L’objectif de cette rencontre était de s’enquérir des dernières évolutions et de l’état de santé de Transrail –Sa. Des propositions de solutions ont été préconisées, afin que les emplois soient pérennisés, sauvegardés et pour que l’activité ferroviaire connaisse un dénouement heureux. Il a été entendu la mise en œuvre effective du schéma institutionnel et la création d’une période transitoire.
Les cheminots étaient fortement mobilisés qui, avec d’autres invités de marque, ont répondu favorablement à l’appel du syndicat à cette énième assemblée générale.
En réalité, les autorités maliennes doivent avoir le sens de la responsabilité. Car ce sont toujours les autorités sénégalaises qui ont le dernier mot sur toutes les questions concernant les rails. Pour preuve, la concession intégrale de la régie du chemin de fer du Mali et celle du Sénégal a été décidée, en ce qui concerne l’option de concession intégrale, par Me Abdoulaye Wade lorsqu’il était président de la République du Sénégal. A l’époque, Amadou Toumani Touré, qui était président de la République du Mali, a laissé le soin à son homologue sénégalais de piloter le dossier de concession jusqu’à la conclusion.
Maintenant, nous assistons avec impuissance au fait que les grandes décisions dans le domaine ferroviaire sont prises par la partie sénégalaise. Des décisions qui peuvent entraîner la mort de l’entreprise sont prises au Sénégal.
Le Mali n’a voté aucun franc CFA pour Transrail au titre du budget 2015. Cela prouve à suffisance la mauvaise volonté de la part des plus hautes autorités du pays de sortir du trou ce secteur vital.
L’absence de train immobilise les populations riveraines et entraine des conséquences terribles. Les pertes en vies humaines sont souvent enregistrées, faute de train.
Pourtant, le chemin de fer à lui seul peut développer le Mali à travers une bonne politique ferroviaire. Les cadres compétents existent déjà au sein de l’entreprise. Mais les plus hautes autorités ne se préoccupent pas de cette société. Aucun décaissement de la part de nos autorités dans ce secteur depuis quelques années. Or, si l’on ne finance pas d’ici quelques mois, l’entreprise va s’arrêter et ne survivra pas, faute de financement.
Les autorités maliennes sont entrain de négliger cet outil international de référence. Aucun investissement n’a été réalisé sur les voies ferrées depuis la concession en octobre 2003.
Le secrétaire général de la section syndicale unique, UNTM- Transrail est monté au créneau pour battre en brèche les rumeurs d’une éventuelle privatisation de la régie du chemin de fer. Abdoulaye Berthé a dénoncé avec la plus belle manière les tractations en cours visant à soumettre une deuxième fois un plan machiavélique de privatisation en gestation. Il a rappelé à ses camarades cheminots l’échec de la concession constaté par les différentes parties, à savoir les deux Etats (Sénégal et Mali), l’autorité concédante, le concessionnaire et des bailleurs de fonds.
A cause de ce constat d’échec de la concession, à l’issue d’une rencontre tenue à Dakar dans la capitale sénégalaise le 12 mai 2010, il a été attesté de l’impérieuse nécessité de la mise en place d’un nouveau schéma institutionnel. Ce nouvel outil consistera en la mise en place des sociétés de patrimoine (l’une au Mali et l’autre au Sénégal), d’une société d’exploitation et d’un organe de régulation ou autorité de régulation. « Nous sommes au regret de constater que cela fait 5ans, 6 mois et quelques jours, qu’aucune avancée significative n’est perceptible, malgré les mesures arrêtées par la réunion entre le ministre sénégalais des Infrastructures, des Transports Terrestres Mansour Elimane Kane et son homologue malien en charge de l’Equipement, des Transports et du Désenclavement, Mamadou Hachim et le Groupe Advens représenté par son président Abbas Jaber, tenue à Bamako, Azalai Grand Hôtel, du 16 décembre 2014.
Faut-il le rappeler ? Le seul point inscrit à l’ordre du jour portait sur la mise en œuvre du nouveau schéma institutionnel. Les parties ont convenu ce qui suit :
- La mise en place du schéma institutionnel retenu par les deux Etats le 12 mai 2010, à savoir la création des sociétés de patrimoine, d’une société d’exploitation et d’une autorité de régulation. Les experts des deux Etats travailleront en collaboration, au besoin, avec tous les actionnaires de la concession pour la mise en œuvre de cet accord et en déterminant les modalités ;
- La mise en œuvre de cette résolution avant la fin du 1er trimestre 2015.
Les Etats reconnaissent tous les efforts fournis par le Groupe Advens pour continuer l’exploitation au moment où tous les autres étaient sortis.
Le secrétaire général a félicité le ministre Mamadou H. Koumaré en charge de l’Equipement, des transports et du désenclavement. Il y a eu des rencontres entre le Mali et le Sénégal, en vue de trouver des solutions idoines permettant la mise en œuvre d’un schéma institutionnel. Mais jusqu’à présent, il y a un blocage notoire, a-t-il regretté. « Notre pays est sous une pression politique des autorités sénégalaises qui préconisent le départ dans l’immédiat de l’actionnaire de référence comme le point de départ. C’est créer un vide. Les cheminots maliens ne sont pas d’accord à aller vers l’inconnu », a-t-il justifié.
Les professionnels des rails ont signalé qu’ils tiennent vaille que vaille à l’ouverture d’une période transitoire pour assurer la pérennité de milliers d’emplois, sauvegarder l’activité ferroviaire et accorder à l’actionnaire de référence un délai de 4 ans lui permettant d’amortir les investissements qu’il aura réalisés. Il s’agit en outre de laisser cet actionnaire financer les besoins immédiats de réhabilitation du matériel roulant. L’aménagement d’un cadre approprié devra permettre aux deux pays et à l’actionnaire de mettre en œuvre le schéma institutionnel.
A l’en croire, pendant cette période transitoire, l’actionnaire de référence sera maintenu avec son opérateur et les deux Etats vont s’occuper des parties les plus dégradées de la voie ferrée, avant la réhabilitation du chemin de fer. Depuis 2007, l’actionnaire de référence a accepté de rester, pendant que les autres ont fui.
Selon Berthé, les autorités maliennes doivent comprendre que Transrail est un symbole de notre souveraineté nationale. Et le problème de Transrail n’est pas seulement un problème de chemin de fer, mais aussi un problème de défense nationale, car le chemin de fer fait partie de la politique de défense nationale.
Berthé a invité ses camarades cheminots à l’unité et à la mobilisation.
Quant au secrétaire général-adjoint Modibo Fofana, il a affirmé qu’il y a une véritable conspiration en vue. Il a ajouté que notre pays doit tenir compte des propositions des partenaires sociaux.
Cette assemblée générale a été capitale pour les cheminots maliens, car ils savaient que la sortie de crise de cette entreprise dépendait de la mise en œuvre du schéma institutionnel, ainsi que de la période transitoire dont la gestion devait être maintenue par l’actionnaire de référence.
Mamadou Sissoko