Rien ne va plus entre l’Association Malienne des Expulsés et l’agence de sécurité SECURICOM qui a en charge le contrôler à l’embarcation des pièces de tous les passagers en direction d’Europe. A l’origine du différent, le refus d’embarquement de Mahamadou Keïta, secrétaire général de l’AME et de Patrice Zinahad Boukar, de l’Association des rapatriés d’Afrique Centrale(Aracem) au vol Bamako-Bruxelles via Lisbonne le 19 mars 2013.
Au cours d’une conférence de presse animée à son siège à Djéliboubougou (Bamako) l’AME a dénoncé ce qu’elle considère comme des actes de zèle des agents de Sécuricom à l’aéroport Internationale de Bamako Sénou et réclame le remboursement de 1390, soit environ 917 400 F CFA, que les agents de la dite agence les ont obligé à perdre au cours de ce voyage : la valeur deux billets d’avion en aller et retour Bamako-Bruxelles. Par ailleurs, l’AME selon son président Ousmane Diarra entend porter plainte contre la société Sécuricom avec le soutien d’un groupe d’avocats membres du réseau international Migreurop pour incompétence et zèle des agents.
Les faits
Le 20 mars 2013, dans le cadre du lancement à Bruxelles de la campagne Frontexit, initiée par les membres du réseau Migreurop et ses partenaires, deux représentants d’associations maliennes ont fait les frais du contrôle délocalisé des frontières européennes et de l’arbitraire d’entreprises privées promues garde-frontières. Sécuricom est l’une des nombreuses agences de sécurité auxquelles les compagnies aériennes sous-traitent les contrôles documentaires avant l’enregistrement et l’embarquement des passagers à destination des pays européens.
Le but étant d’échapper aux amendes infligées par les Etats aux transporteurs en cas de refus d’admission d’un passager sur le territoire. Suivi de l’obligation du rapatriement de ce dernier par la compagnie. Cette privatisation du contrôle migratoire, normalement dévolu aux policiers des frontières, confie aux entreprises de sécurité un pouvoir de décision très étendu et peu encadré, engendrant tout à la fois profits, violation des droits et situations absurdes.
A en croire le président de l’AME, Ousamane Diarra, malgré des documents parfaitement en règle, Securicom à Bamako décrète le 19 mars que les visas apposés sur les passeports de ses collègues maliens sont falsifiés pour les refuser l’accès au vol Bamako-Bruxelles via Lisbonne. Dès le lendemain, après avoir dû racheter un billet d’avion, et munis d’un certificat d’authenticité du visa délivré par les autorités néerlandaise, ils embarquent enfin sur le vol Bamako-Bruxelles via Abidjan. Mais, lors de l’escale en Côte d’Ivoire, là encore, Securicom veille.
En dépit du bon sens de l’arithmétique, elle décide que la date de leurs vols retours est (les 4 et 6 avril 2013) dépasse la durée de validité du visa (14 avril 2013) et qu’il leur faut donc réserver un nouveau billet retour pour être en règle et entrer sur le territoire belge. Securicom à Abidjan leur réserve alors d’office deux nouveaux billets retours pour le 30 mars de Bruxelles à Abidjan. « Quid de retourner sur Bamako ? », s’interroge M. Diarra. Selon ses propos, le zèle outrancier de Securicom aura ainsi permis à ses collègues d’arriver à destination au terme de 31 heures de voyage et après l’achat de deux billets aller retour par personne.
Pour toutes ces raisons, l’AME demande, d’une part, le remboursement des frais supplémentaires engagés, c’est-à-dire le remboursement des deux billets acheté en sus le 19 mars 2013 d’un montant de 2759 euros. Les membres du réseau Migreurop se disent, une fois de plus, scandalisés par ces pratiques arbitraires et suspicion à l’égard de citoyens des pays du sud. «Nous nous indignons des conséquences des politiques européennes qui entravent la liberté d’aller et venir. Nous dénonçons l’externalisation des contrôles des frontières hors de l’Union européenne et de leur privatisation qui font obstacle aux rencontres entre citoyens du Nord et du Sud de la Méditerranée », s’indignent les membres de Migreurop.
Abdoulaye Ouattara
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