, du secteur privé et des partenaires au développement) de s’imprégner des dysfonctionnements sur les corridors pilotes ghanéens et togolais en termes de contrôles, de pertes de temps et de perceptions illicites.

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Les constats sont alarmants, car les coûts de transports dans cette sous-région figurent parmi les plus élevés au monde. A ces coûts, supportés par les marchandises, viennent s’ajouter d’autres facteurs limitatifs au nombre desquels les coûts d’exploitation élevés, la dégradation précoce des infrastructures routières, l’état du parc automobile et les pots de vin le long des corridors routiers. Il est également constaté une cascade de procédures et de documents préjudiciables à la fluidité du trafic.

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Ces pratiques anormales ont été souvent décriées et la puissance publique interpellée. Les pays enclavés sont particulièrement défavorisés car le manque d’accès direct à la mer les éloigne davantage du marché mondial. Les mesures prises au niveau décisionnel n’ont pas encore permis d’enrayer le fléau en raison de leur caractère isolé et temporaire.

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Développer la bonne gouvernance

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Pour le commissaire chargé du département de l’aménagement du territoire communautaire Ibrahim Tamponné, la solution à ces problèmes réside dans la capacité des Etats à mettre en œuvre les dispositions législatives, réglementaires et légales appropriées de façon permanente et soutenue. « Quatre contrôles tous les 100 kilomètres et des niveaux de perception qui avoisinent sur certains corridors 80 000 F CFA sur l’ensemble du parcours, voilà la triste réalité que révèlent ces résultats », a-t-il indiqué.

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Abondant dans le même sens, le 1er conseiller de l’ambassade des USA au Burkina a souhaité que les réflexes de bonne gouvernance soient développés dans le secteur des transports routiers afin qu’à l’instar des autres régions du monde, la libre circulation des personnes et des biens soit effective en Afrique de l’Ouest où les coûts de transport restent les plus élevés de par le monde.

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Ainsi, après les exposés sur les premiers résultats de l’Opa et les efforts menés en vue de lever les barrières non tarifaires sur les axes routiers inter-Etats, les participants ont convenu que « seule une action suivie impliquant les gouvernements, les organisations régionales et la société civile permettra de susciter un éveil du public à la problématique de la facilitation des transports et du transit routier Inter-Etats ».

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Des recommandations ont été adressées à la Commission de l’Uémoa et la Cédéao, aux Etats, aux associations professionnelles de transporteurs et aux chargeurs sur les actions à mener dans la perspective de la levée des barrières non tarifaires et de la poursuite des activités de l’Opa.

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Sidiki Y. Dembélé

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(envoyé spécial à Ouaga)

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Ils ont dit…

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M. Otonki (transporteur Lomé) :

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« Il faut 300 000 F CFA pour un camion qui fait le trajet Lomé-Bamako et vice-versa. Les 35 000 F sont pour les frais de Lomé, tout le reste est dépensé entre Ouaga et Bamako. A Koury, il y a un bureau avec cinq personnes. Tant que tu ne donnes pas 5000 F à chacun d’eux, même si tous tes papiers sont en règle, ton camion ne sort pas. A Sikasso également, il y a un policier court qui n’est content que s’il voit les camions togolais. Il nous harcèle. Entre Ouaga et la frontière Lomé, il faut 55 000 F pour un camion vide. Mais où va tout cet argent ? »

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Moussa Diarra (Mali) :

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« Au Mali, nous sommes arrivés à faire signer un document par le chef de l’Etat et à sept ministres pour réduire les barrières non tarifaires. Malgré tout, les barrières n’ont fait que prospérer. Il faut que des mesures soient prises tout en innovant, en considérant par exemple l’espace Uémoa comme un seul Etat avec seulement des postes de sécurité et que les camions circulent librement ».

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Augustin Karanga (expert Uémoa) :

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« Personne n’est opposé au contrôle routier, mais on ne peut pas nous convaincre que 40 contrôles sur un véhicule dans un même corridor est normal. On n’appelle pas ça contrôle, mais c’est du racket ».

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Mali, pays le plus corrompu de la sous-région

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Les résultats des premières enquêtes de l’Observatoire des pratiques anomales (Opa), menés du 26 octobre 2006 au 20 mai 2007, placent notre pays en tête de peloton des pays champions en tracasseries routières. Neuf enquêtes ont été conduites sur le corridor Bamako-Ouagadougou, 255 sur le corridor Tema-Ouagadougou et 31 entre Lomé-Ouagadougou.

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Entre Ouaga et Bamako, on dénombre 24 arrêts, soit 2,6 sur 100 km contre 18 arrêts sur le corridor Lomé-Ouaga. Le Mali vient en 1re position des pays qui extorquent le plus : 51 264 F CFA par camion, soit 12 294 F sur tous les 100 km, contre 186 F par camion pour le Togo et 16 532 F pour le Ghana.

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Sur le retard sur les routes, le Mali occupe l’avant-dernière position avant le Ghana avec 2 h 40 de perte de temps par camion, soit 38 minutes sur 100 km de Koloko à Bamako contre 1 h 54 par camion au Togo. Sur les perceptions illicites, le Mali est également en tête et c’est la police qui est largement épinglée avec 11,49 dollars sur 100 km, suivie de la douane.

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L’enquête révèle que l’administration et la foresterie malienne ne perçoivent presque rien, la gendarmerie et les douanes perçoivent dans une moindre mesure tandis que la police perçoit près de la moitié.

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A la demande de l’Uémoa et de la Cédéao, l’Opa commencera à étendre les enquêtes aux frontières et aux ports et couvrira le corridor Cotonou-Niamey en 2008.

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S. Y. D.

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