En grève, depuis le 11 août 2010, le syndicat du personnel local de la compagnie aérienne Air France au Mali est toujours sans concession auprès de la direction de la compagnie.
Quatre points de revendications sont au centre de cette polémique. Il s’agit de la revalorisation des points indiciaires par rapport à l’avancement, l’alignement de l’avancement catégoriel sur le personnel de Dakar, l’augmentation de la prime de panier (repas) et de la prime locale annuelle.
Le comité syndical a tenu, hier 17 août, un point de presse pour évaluer le parcours de la grève. En guise de soutien au personnel l’artiste ivoirien résident à Bamako, Tiken Jah Fakoly, a pris part à ce point de presse où il juge normale la mesure de la grève. Selon lui, il y a une injustice qui mérite d’être réparée. «Franchement ce n’est pas loin de l’esclavage» a t-il souligné.
Il est apparu que les négociations n’ont pu aboutir à un accord. Pour la prime de panier (repas quotidien), la direction propose de porter cette somme de1500 F CFA à 1650 F CFA alors que le syndicat réclame une somme de 4000 F. Pour la prime locale annuelle, la direction a proposé une augmentation de 18 000 F (ce qui fera 108 000 F) alors que le syndicat miserait sur 245 000 F (la moitié de ce que touche le sénégalais). «Nous ne sommes pas d’accord !» s’exclame la secrétaire administrative du comité syndical, Mme Keïta Salimatou Bagayoko. «Nous voulons être payés à juste valeur», lancent les travailleurs.
Pour l’alignement de l’avancement catégoriel sur le personnel de Dakar, il est convenu de traiter ce point dans le cadre de la relecture de l’accord d’entreprise en fin septembre prochain. La revalorisation des points indiciaires par rapport à l’avancement n’a pas fait l’objet d’accord.
En clair, les travailleurs maliens de la compagnie aérienne demandent une régularisation de traitement en terme de primes, d’avancements en catégorie et de congés comparable à leurs homologues du Sénégal.
En 2004, les travailleurs ont signé, avec la société, un accord d’établissement qui visait à harmoniser le traitement des ressources humaines au niveau des quatre pays réunis au sein d’une direction régionale basée à Dakar. Ces quatre pays sont la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Le comité syndical soutient que la direction des ressources humaines d’Air France avait affirmé et soutenu, en son temps, cette thèse d’harmonisation. Mais le personnel de Bamako a découvert une différence de traitement, depuis quelques années, et dénonce la discrimination. Il vise donc la relecture générale de cet accord d’établissement
Le personnel de Dakar bénéficie d’une prime de 14ème mois et les Maliens se contentent seulement d’un 13ème mois.
«Je suis complètement indigné. Pourquoi traiter certains d’élites et traiter d’autres d’esclaves ?» s’insurge Mme Fatou Konaré, une cliente de la compagnie Air France.
L’action entreprise n’a pas entraîné d’annulation de vol mais la société reconnaît un «service altéré au sein de son agence» et des «retards» de vols.
Seydou Coulibaly