ACCIDENT DE LA ROUTE : 15 MORTS A SAN – Récupération politique funeste à Bamako

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Après les points macabres engrangés par les autorités de la République du Mali après le passage de la grande faucheuse sur la route Bamako-Gao, au lendemain de la célébration de notre accession à la liberté, la récupération politique funèbre poursuit son petit bonhomme de chemin. La dernière en date est survenue la semaine dernière après la mort tragique de quinze étudiants et élèves sur le même tristement célèbre axe routier.

Entre l’accident enregistré dans la nuit du 23 au 24 septembre et celui du 7 au 8 octobre 2006, combien de personnes ont rendu leur âme à Dieu sur les routes du Mali. Les statistiques sont disponibles à la direction de la protection civile. Mais, les politiques qui prennent un vilain plaisir à prier sur la dépouille des victimes de catastrophes flagrantes l’ignorent royalement en donnant à ses sinistres des allures politiques. Ils ignorent à dessein que les accidents font partie intégrante de la vie. Naturellement, un accident surprend toujours. Tous les jours que Dieu fait, une catastrophe routière, entre autres, emporte au moins une vie humaine au Mali.

Qu’il s’agisse d’un ou de plusieurs morts sur la route, les politiques doivent savoir raison garder. Pour la bonne et simple raison qu’ils ne peuvent pas passer tout leur temps à prosterner pour le repos éternel des victimes de catastrophes pour toucher la corde sensible des électeurs. Ont-ils prié sur la carapace calcinée du gardien de la salle de spectacles Massa Makan Diabaté de Kayes ? Qui disait que des accidents de la circulation plus graves que ceux qui viennent de faire 50 morts en une quinzaine sont passés presque inaperçus dans notre pays ? A nouveau, les langues fourchues crachent du venin sur ce second deuil officiel circonstanciel.

Après la mort des jeunes du Mouvement citoyen, des familles ont enterré leur mort sans que cela n’émeuve outre mesure la nation. Avant la mort tragique des 15 vacanciers, des familles ont pleuré leurs disparus sans les politiques. Après cette seconde tragédie, des familles pleurent leurs morts sans les chasseurs de voix.

Faut-il rappeler qu’il y ait mort d’homme tragique ou naturelle, c’est le cadet des soucis des hommes politiques tant que le fait passe inaperçu. Faut-il rappeler, enfin, une fois de plus, que le politique, de quelque bord qu’il picore, ne verse que larmes de crocodiles pour «plaire» à de potentiels porteurs de voix ?

S’agissant de la relève du Mouvement citoyen perdue à jamais sur la route de Bamako-Gao, pour ATT, tout comme les autres politiciens, intègres, douteux ou véreux, il ne saurait s’agir de gagne points funestes. Bien qu’il en avait tout l’air ! Mais, à propos des 15 étudiants et élèves, il s’agit bien sûr de récupération politique.

Au rythme où se produit les accidents de la route, les politiques finiront, à coup sûr, par troquer les oraisons funèbres en discours politiques, les mariages et les baptêmes en meeting.

Dans quelle mesure le deuil, d’une ou de plusieurs personnes, doit-il prendre un caractère religieux, officiel, voire national ? A la police, à la gendarmerie et au camp militaire, on sait au moins faire la part des choses. Le président de la République, Amadou Toumani Touré, le bien nommé chef suprême des hommes de tenue, ne peut pas apporter la preuve du contraire. Se laissera-t-il berner par d’éternels suppôts doublés de tireurs de marrons sur n’importe quel feu ? En tout cas, ATT ne pourra jamais nier, même pour se dédouaner, que pendant sa formation et durant sa carrière militaire, qu’il ne connaît pas le sens qu’il faut donner à un deuil.

Les hommes de tenue enterrent depuis la nuit des temps leurs morts, officiellement ou religieusement, sans tambour ni trompette.
Le grand silence ne rime pas avec politique.

J. BATHILY

Post scriptum : La route qui vient d’enregistrer en l’espace de deux semaines 50 morts avec seulement deux collisions, continuera sans doute de faire parler d’elle. Que le Tout-Puissant nous en préserve ! Cette longue route-là –le Mali en compte d’ailleurs à la pelle eu égard à sa superficie et l’éloignement des capitales régionales- cet axe donc n’est pas en soi en piteux état. C’est plutôt sa largeur qui pose un sérieux problème. Sans compter l’absence de panneaux de signalisation, etc.

La dimension de la route Bamako-Mopti, pour ne prendre qu’en considération que cette partie du réseau routier national, permet, à peine, à deux véhicules de se croiser. Cependant, compte tenu de sa fréquentation par les véhicules de transport en commun, notamment le bus et les gros porteurs, il est temps de l’agrandir. C’est la première mesure qu’il faut envisager avant de rappeler à l’ordre les transporteurs. Quant on ait qu’il est inadmissible qu’une seule personne parcoure d’un trait plus de mille kilomètres. C’est dire que l’autorité doit imposer aux transporteurs long courrier de créer des postes relais. Afin que le chauffeur en ligne prenne du repos à partir d’une certaine distance. Tandis qu’un autre pilote plus frais poursuit tranquillement le voyage pour éviter ainsi les assoupissement au volant. Les ministres en charge du transport en commun et du réseau routier ont du pain sur la planche. Ils ne doivent jamais oublier que la sécurité n’a pas de prix.

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