Le personnel local de la compagnie aérienne Air France au Mali (29 personnes) a entamé, hier 11 août 2010, une grève illimitée. L’action entreprise n’a pas entraîné d’annulation de vol mais la satisfaction de la clientèle est mise à rude épreuve.
Plusieurs échanges ont eu lieu entre la direction et les travailleurs mais «il n’y a pas d’évolution», explique Mme Diallo Augustin Sangaré, secrétaire générale du comité syndical, dans un entretien qu’elle nous a accordé hier. Rien ne va plus entre la direction d’Air France et ses employés au Mali. Sur initiative du comité syndical, le personnel de la société a entamé une grève illimitée. Théoriquement les vols de la compagnie ne sont pas annulés mais elle aura difficilement les moyens de pouvoir satisfaire les clients si une issue heureuse n’est pas trouvée dans un bref délai. L’agence est ouverte mais peu opérationnelle. Le bureau des pré-enregistrements aussi.
Quatre points de revendication sont au centre de cette polémique. Il s’agit de la revalorisation des points indiciaires par rapport à l’avancement, l’alignement de l’avancement catégoriel sur le personnel de Dakar, l’augmentation de la prime de panier (repas) et de la prime locale annuelle. En clair, le syndicat demande une régularisation de traitement en terme de primes, d’avancements en catégorie et de congés comparable à leurs homologues du Sénégal.
Discrimination dénoncée
Si à Dakar, l’effectif du personnel local est évalué à 144 personnes, il est en effet d’une trentaine de personne à Bamako. Mais la fréquence des vols reste le même dans les deux pays à savoir un vol par jour durant les sept jours de la semaine. Et curieusement, la différence de traitement entre les ressources humaines dans les deux pays va du simple au double, voire au triple. «Nous sommes sous la tutelle d’une même direction pourquoi cet écart ?» s’interroge la secrétaire générale du comité syndical.
Le syndicat pointe un doigt accusateur sur ce qu’il qualifie de discriminatoire. La prime locale annuelle est de 90 000 Fcfa au Mali contre 400 000 Fcfa au Sénégal. La prime de panier (repas) est de 1 500 Fcfa au Mali contre 4000 Fcfa au Sénégal, précise le syndicat. Dans les avancements, les employés d’Air France au Mali seraient également défavorisés par rapport à leurs homologues du Sénégal. Pire, le personnel au Mali ne bénéficie pas de la prime de 13ème mois, alors qu’à Dakar on parle même d’un 14ème mois.
Les supercheries
La reprise du travail par le personnel malien d’Air France dépend de la satisfaction de ces revendications. Au-delà, le syndicat veut une relecture générale de l’accord d’établissement pour le conformer à celui de leurs homologues à Dakar.
En 2004, les travailleurs ont signé, avec la société, un accord d’établissement qui visait à harmoniser le traitement des ressources humaines au niveau des quatre pays réunis au sein de la direction régionale basée à Dakar. Ces quatre pays sont la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Le comité syndical soutient que la direction des ressources humaines d’Air France avait affirmé et soutenu cette thèse d’harmonisation. Depuis quelques années, le personnel de Bamako dénonce une discrimination dans les traitements et juge la volonté d’harmonisation de la direction de «supercherie». Selon Mme Diallo Augustin Sangaré, il a été constaté des différences inacceptables dans le traitement des employés de Bamako et ceux de Dakar.
Seydou Coulibaly