Le tourisme est un facteur de développement et d’intégration. Mais, le Mali classé dans la «zone rouge» par la Communauté internationale, fera bientôt les frais. Preuve que son tourisme contribuait au développement économique et social. On se souvient encore que la France avait interdit ses ressortissants de se rendre dans les zones nord du Mali. Désormais, avec l’enlèvement et l’assassinat la semaine dernière de quatre Européens, la messe est bien dite. Tous les touristes ont été rapatriés et il serait difficile de les convaincre de revenir au Mali connu pourtant par sa célèbre «Djatiguiya».
Au Musée du Quai Branly à Paris, le président Amadou Toumani avait fait un plaidoyer en faveur de la relance de l’activité touristique au Mali. Ce jour là, rien ne prédisposait le citoyen lambda qui aura tendu une ouïe attentive au discours présidentiel, à se soumettre à des éventuelles funérailles touristiques. Et sitôt revenu, le Président de la République avait convoqué en toute urgence, une réunion extraordinaire du Comité de Défense nationale pour adopter une série de mesures visant à sécuriser davantage les sites touristiques et les axes routiers du pays. Mais, les derniers événements de Hombori et de Tombouctou viennent de mettre à l’eau les efforts d’ATT.
En effet, le tourisme malien vient de prendre un coup dur avec la «semaine noire» qu’ont connue les touristes européens au Nord-Mali, ceux-ci ayant décidé d’abandonner définitivement les lieux. Et il faut leur donner peut-être raison, au regard des films westerns dans lesquels leurs compatriotes ou compagnons ont été enlevés et un Allemand tué. Les faits.
Jeudi dernier, 24 novembre 2011 aux environs de 1H, deux Français ont été enlevés par des bandits armés à Hombori, une localité située à 400 kilomètres de Tombouctou. Et comme si cela ne suffisait pas, le lendemain, vendredi 25 novembre 2011, à l’heure de la grande prière, trois autres touristes d’origine suédoise sont enlevés à l’Auberge Lafia au nord-ouest de Tombouctou. Il s’agit de Gustafsson Nils Jahan Victor (26 ans), Rijke Jacobus Quirinus (51 ans) et Gown Stephen Malcom (36 ans). L’Allemand qui tentait de résister à son enlèvement, a été abattu à bout portant. Cette double triste opération des bandits armés a eu pour conséquence le regroupement de tous les touristes qui séjournaient à Tombouctou et leur rapatriement, illico presto, samedi dernier.
Les espoirs assassinés à Tombouctou
Tombouctou, la Ville des 333 Saints, a une réputation mondiale. Elle était la destination la plus prisée par les touristes occidentaux. De ce fait, le tourisme était une source de revenus très importante (plus de 50%) pour les populations locales, lesquelles rivalisaient d’ardeur pour «vendre la destination Mali». Aujourd’hui, avec le départ de tous ces touristes, les Tombouctouciennes et Tombouctouciens n’ont que leurs yeux pour pleurer. Et cela par la faute d’un groupuscule qui sème la terreur dans toute la région.
L’image du Mali ternie
Aucun Malien, sauf s’il n’est pas patriote, ne peut dire que le départ des touristes n’est que l’affaire des populations de Tombouctou. Ce serait être très mal intentionné. Tombouctou fait partie intégrante de la République du Mali. De ce fait, le tort que viennent de lui causer ces bandits armés, est celui du Mali tout entier. Surtout quand on sait que cette région qui fait la fierté de notre pays, apporte beaucoup à l’économie nationale, notamment dans le secteur touristique et artisanal. Autant dire que le Ministère de l’Artisanat et du Tourisme a du pain sur la planche. Comment faire pour convaincre une fois encore les touristes étrangers à revenir au Nord-Mali, particulièrement à Tombouctou ? Une équation difficile à résoudre puisqu’elle passe nécessairement par l’éradication des différents groupes armés qui y ont élu domicile et qui considèrent le Nord-Mali comme un «No man’s land». Sur ce dernier point, il faut désormais des actions bien musclées de la part du Gouvernement malien.
Bruno LOMA