Depuis quelque temps, on avait eu échos de la grogne qui sévissait à l’interne, à l’aéroport internationale Bamako- Senou, entre la première responsable de la structure et ses subalternes. Le Mercredi dernier, la colère a atteint son paroxysme, avec la directrice prise en otage et quasiment séquestrée. A ce point, ça devenait inquiétant.
En effet le mercredi 14 décembre restera dans la mémoire collective, par sa particularité, des travailleurs de l’Aéroport de Bamako Sénou. Ils étaient tous sorti pour montrer leur ras le bol et exprimer leur colère, aux yeux du monde des affaires et des décideurs politiques. Ils ont tous, ainsi répondu à l’appel du collectif des femmes de l’aéroport, qui, auparavant, avait organisé quelques mouvements pour que leurs conditions de travail soient améliorées. Mais ces mouvements n’étaient pas de l’ordre à demander la démission d’une quelconque tierce personne.
C’est alors qu’elles ont appris dans la foulée, la mutation de certaines (3 personnes) de leurs collègues, pour avoir réclamé leurs droits. Mais aussi, la ponction de leurs salaires, par retranchement arbitraire, sur le bulletin de salaire de tous ceux qui ont répondu aux mots de grèves, que le syndicat avait convoqué. Et cela a été fait sous l’ordre exprès de la directrice.
Mais la goutte d’eau qui va faire déborder le vase, c’est que les travailleurs ont appris la privatisation de l’aéroport. Chose qui ne peut pas aller sans renvoi de personnel. Cette nouvelle inquiétude se lisait sur tous les visages. Les mots désopilants de la DG à propos du mot d’ordre de grève, ont été rapportés, comme quoi, elle aurait dit en substance ceci : «qu’elles aillent se plaindre où et à qui, elles veulent ; elles sauront bientôt qu’elle n’est pas là par hasard» (Paroles rapportées de la directrice de l’aéroport)
D’après nos informations, la dame en question est l’épouse de l’ancien ministre des petites et moyennes entreprises, Ousmane Thiam, un homme qui vient d’être fraichement nommé, au cours du dernier Conseil des Ministres du mercredi 14 décembre, comme PCA (président du conseil d’administration) de la BDM SA.
Revenons à ce fameux mercredi en question où tous les travailleurs de l’aéroport se sont regroupés à la porte de ladite structure, munis de boites de conserves usagés, des poubelles métalliques et autres ustensiles de fortune, à portée de main et qu’ils utilisaient comme tam-tam, pour dire haut et fort leur mécontentement et leur exaspération. Selon Ami Kanté, présidente du collectif des femmes de l’aéroport «maintenant nous ne voulons rien d’autres que la démission pure et simple de la directrice» ; et elle nous expliquera par la suite, qu’elles ont été reçues la semaine dernière par le président de l’UNTM (union nationale des travailleurs du Mali) Siaka Diakité, à qui elles ont expliqué tous les problèmes et celui-ci leur aurait promis le soutien effectif de la centrale syndicale. Une disposition naturelle qui leur a réconforté dans leur démarche et elles se disent ne pas comptent s’arrêter là ! Surtout que tous les travailleurs de l’aéroport les suivent déjà. Ensemble ils vont continuer à lutter jusqu’à obtenir gain de cause.
Auparavant, on aurait appris que le ministre des équipements et des transports avait fait un tour là-bas, quand il a appris la nouvelle ; et à son retour, il aurait envoyé les agents de sécurité (polices et gendarmes) pour sécuriser l’endroit et délivrer Madame la Directrice.
Nos inquiétudes demeurent les suivantes tout de même : Madame Thiam Aya Diallo a-t-elle des raisons pour se mettre à dos tout le personnel de la structure dont elle gère et se retrouver à couteaux tirés avec son personnel ? Qui la protège ? Est-ce le ministre des équipements et du transport lui-même ? Ou est-ce son très influent conjoint de mari ? Surtout lorsqu’on sait que ce dernier vient d’être promu PCA, pour contrôler d’autres PDG et réduire leur marges de manœuvre sur les entreprises qu’ils gèrent.
Les travailleurs de l’aéroport et le collectif des femmes de l’aéroport ont déjà pris le taureau par les cornes. Mais, jusqu’où seraient- ils capables d’aller quand on sait que beaucoup de couches socioprofessionnelles de notre pays sont entrain de demander la démission de certains responsables : notamment Adama Sangaré par les commerçants et les transporteurs, le ministre de la sécurité intérieure par les policiers et les gendarmes, et le président de la FEMAFOOT par des stadistes fâchés, accolés de leur co- coléreux.
Que dieu nous en garde ! Allah ka bé soutoura !
Issa Kaba