Les travailleurs des Aéroports du Mali, regroupés dans le comité syndical UNTM Aéroports du Mali, sont remontés contre les autorités de la transition, notamment contre Abdoulaye Koumaré, ministre de l’équipement et du transport. Opposés de longue date à toute idée de concession de l’aéroport de Bamako-Sénou, ils viennent de surprendre le ministre de l’équipement et des transports qui ne cache plus sa volonté de relancer le projet de mise en concession de l’aéroport international de Bamako-Sénou. Opposés à leur ministre, les travailleurs fourbissent leurs armes et cela annonce une bataille épique.
« Connaissant les rapports actuels entre le Mali et la France, donner en concession l’aéroport de Bamako-Sénou à une entreprise française qui a échoué à Libreville au Gabon et à Abidjan en Côte d’Ivoire, qui n’investie qu’après avoir exploité pendant une bonne période l’aéroport concédé et qui licenciera la majeure partie du personnel national, relève d’une volonté manifeste de la part du gouvernement de transition de créer des problèmes au futur gouvernement ».
C’est en ces termes que Malick Sy, secrétaire général du Comité syndical UNTM des Aéroports du Mali, s’est exprimé dans une lettre, en date du 7 Août 2013, adressée au ministre de l’équipement et des transports.
Suite à cette lettre, le Comite syndical UNTM de l’aéroport du Mali a animé une conférence de presse pour dénoncer le ministre de l’équipement et des transports. « Contrairement à son engagement lors de ses prises de contacts quand il est arrivé à la tête du département, le ministre nous a surpris avec une correspondance qu’il vient d’adresser à Christian Rognone, Président directeur général de SEGAP, mandataire du Groupement SEGAP/Egis Projects, à propos du projet de mise en concession de l’Aéroport International de Bamako-Sénou », a-t-il déclaré.
En effet dans une correspondance en date du 18 juillet 2013, Abdoulaye Koumaré, ministre de l’équipement et des transports, en réponse à une correspondance de Christian Rognone, Président Directeur général de SEGAP, mandataire du Groupement SEGAP/Egis Projects, a écrit « subsidiairement a ma lettre N° 000560/MET-SG du 07 mai 2013, je tiens à vous informer que la situation actuelle est favorable à la reprise du processus de mise en concession de l’Aéroport de Bamako-Sénou ».
Selon lui, « la reprise de la coopération Technique et Financière avec l’ensemble des partenaires traditionnels, ‘’la conférence pour la relance économique durable du Mali’’ tenue à Bruxelles le 15 mai 2013 et l’Arrêt N° 040 du 23 février 2012 de la section administrative de la Cour Suprême du Mali sont les facteurs déclencheurs du processus ».
Pourquoi le ministre veut se dédire ?
Cette lettre du ministre de l’équipement et des transports, est venue mettre le feu à la poudre. On se souvient que tout juste avant le coup d’Etat du 22 mars 2013, le Comité syndical UNTM des Aéroports du Mali était à couteau tiré avec le ministre Hamed Diane Semega, à propos du dossier du projet de mise en concession de l’aéroport international de Bamako-Sénou. Les responsables du syndicat des travailleurs, sont aujourd’hui très remontés contre l’actuel ministre. Selon eux, le 10 janvier 2013, lors d’une visite dans la salle de conférence des Aéroports du Mali a Bamako-Sénou, le ministre avait clairement indiqué que « la transition à pour mission la récupération des zones occupées et l’organisation des élections.
Il n’est pas question et n’en sera jamais de ma part de parler de la mise en concession de notre principal aéroport de la capitale. Le Mali est un Etat souverain et nul ne peut nous imposer quoique se soit. Je m’opposerai à toute forme de privatisation de notre principal aéroport ». Donc, aujourd’hui, les travailleurs sont surpris que ce soit le même ministre qui écrive pour rappeler à la société française qui souhaite s’emparer de l’Aéroport que « la situation actuelle est favorable à la reprise du processus de mise en concession de l’aéroport de Bamako-Sénou ».
Aujourd’hui, les travailleurs de Bamako-Sénou, n’arrivent pas à s’expliquer l’acharnement du gouvernement malien à vouloir coûte que coûte privatiser l’aéroport. Selon Cheick Oumar Tall, un responsable du Comité syndical UNTM des Aéroports du Mali, d’habitude on utilisé la technique de la concession pour pallier à des difficultés de gestion ou d’infrastructures. « Dans le cas du Mali, l’aéroport de Bamako-Sénou n’a ni un problème de gestion, ni un problème d’investissement, encore moins un problème d’infrastructure », a-t-il indiqué.
Avant de révéler qu’au cours des six dernières années, les aéroports du Mali ont connu une large progression de l’ensemble des ses agrégats financiers dû aux nouvelles orientations amorcées depuis 2006. Selon lui, le chiffre d’affaire est passé de 4 607 859 131 FCFA en 2007 à 8 267 836 399 FCFA en 2010, pour atteindre les 8 622 651 922 FCFA en 2011, soit une augmentation de 87%. « En 2012, malgré la crise sociopolitique et sécuritaire qui a entrainé la fermeture des Aéroports du nord, la motivation des travailleurs est resté intact et le chiffre d’affaire a été de 7 211 087 964 FCA », a-t-il déclaré.
Sur la base de ces chiffres qui montrent la bonne santé financière des aéroports du Mali, l’on peut aujourd’hui se demander pour quoi les autorités veulent concéder cet outil de souveraineté ? Est-ce que cette farouche volonté de nos autorités qui tiennent à la concession de l’aéroport, ne serait pas motivée par des intérêts inavoués ? En tout cas, c’est ce que pensent les travailleurs réunis dans le comité syndical UNTM.
Assane Koné
le recrutement de la plupart du personnel actuel de l’aéroport a été fait à la tête du client donc incompetent ce qui fait craindre un licenciement avec l’arrivée d’un opérateur privé. Ce syndicat a beau resister cette concession finira par ce faire telle est la règle appliquée dans d’autres pays africains et le Mali ne fera pas exception.
Justicier, tu ne comprends rien de l’enjeu de cette concession. Ce n’est pas une question de recrutement du personnel, ce que tu ne sais pas, la plupart des sociétés occidentales en Afrique font les mêmes types de recrutement et même pire par exemple au Mali nous avons encore en souvenir ces pratiques : orange mali, transrail, presque la totalité des sociétés minières occidentales au Mali…
Cette question du recrutement personnel incompetent est un faux débat. Et mieux c’est ce personnel “incompétent” comme tu le dis, qui a multiplié voire triplé le chiffre d’affaires des aéroports. Ce n’est pas parce que les autres pays africains font des bestises que nous devons reproduire les mêmes betises. La concession des aéroports du mali ne se justifie sur aucun plan : ni politique, ni économique, ni social, ni éthique, rien, c’est tout simplement une grosse betise avec des conséquences incalculables.
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